1 déc. 2017



" Millénium 4 : Ce qui ne me tue pas "   de David Lagercrantz   15/20

      Par l’intermédiaire de David Lagercrantz, c'est une immense joie de pouvoir lire enfin la suite de la saga "Millénium" créée par feu Stig Larsen. Pouvoir enfin retrouver Stockholm et son hackeuse de génie, doublée d'une justicière impitoyable n’obéissant qu'à ses propres règles : Lisbeth Salander. Idem pour ce journaliste d'investigation, Mickael Blomkvist, ce reporter de la vieille école, persuadé qu'il peut rendre le monde meilleur grâce à la pertinence de ses articles.

      La barre était très haute pour David Lagercrantz, pensez donc : reprendre le flambeau "Millénium", cet énorme succès mondial, hissé fort haut dans la hiérarchie des thrillers. Le risque de se planter était immense, cependant, le contrat est honoré dans ces grandes largeurs, même si j'ai quelques réserves.

      Surtout ne comptez pas sur moi pour vous raconter le début de l'histoire, ce serait gâcher stupidement votre plaisir. Sachez cependant que le thème principal tourne autour de l'espionnage industriel à grande l'échelle mis en oeuvre par certaines sociétés pour acquérir des renseignements (souvent top secrets) via le réseau informatique. Dès lors, sous prétexte de sécurité, ces entreprises mettent en place une surveillance active intrusive, avec naturellement des profits mirifiques à la clef, bien au-delà de toute morale. Chantages et petits arrangements de circonstance entre "amis" se déploient alors allègrement sur l'échiquier mondial avide d’intérêts. Qui a parlé de la NSA ?
      Dans ce quatrième tome on y trouve pêle-mêle : un chercheur, génie de l'intelligence artificielle, un jeune enfant autiste aux talents insoupçonnés, le top niveau des hackers, une très belle femme aussi dangereuse que séduisante, des espions russes, etc...

       Ce thriller est habilement construit, il se laisse lire sans déplaisir, l'intrigue donne une folle envie d'avancer, le suspens assaisonne plaisamment l'ensemble, l'écriture est dans la ligne droite de son prédécesseur : intelligente, sérieuse, éclairée et pertinente. Le plaisir de lecture est là, le style est respecté. En résumé, la recette est plutôt réussie, même si la montée en température se fait attendre. La deuxième partie fonctionne mieux avec l'apparition d'un personnage fortement lié à l’héroïne, même s'il s'avère être une sorte d'anti-Lisbeth !

      Une surabondance de personnages se croise sous nos yeux. Multipliant tant de développements qu'ils stérilisent l'action et les rebondissements, raccourcissant d'autant la présence de nos deux protagonistes préférés Mikael et Lisbeth, au point de ne voir apparaître celle-ci qu'autour de la page 100 !
      Un découpage systématique et hystérique des scènes d'actions rend leur lecture pénible voire insupportable. Vouloir créer un suspens, on peut le comprendre, mais ciseler autant ces moments où enfin le physique l'emporte fait naître une sévère frustration. 
      L'intrigue, séduisante au début, finit par atteindre une complexité qui m'a perturbé, néanmoins l'essentiel est de saisir l'idée générale de cette gigantesque toile d'araignée informatique, qui, sous l'excuse fallacieuse de notre propre sécurité, nous espionne gaillardement.

      David Lagercrantz s'en sort honorablement, le cahier des charges est rempli dans son ensemble, néanmoins, ce quatrième opus n'a pas la puissance du premier, ni le rythme du deuxième et la folie du troisième. Certains lecteurs me trouveront peut-être trop rigoriste et exigeant... sinon bourru ! Cependant, le niveau qu'avait atteint Stig Larsson frôlait l'excellence, alors que voulez-vous ? On s'habitue !



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