" Perfidia " de James Ellroy 8/20
Une descente vertigineuse dans l'enfer de l'humanité... et de la littérature.
Le 6 décembre 1941, quatre japonais, les Watanabe, sont découverts morts à Los Angeles. Meurtre ou suicide ? Le lendemain, l'empire japonais attaque Pearl Harbour. Le LAPD (Los Angels Police Départment), pour se débarrasser du problème en ces temps de déclaration de guerre, n'hésite pas fabriquer un coupable idéal. Le sergent Dudley Smith, un homme aux dents longues, dirige l'enquête qui s'annonce lucrative, tant l'hystérie du climat de guerre se prête à tous trafics, notamment à l'encontre des très nombreux citoyens américains d'origine japonaise. De son côté, William Parker, jeune officier alcoolique, s'engage dans la voie du combat de l'anticommunisme qui se dessine à l'horizon. Hideo Ashida, jeune japonais de la police scientifique de Los Angeles, est tiraillé entre mille maux. Puis, il y a Lee Blanchard, Reynolds Loftis, Ray Pinker, Turner Meeks, Elmer Jackson... et des dizaines d'autres... des centaines d'autres. Tous soudoient, menacent, traficotent, corrompent, infectent, avarient, souillent, pourrissent une société qui n'en avait vraiment pas besoin.
Narration foisonnante et interminable, casting ample et ennuyeux, violence psychique, violence physique, violence omniprésente. Vous l'aurez compris, pour mon premier James Ellroy, je ne suis pas déçu... enfin si, justement. A la fois, empêtré dans l'aridité d'une écriture sans relief, dans l'austérité d'une écriture taillée à la hache et dans l'immensité d'une écriture fleuve, je me suis noyé, irrémédiablement noyé. Impossible de dépasser la page 260, c'est plus fort que moi, même en insistant, rien n'y fait, mon corps s'insurge, se rebiffe, regimbe, ma perdition est totale, exsangue, je capitule sans condition !!!
Mais pourquoi ce vif rejet, l'histoire avait tout pour rendre ce bouquin passionnant ? D'abord, devant le foisonnement interminable de la narration, James Ellroy ne pouvait-il pas resserrer l'intrigue pour nous livrer 400 pages, et non pas les plus de 800 qui sont véritablement de l'étouffe lecteur. Ensuite, le style, ou plutôt son absence se fait cruellement sentir. Certains parlent même de bouillie littéraire ou d'une prose débilitante. Toutes ces phrases courtes, saccadées, exsangues, ça va un temps, mais sur la longueur cela tourne à l'hystérie voire au ridicule. Il y a aussi ce casting extra-large avec 1000 personnages, où du moins, c'est l'impression que j'en ai eu ! Difficile de ne pas perdre le cours de l'histoire quand trop d'intervenants viennent nager dans les eaux troubles de la LAPD. Et puis cette corruption qui court à tous les étages, comme une épidémie virulente dont personne n'échapperait. Aucun protagoniste ne peut se soustraire à la gangrène de la corruption, quand ce ne sont pas les starlettes égocentriques débordantes de concupiscence. Sans oublier la perversion, la débauche, la dépravation, l'immoralité. Cela ne fait-il pas un peu trop ? Pas le moindre rayon de lumière dans ce tombereau de ténèbres ! Sincèrement, je me demande combien de lecteurs ont réellement lu, jusqu'au bout, ce bottin bourratif ?
Et quand je songe à tous ces critiques littéraires qui ont encensé ce roman, je préfère penser que l'on n'a pas du lire le même livre !
De toute cette logorrhée en ressort une société qui ne mérite qu'un anéantissement total et sans appel. Assurément, quand il n'y a rien à sauver, ni personne, il ne reste plus qu'à sombrer corps et âme dans un gouffre abyssal. Alors, que les entrailles de la terre s'entrouvrent en une bouche béante pour engloutir cette société où bassesse rime avec déliquescence.
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