27 août 2020

Le Trône de Fer - L'Intégrale 4 (Tomes 10 à 12): Le Chaos - Les Sables de  Dorne - Un festin pour les corbeaux eBook ...

" Le trône de fer " Tome 4   de Georges R.R   14/20


      Dans les mois à venir, le royaume des Sept Couronnes va connaître un effroyable hiver : au-delà du très haut Mur de glace qui protège la frontière nord, une redoutable armée des ténèbres affûte ses armes, son seul dessein : franchir le Mur et envahir tout le territoire pour semer la destruction et la mort.
      Pendant ce temps, les rois, les reines, les chevaliers et les renégats se disputant le trône de fer, préfèrent ignorer la lourde menace qui pèse sur leur futur. Parmi toute cette cohorte de prétendants, tous les coups sont autorisés et seuls les plus pervers et les plus retors d'entre eux pourront avoir une chance de se hisser sur les marches royales menant au symbolique trône de fer.

      Ce quatrième volume se concentre sur toute la partie géographique située entre Port-Réal et le territoire de Dorne. Ainsi, Daenerys, Tyrion et Jon Snow ne réapparaîtront que dans le tome suivant.

      Ce quatrième pavé est celui qui scelle le divorce avec la série de HBO. En effet, les trois-quart du livre sont consacrés à des événements qui n’apparaissent pas dans celle-ci, donnant ainsi une nouvelle fraîcheur à l'oeuvre, comme un goût de renouveau pour ceux qui se sont gavés des images télévisées. Toute la région de Dorne prend ainsi une autre dimension avec de nouveaux protagonistes aux caractères bien trempés, notamment Arianne Martell qui fomente intelligemment un moyen de contrecarrer les projets de la Reine Cersei. Son père également, le prince Doran, homme affichant trompeusement un caractère amorphe, mais qui se positionne en vue d'une confrontation avec les assassins de sa sœur et de ses enfants.
      Les chapitres consacrés à Cersei sont psychologiquement réussis. Ils nous dévoilent sa vraie personnalité, celle d'une femme enfin libérée du carcan de son père, et qui, prête à tout pour venger la mort de son fils aîné, libérera toute sa puissance machiavélique.
      Brienne de Torth, toujours loyale à Catlyn et à sa promesse de retrouver ses filles, nous entraîne dans un road-movie pas toujours des plus passionnant, heureusement un dernier chapitre relève sensiblement le niveau.
      Quant au royaume des Iles de fer, il voit également son aura sur Westeros prendre une autre dimension par l'intermédiaire de personnages hauts en couleur, notamment tous les descendants de l'ancien Roi Lord Balon Greyjoy. Une guerre de succession va enflammer le récit entre les frères et la sœur du défunt roi. Tout ceci n'étant malheureusement pas narré dans la série.
      Ah, j'oubliais le froussard Sam, qui devra s'embarquer sur un navire à destination de Villevieille pour le pire et... pour le pire !?!

      Ce qui plombe quelque peu ce quatrième opus, outre certains passages franchement longuets qui en décourageront certains, c'est la volonté de l'auteur d'ajouter à chaque chapitre une bonne vingtaine de nouveaux personnages ou figurants ! Perdu devant cet Everest de noms, inexorablement, le lecteur peut perdre pied et finir par s'agacer. D'ailleurs, certains noms n'ont qu'une lettre ou deux de différence, ce qui augmente encore la confusion. A vu d’œil, et en quatre tomes, le nombre d'intervenants doit flirter autour des 500 ! Tolstoï avec son Guerre et paix est battu à plat de couture ! Je veux bien concéder que tout ce foisonnement de protagonistes se justifie pour donner au lecteur l'impression d'une vraie communauté mondiale, cependant, devant cette avalanche ou cette hémorragie de noms qui confère à l'hystérie, même le lecteur le plus assidu finit par s'embrouiller. Ah Monsieur Georges R.R, voilà ce qui arrive quand on a le désir fou ou l'orgueil de vouloir écrire une oeuvre titanesque aux dimensions presque bibliques.

      Même si ce volume possède un rythme plus lent que le précédent et que quelques dizaines de pages confient à un ennui profond, les stratagèmes et les manipulations vont bon train, des positions sur l'échiquier politique se modifient ou se fragilisent, d'autres se consolident. Tout un nouveau monde se met en place dans le dessein d'affrontements ultérieurs. Quand bien même cet opus soit en demi-teinte, je dois confesser que j'ai une grande hâte de lire la suite !

16 août 2020



" Indian creek "   de Pete Fromm   15/20


     Par ce récit autobiographique, l'auteur nous raconte 8 mois de son expérience d'hivernage dans l'état de l'Idaho. Pour le compte d'un organisme exploitant les rivières, il devra surveiller une pépinière de 2,5 millions d’œufs de saumons implantés dans un bras entre deux rivières, de la mi-octobre 1977 à la mi-juin 1978. A l'époque, Pete Fromm n'a pas encore 20 ans ; il aime passionnément la nature, cependant vivre seul en pleine montagne et en plein hiver est une expérience difficile pour tout néophyte, et Pete en est vraiment un. 
      Confronté au monde sauvage, en compagnie de sa chienne Boone, Pete commet de nombreuses erreurs, certaines pourraient même lui être fatales. En effet, par naïveté d'inexpérimenté il se trompe, cependant, en bon autodidacte, il sait en tirer des leçons ; malgré tout il échoue encore, avant de se relever une nouvelle fois. Au sortir de son hivernation, le jeune homme du début s'est petit à petit métamorphosé en un autre homme. La nature l'a révélé à lui-même, dorénavant, son optique du monde sera différente.

      Avec intelligence, l'auteur développe, entre autre, le thème de l'amour inconditionnel de la solitude et de l'épanouissement qui en découle. De surcroît, évoluant dans un espace sauvage pendant de longs mois, le retour à la civilisation ne peut, dés lors, s'opérer sans souffrance. Longtemps après, niché au plus profond de sa conscience, l'appel de la forêt sera toujours là, comme l'écrivait si bien un certain Jack London. En toute logique, une réflexion sur notre monde outrancièrement consumériste est inévitable. A-t-on réellement besoin de tout ce confort moderne pour être simplement heureux ? Le vrai bonheur n'est-il pas au cœur de la nature même ?
      Autre thème sensible : le monde de la chasse, et en corollaire, celui inhérent de ses abus, comme tuer pour le plaisir, interroge profondément le lecteur de 2020. Pourquoi faut-il toujours assassiner plutôt qu'admirer ? Au nom de quel précepte fallacieusement viril voit-on tous ces chasseurs tuer impunément des animaux dont la beauté devrait plutôt leur sortir l’appareil photo ? Quelle est cette maladie affective qui leur empêche d'être insensible à la beauté du monde ?

      Psychologiquement, Pete fait défiler ses états d'âmes, comme être loin de la civilisation quand les fêtes de Noël approchent. Il nous fait partager ses incertitudes, son embarras, ses réflexions, et tous ces petits cadeaux de la nature qui se transforment en joie excessive, ou ses moments de doute qui gâchent des journées entières, bêtement.

      En lecteur emphatique, ses maladresses m'ont amusé, mais j'ai tremblé plus d'une fois devant son comportement inconscient. En effet, par -40°, le danger étant partout, difficile de rester stoïque devant les prises de risques imprudentes du jeune novice. C'est la raison pour laquelle ce récit est touchant, jamais l'auteur ne se met en scène, il expose les situations telles quelles sont, sans ambages. Son amour de ce coin reculé de l'Idaho, lui fait un temps hésiter à revenir au milieu de la foule, de l'urbanité et du progrès. Les vrais bonheurs sont des bonheurs simples.

      A noter que c'est le hasard de la vie qui a amené Pete Fromm à suivre des cours d'écriture, y prenant un vrai plaisir, l'auteur s'engagera petit à petit dans cette voie, avant de voir longtemps après ses premiers textes enfin publiés.

      Avec India creek, c'est une grande bouffée d'air glacial qui est au rendez-vous ; dépaysement garanti sans fioriture ampoulée ni grandiloquence. La vie y est contée au plus simple par un candide jeune homme dans un univers incessamment modelé par celle qui sera éternellement plus forte que l'Homme : Mère nature.


11 août 2020

" Le soleil des Scorta "   de Laurent Gaudé   15/20


      A Montepuccio, petit village du sud de l'Italie, vit chichement la famille Scorta. Fondée à la suite d'un viol, cette lignée va courir sur des décennies, chacun de ses membres se battra à sa manière pour se sortir d'une vie de dur labeur. Mais chaque génération devra gravir à nouveau la montagne... indéfiniment... jusqu'à la nuit des temps.

      Laurent Gaudé nous propose un roman sur les générations qui se succèdent, sur la vie qui passe, puis trépasse, mais renaît dans le sang de sa progéniture, qui, à son tour tentera de défier le destin, enfin, fera tout ce qu'elle peut avant de laisser le relais à ses enfants. 

      Le soleil des Scorta est un roman sur l'insupportable mythe de Sisyphe. Une réflexion sur le sens de la vie. Au final : a-t-elle un sens ? N'est-il pas vain d'y chercher un sens ? La vie est là, et puis c'est tout. A chacun de faire avec. A chacun de s'en accommoder. A chacun de vivre sa vie avec ses convictions profondes. A chacun de s'en sortir à sa manière, dans la flamboyance ou le minimalisme. Le choix est là, il n'y a qu'à se servir... ou pas.

      D'emblée, la langue de l'auteur séduit son lecteur. Pour décrire avec autant de justesse la puissance du soleil faisant s'incliner, comme devant un dieu : les hommes, les paysages, les parfums, les pierres et la mer, il ne peut descendre, en droite ligne, que d'un Giono. Sa force de description est telle que ce roman est une expérience sensorielle : il se respire, il se goûte, il se regarde... et il nous brûle.

      Cependant, sans nier la qualité stylistique de la plume, ce récit me laisse un goût d'inachevé, comme si j'avais lu le résumé ou le brouillon d'une fresque historique. En effet, vouloir raconter la vie de quatre générations en un peu plus de 200 pages, oblige à des ellipses inévitables. Devant cette coercition volontaire, certains personnages ont peu de place pour exister, quand ils ne passent pas carrément à la trappe. De plus, les deux guerres mondiales n'ont aucune incidence sur la tribu. Et de surcroît, les velléités de hors-la-loi et d'assassin de Rocco ne sont jamais développées. Naturellement on peut être en révolte face à une naissance et à une enfance de merde, mais de là à aller trucider ses voisins !?! 

      Néanmoins, l'essentiel est-il là ? Laurent Gaudé ne visait-il pas d'écrire sur les joies, les peines, les secrets et les valeurs d'un clan issu d'un hasard malheureux ? Écrivant ainsi un hymne à la famille, une ode à la suite générationnelle, peu importe son origine et ses errements, il ne faut retenir que la fraternité clanique, comme une allégorie de leur richesse, non issue de biens matériels, mais de la puissance de l'amour.
   Plusieurs prix dont le Goncourt, énormément de lecteurs dithyrambiques, et je les comprends, mais pour le perfectionniste ou le chiatique que je suis, il me manque comme la chair sur les os ou l'enrobé de chocolat autour d'un coeur de praliné. Dommage.


10 août 2020

Visite du jardin estival

Spécial canicule

Partie 5


Frappées par le feu solaire, les Gaillardes le sont beaucoup moins !


Les pois de senteur n'ont plus aucune senteur...


... les feuilles de courges se liquéfient...


... quand elles ne se carbonisent pas !


Quant à ma salade montante : ses étages inférieurs sont desséchés !


Malgré le paillage, sous les rayons brûlants, peu de plantations résistent, la Terre ne produit plus !


A l'ombre matinale des glaïeuls, une argiope fait ses exercices du matin avant le déclenchement des folles températures.



Sous cette chaleur étouffante,
le trèfle incarnat n'incarne plus rien...


... les haricots grillent sur place...


... et les feuilles de salade caramélisent !



Pour se protéger de la chaleur torride,
la bébête du jardin est obligée 
de se réfugier à l'intérieur de la maison,
et de squatter le canapé, 
avec une bonne réserve d'eau !




Terre de désolation !
A l'image d'une humanité consumériste qui veut toujours tout et tout de suite ; 
peu-importe les conséquences pour 
les générations futures et pour la planète !



Heureusement, tout n'est pas noir !
Grâce au blanc pur des fleurs de Flox...



... et au multidirectionnel géranium !



Cependant, tout n'est pas perdu !
A l'abri dans ma maternité végétale,
de nouvelles troupes de salades sont là pour prendre la relève sur le champ de bataille.
Le combat contre les feux du soleil continue !

A bientôt.
Et... pensez à boire !

6 août 2020

Visite du jardin estival.


Partie 4

Tournesol perdu en plein ciel !


Haricots verts ???
Euh non, juste ceux de la glycine !


Comment se lasser de ces fleurs
d'artichauts où les bourdons s'empiffrent !


Sous les feux caniculaires,
les cucurbitacées limitent la déperdition
d'eau en pliant leur feuilles.
Pas bête les plantes !


Poussant à l'abri d'un soleil déchaîné,
un rosier grimpant s’immisce
sous les branches d'un if.


 Par cette forte chaleur,
même la bébête du jardin
a mis son chapeau de paille !


N’aimant que la sécheresse,
le Dipladénia est profite fleurir.


Elles aussi se pâment au soleil.
En attendant il faudrait
peut-être penser à rougir !


Sans commentaire.


Sans commentaire bis.


Avant !


Après !


Voici le sommet de notre fameuse
salade montante qui se perd au ciel !
1 mètre 20 aujourd'hui !
Qui dit mieux ?
(à suivre)


Quand graphisme s'allie avec
offrande de la nature.


Méconnue, l'Achillée millefeuille tout en fleurs.


Citrouille entrant difficilement
dans le cadre de la photo !


Quand les butternuts dédaigner enfin pousser.
Quelles faignantes quand même !


Belle gueule de glaïeul !


Pas bégueule le glaïeul !

Penser à boire et à bientôt !


5 août 2020

" Pour seul cortège "   de Laurent Gaudé   16/20

      Babylone, an 323 avant Jésus-Christ. Lors d'un banquet, au milieu de la musique, de la danse et des rires, un homme de 32 ans s'écroule, terrassé par une fièvre soudaine. Il s'appelle Alexandre le Grand.

      En démiurge de l'écriture, cette fois-ci Laurent Gaudé pose sa réflexion littéraire sur les dernières heures d'un personnage mythique. Avec engouement, il s'affranchit de l'Histoire antique pour la métamorphoser en légende. Légende nécessairement fantasmagorique pour être à l'échelle de son sujet. Il explore également, comme il l’avait déjà fait dans La mort du roi Tsongorla difficulté de transmettre l'héritage paternel d'une vie, et à plus forte raison, d'une vie de conquêtes.

      La plume de l'auteur est portée par un souffle épique, enveloppant d'un drapé martial et onirique chacun des protagonistes. Car beaucoup sont écartelés entre le devoir et l'ambition, la fidélité ou la trahison. D'autres, plus humbles et plus sages ne veulent revenir à la vie courante qu'après une respectueuse période de deuil.

      Ce qui intéresse Laurent Gaudé est d'insuffler au récit une énergie fiévreuse, seule digne d'être à la hauteur de l'homme : Alexandre, celui qui vit comme un homme pressé, avide de conquêtes, de richesses et de beauté. Mais également affamé de terres nouvelles pour y construire ses propres cités nommées : Alexandrie (les chiffres officiels tournent autour d'une vingtaine). Homme contradictoire, plein de rêves et de violence, Alexandre le Grand doit son décès à une forte fièvre ; peut-être cette redoutable fièvre est-elle née de l'apothéose de toutes celles qui le firent chevaucher comme un dément sur de si grands espaces.

      Pour seul cortège est un récit narré par deux voix, celle d'Alexandre et celle de sa belle-soeur et fille de Darius : Dryptèis. Dans une communion allégorique, chacun va offrir à l'autre la faculté de s'émanciper du fardeau de l'Histoire pour jouir d'une liberté si douce et si légère. Fidèle à son habitude, Laurent Gaudé fait parler les morts, dans nombre de ses romans, il utilise ce procédé comme pour la transcender, et en faire un état à part, une parole d'outre-tombe, une parole devenue sage.

      Pour seul cortège décrit un monde qui s'écroule pour laisser place au chaos. Les soubresauts qui s'ensuivent sont comme des échos de l'éternelle et abominable vanité humaine. L'homme, du haut de ses millions d'années d'existence est-il condamné à ne jamais apprendre de ses erreurs ? Quel dieu, dans son infini machiavélisme, a-t-il pu jeter une telle malédiction sur nos pauvres âmes ?