25 mai 2019
23 mai 2019
Visions fugitives du jardin printanier.
Partie 2
Toute la fragilité d'une fleur de lierre.
Cardamine en éveil !
En recherche de soleil, l'abysse blanche.
Rescapée du gel, la glycine.
La discrète rose orange.
Juste de passage...
Tout premiers coquelicots !
L'incontournable iris.
Sous l'ombrage, les clématites.
L'éclatante sauge coccinelle.
Ça pendouille toujours avec les fleurs de glycine.
Explosion de marguerites.
Entre le paillage, les timides radis !
Le hiératique et peu connu chou kale
Coucher de soleil en cardamine.
Blette, poirée ou carde... que de noms pour la belle de mai !
Rose jaune... et ce parfum !
Monsieur et Madame gazania !
Quand la ciboulette se fait fleur.
Un bouquet de pivoines comme au revoir !
20 mai 2019
HAÏKU Partie CXXVI
°°°°°°°°°
au printemps
tout est douceur
même les jeunes orties
gardiennes du pré
elles n'épargnent personne
les orties
picotement avant
doux velouté après
la soupe d'orties
ce talus sauvage
de ronces et d'orties
de ronces et d'orties
et aucun ennemi
douce comme une caresse
plus sympa que sa soeur
l'ortie blanche
14 mai 2019
Par la magie de ce livre le mot " Europe ", si galvaudé ici ou là, reprend son vrai sens, une tangible logique et un beau dessein. Victor Hugo en serait fier, lui qui prônait la construction des Etats-unis d'Europe, pas uniquement une fédération basée sur l'économie, mais surtout sur la reconnaissance de tous les peuples à vivre dans l'harmonie, si riches de leurs différences.
Emmanuel Ruben et son ami Vlad, deux redoutables mordus du vélo, décident de remonter le cours du Danube en bicyclette et en 48 jours. Soit 4000 kilomètres d'une folle odyssée ! Ce défi, outre le côté sportif, se rehausse d'une réflexion sur toutes les migrations qui octroient, depuis la nuit des temps, un ensemencement culturel et régénérateur à l'Europe de l'ouest. L'auteur tisse des ponts, non pas sur le Danube, mais entre la grande Histoire et les peuples, entre la politique et les traditions des différentes régions du gigantesque bassin danubien. Qu'importe le fleuve en lui-même, ce sont les habitants qui nous intéressent, ce sont toutes ces vies minuscules qui s’égrènent sur les rives, toutes ces vies vécues là, sous le soleil implacable de la steppe, où le temps coule à rebours de la marche terrestre.
A contre-courant, ce "livre-fleuve" nous entraîne d'Odessa à Strasbourg, en passant par Bucarest, Vukovar, Budapest, Bratislava, Vienne, etc. Nous pédalons avec l'auteur au travers du confus et versatile delta du Danube, parmi les chaudes steppes ukrainiennes, entre les vestiges de la Roumanie de Ceausescu, sous le cagnard du désertique territoire bulgare, parmi les cimetières de Serbie, jusqu'au barbelés inhumains de la frontière hongroise.
En faisant le choix de parcourir les rives du fleuve à rebrousse-poil, dans le sens des migrations, c'est toute la complexité de l'histoire de l'Europe, depuis l'empire romain, qui se dresse sur le chemin de nos deux cyclistes. Dans l'enchevêtrement des civilisations déchues et dans l'imbroglio d'innombrables peuples, des rencontres fortuites se multiplient, proposant un éventail de vies où il sourd des portraits bouleversants et émouvants. Nous pédalons vers les sources du fleuve et de la nuit, car si nous avons entrepris ce voyage, ce n'est pas pour satisfaire un très vieux désir d'Orient mais pour réécrire l'Europe sur ses frontières, ausculter son coeur détraqué, exorciser ses démons.
Avec ravissement et euphorie, nous suivons les vicissitudes de nos deux forçats de la route, bravant la pluie, le vent, l'orage, la canicule et les redoutables camions, fonçant à tombeau ouvert sur les routes défoncées et rasant de très près nos deux fadas de la petite reine. Une vraie épopée moderne... mais sur deux roues !
De cette aventure cycliste dépaysante, instructive et non dénuée d'humour, il me reste tant et tant d'images en tête, comment en choisir une ? Peut-être celle, sublimée par la plume de l'auteur, où, en plein cagnard du mois de juillet, alors qu'en Ukraine les moissonneuses-batteuses tournent sans interruption, à quelques centaines de kilomètres de là, près du village de Corvin en Roumanie, des hommes et des femmes fauchent le blé à la main. Scène mythologique ou rituel ancestral, les faux sont à l'oeuvre, maniées, tel un métronome, par l'auguste geste des faucheurs ; les lames scintillent au soleil, plus loin, la charrette attend son chargement de gerbes d'or. Comment résister à la beauté de ce spectacle médiéval ? Toute une tradition, toujours d'actualité à l'Est de notre chère Europe.
L'écriture d'Emmanuel Ruben est un bonheur, si riche de nuances, d'allégories et d'humanité, elle transcende le moindre paysage pour le métamorphoser en une littérature féerique et chatoyante digne de ses prédécesseurs écrivains voyageurs. Il n'y a qu'à lire sa description de la synagogue en ruine de Vidin en Bulgarie, des couchers de soleil sur le fleuve, les exemples sont pléthores. Aucun doute, Emmanuel Ruben n'est pas qu'un voyageur scribouillard, c'est un véritable écrivain doublé d'un géographe érudit, dont la narration oscille entre la splendeur et la décadence d'un territoire rabattu par d'incessants vents contraires.
Si vous restez de glace face à ce récit d'arpentage, c'est que l'Europe, son histoire, ses trésors architecturaux et ses meurtrissures endémiques vous indiffèrent. C'est tout ceci qui a dessiné l'Europe d'aujourd'hui, l'ignorer relève d'un esprit obscurantiste, à deux pas d'un nationalisme dangereux et de ce que l'on voit apparaître au coeur de nos démocraties européennes.
Après ce moment de lecture à la fois léger et poignant, où cette parenthèse cyclopédique d'amitié entre les peuples, comment résister à l'envie irrépressible d'enfourcher sa bicyclette et de partir, au gré de son humeur et des vents, sillonner les routes du monde ? Pour voir, visiter, mais surtout... rencontrer l'autre ! L'Europe ne se réduit pas à la fiction communautaire pour laquelle nous élisons tous les cinq ans des députés dont nous n'entendons plus parler jusqu'à la prochaine échéance. Une autre Europe existe, une Europe tissée de rivières et de vies ordinaires, et cette Europe, nous l'avons traversée.
11 mai 2019
°°°°°°°°°
tant de croyants
tant de prières
et pourtant et pourtant
poussière d'étoiles
tant de croyants
tant de prières
et pourtant et pourtant
poussière d'étoiles
gesticulant dans le vent
l'humanité
grandiloquence du ciel
grandiloquence du ciel
juste en surplomb
de la petitesse de nos viessous les orgues du cosmos
ces fourmis frénétiques
l'humanité nue
trop de monde sur terre
trop de monde sur terre
tandis qu'au ciel...
personne !
personne !
Journée radieuse sur les rives du Lac Léman. Lors d'un pique-nique entre jeunes, Summer Wassner, une belle blonde de 19 ans, se volatilise. Elle était pourtant là, courant dans les fougères sur ses longues jambes nues, puis, le temps de regarder ailleurs, elle s'est évaporée. Disparue tout à la fois parmi le vent, la chaleur, les herbes, les arbres... ou l'eau sombre du lac !
Vingt-cinq ans après, son frère cadet, Benjamin, est toujours perturbé et submergé par des vagues de souvenirs qui inlassablement remontent à la surface et viennent s'échouer dans sa mémoire. Luttant contre la dépression, connaîtra-t-il un jour le fin mot de l'histoire ?
Summer, à l'instar de l'auteure, est une fille de l'eau, une addict de l'immersion dans l'eau douce, baignoire, piscine ou lac, peu importe. Cette manie liquide traduit-elle un malaise ? Cette eau est-elle un baume salvateur pour laver des blessures secrètes ? Sa disparation près du lac est-il en relation avec ses tourments, son mal-être.
Une série de flash-back révèle des tensions, des disputes dans la famille pourtant aisée, où tout devrait n'être qu'harmonie et douceur de vivre ; sous le vernis du passé apparaît une noirceur à la fois toxique et complexe.
Derrière ce drame sans cadavre, se niche la force destructrice des secrets de famille, ces choses que l'on met sous le tapis pour, soi-disant, éviter de meurtrir des personnes proches. Cependant, ces mystères, à force d'être tus, creusent des ornières, qui, avec le temps, s’agrandissent et finissent souvent en abîme, créant en définitive plus de mal que de bien. Accepter de faire mal sur l'instant, plutôt que de risquer un séisme général. Par son récit minutieux et ciselé, Monica Sabolo excelle dans la mise en place d'une angoisse sous-jacente qui enfle telle une tumeur grâce à une plume jonglant entre onirisme fantastique et traumatisme organique.
Néanmoins, la multiplication de flash-back, la lenteur apathique de l'évolution de la trame, le puits sans fond des arcanes psychologiques, les incessantes arabesques circonvolutionnaires de la langue, m'ont épuisée, lassé, puis franchement agacé !
L'intention était louable, la réalisation plus discutable et plus perfectible. Sans vouloir pour autant ne garder que l'essentiel, une bonne dose d'élagage me semble nécessaire. Par le désir de vouloir faire tout ressentir aux lecteurs toutes les nuances et les moindres ambiguïtés, Monica Sabolo finit par plomber une histoire qui ne le méritait vraiment pas. Dommage.
8 mai 2019
HAÏKU Partie CXXIV
°°°°°°°°°
au coeur du printemps
balade en forêt
mille nuances de vert
giboulées en avril et mai
la météo de plus en plus
cul par-dessus tête
enfin le soleil
sous un ciel tout bleu
encore plus bleu qu'avant
plantation des pieds de tomate
pour seul fertilisant
y mettre beaucoup d'amour
soir de printemps
le pépiement des oiseaux
jusque sous ma couette
3 mai 2019
Depuis quelques temps, Michka ne maîtrise plus les mots, elle souffre d'aphasie. Pourtant, c'est grâce à eux qu'elle gagnait sa vie dans un passé pas si lointain, avec son métier de correctrice, comme si après en avoir eu pléthore, ils se vengeaient de cette vieille dame et de son exigence en se raréfiant, jusqu'à finir par disparaître définitivement. Un comble !
Dans sa traversé de l'indicible, Michka va être aidée par son amie Marie, une femme qui dans sa jeunesse trouvait du réconfort chez elle, et par Jérôme, un orthophoniste admirable de bienveillance. A eux deux, ils vont s’efforcer d'aider la vieille dame à supporter le poids écrasant de sa maladie neurodégénérative.
Avec une plume à la délicatesse ouatée, Dephine de Vigan nous offre un court récit tout en élégance sur la déchéance qui attend chacun de nous. La vieillesse, comme un tabou incontournable de notre société contemporaine. Vieillir, c'est apprendre à perdre. Encaisser chaque semaine ou presque, un nouveau déficit, une nouvelle altération, un nouveau dommage.
Ce roman est porté par une écriture sans fioriture, à la recherche du mot juste, d'ailleurs les mots y sont essentiels, tout tourne autour d'eux : ceux qui sont oubliés, ceux qui en remplacent d'autres, ceux qui sont inventés et ceux qui sont tus parce que trop difficiles à dire car ils touchent au plus intime. Ces fameux mots d'amour et ces mots de reconnaissance infinie, expliquant ainsi le titre du roman, se répétant en écho au travers des personnes et du temps, tel un relais, un témoin générationnel ou une mémoire en fil rouge liant à jamais une suite de bénédictions.
A propos de mots, Delphine de Vigan fait dire à Michka qu'elle préfère qu'on la qualifie de "vieille", et non pas de personne âgée. En effet, notre jeunesse est appelée "les jeunes", et non pas des personnes jeunes, toujours cette obsessionnelle histoire de mots qui est la réussite incontestable de ce livre.
Malgré cet avant-propos plutôt flatteur, j'ai quelques bémols et non des moindres. Le premier étant lié à la maigreur du roman ou devrais-je plutôt dire de la nouvelle, 173 pages, et encore, si vous retirez toutes les pages blanches et celles qui ne sont écrites qu'en partie, c'est un livre de 100 pages. Certes, la qualité ne se mesure pas à la longueur, mais alors pourquoi cette impression d'avoir lu une ébauche à la place d'un véritable roman ? Ce côté ramassé sur lui-même empêche d'avoir le temps de s'attacher aux protagonistes, bien qu'il y ait franchement matière. La vie de Michka est bien trop édulcorée, bien trop diaphane ; j'aurais tant pris plaisir à la suivre dans son métier de correctrice, d'ailleurs les mots, n'est-ce pas le sujet ? La vie de Marie aurait également mérité quelques extensions, sans parler de celle de Jérôme, prisonnier du mur de silence de son père. J'admets que certains romans traînent effrontément en longueur, mais l'excès inverse n'est pas mieux, surtout avec une base de départ si riche et si universelle.
Je me permets d'ouvrir une parenthèse sur un sujet qui me dérange de plus en plus. Personnellement, j'estime que certains auteurs ou autrices sortent beaucoup trop de livres. Je considère qu'avoir le rythme d'une publication annuelle est une pure folie. En tout cas, si on veut écrire une oeuvre d'une tangible qualité littéraire, il n'y a pas de secret : il faut y passer du temps. Combien ? Je ne sais pas, mais le temps de prendre du recul, de se relire encore et encore, de peser chaque mot, chaque phrase, de laisser le manuscrit reposer, puis d'y revenir avec un esprit moins impliqué. C'est simple, tous les livres qui m'ont procuré énormément de plaisir ne se sont pas créés en 365 jours. Ils ont demandé un temps de maturation nécessaire, comme pour un bon fromage ou un bon vin. Je regarde et j'écoute régulièrement des émissions littéraires, et certains écrivain(e)s reviennent annuellement, telles les fêtes de fin d'années ! Je ne citerais pas les noms, tout le monde les connaît, et dans la très grande majorité, ces livres sont des déceptions ou des demi-déception, en tout cas bien loin d'une amorce de chef-d'oeuvre. J'ai bien peur que là-dessous, comme dans beaucoup d'autres endroits, tous ces gens agissent ainsi pour des considérations bassement pécuniaires, sous la forte pression des maisons d’éditions. Cela me désole profondément, pas vous ?
Maintenant, il faut que je me calme, sinon ma critique va devenir plus longue que le livre en question !?! Ah, on ne se refait pas !
Pour en revenir au roman Les gratitudes, j'ai apprécié l'humanité des personnages, très avenants, très magnanimes, cependant la vie dans les EHPAD est-t-elle réellement si idyllique ? Les directrices sont-elles à l'écoute du moindre désir de leurs résidents ? Tout le personnel était-il aussi bienveillant ? Sans parler des orthophonistes, sont-ils tous des vraies perles comme Jérôme ? J'avais cru comprendre que la vie en EHPAD était parfois assimilée à une zone secondaire de délaissement pour ne pas dire pire !
Avec Les gratitudes, Delphine de Vigan explore ces lois intimes qui dirigent nos vies. Elle questionne avec doigté la notion de remerciement, différente pour chacun de nous, jusqu'à prendre le chemin d'une profonde gratitude, encore faut-il savoir l'exprimer.
Visions fugitives du jardin printanier.
Partie 1
Partie 1
Royal crocus.
Renaissance du camélia.
Petites fleurs du choux de Bruxelles !
Traditionnelles jonquilles.
Si dénigré, le pissenlit !
Fleurs du prunellier !
Les minuscules violettes.
Les clochettes de sous-bois.
Les fleurs de Pâques... les pâquerettes.
Le fier iris.
La folle tulipe !
Un peu moins fier, l'iris pleurnichard !
Fleurs de sarriette.
Au coeur de la végétation, Bouddha veille !
L'incontournable du 1er mai !
Le splendide ail des ours !
Le timide muscari.
La neige du prunellier !
Alysse en pleine évasion !
La douce ortie... enfin douce !?!
Quelques fleurs de poirier... à bientôt.
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