30 août 2021

 Petit aperçu du jardin estival.

Partie 3



Symbole de l'été : les tournesols.



Hésitant entre le mauve et le rose, 

l'hortensia indécis.



Si longue à fleurir, si éphémère est sa vie,

mais si belle à observer : la fleur d'ipomée !



Comme l'entendait ce bon Magritte :

Ceci n'est pas une verre d'eau !

Plutôt du vert dans l'eau !



Toutes voiles dehors,

prêtes à profiter de la moindre brise :

 les blettes !



Réchappée de l'insatiable appétit des chenilles

du papillon blanc : une fleur de brocoli.



Par deux mètres de haut,

posés sur un treillage,

deux potimarrons alpinistes.



Arachnophobe s'abstenir :

une délicate phalangium opilio

 en pleine sieste murale !



Surprise éphémère du petit matin.



Au milieu des fraisiers, venu de nulle part :

un lumineux trio de soucis.



Pour conclure, cette explosion d'œillets d'inde, profitant de l'absence de pieds de tomate.


Bonne rentrée à tous et rendez-vous en automne.



22 août 2021


 " La vie secrète des écrivains "  de Guillaume Musso  8/20


      Après le succès populaire et critique de ses trois premiers romans, le célèbre écrivain Nathan Fawles décide de poser définitivement sa plume et de partir vivre, en retrait du monde médiatique, caché sur une île sauvage de la Méditerranée.

      Deux décennies plus tard, ses romans n'ayant jamais cessé de captiver un lectorat grandissant, Mathilde Monney, une jeune journaliste, débarque sur l'île avec la ferme intension d'éclaircir ce mystère.

      D'emblée, avec cette intrigue, deux noms viennent instantanément en mémoire : Philip Roth et S.D. Salinger. Question implicite : le roman est-il dûment digne des oeuvres de ces deux écrivains de renom ?

      Apparemment là n'est pas le souci de Guillaume Musso, ce qui l'intéresse juste : glisser une trame genre thriller derrière le mystère que peut représenter la vie de certains grands hommes de lettres. Sans vouloir déflorer le suspens, force est de reconnaître l'imprévisibilité de la résolution de l'intrigue aux rebondissements multiples et effroyables, malgré une bonne pelletée d'invraisemblances. Par moment, je ne savais plus si je lisais du Musso ou du Bussi, tant le jeu de miroir m'a fait osciller entre l'un et l'autre. Au tout début, j'ai même cru avoir retrouver mes 12 ans et lire un nouveau livre de la collection verte : Les six compagnons.

      Il peut être amusant de voir comment l'auteur imbrique dans son récit des noms d'écrivains ou de leurs oeuvres ; comment il se glisse derrière le rideau opaque de l'écriture et de la vie d'un écrivain ; comment celui-ci entremêle le vrai et le faux dans une danse faustienne; ou comment il encadre son récit dans un écrin bien personnel avec une mise en abîme séduisante. Cependant, tout ceci en fait certes, un honorable roman de plage, mais mon exigence de vieux lecteur chafouin y trouve trop peu de pitance pour me rassasier véritablement. Il eut fallu enjamber la rambarde de la bienveillance, pour chuter dans des eaux plus troubles et hisser son niveau d'écriture loin d'une simplicité si affligeante, digne d'un collégien.

      Après réflexion, avec ce roman faisant appel à de grandes références, je me demande si Guillaume Musso ne fait pas un complexe, après avoir été un auteur à succès auprès d'un très (trop) large public, ne loucherait-il pas du côté d'une reconnaissance critique, mordu par le vif désir de pouvoir enfin patauger dans les mêmes eaux que ceux qu'il cite si allègrement.

      Quand on sait que Guillaume Musso fut invité à La grande librairie de François Bunel pour ce livre, je me demande si ce n'est pas tout simplement pour des questions d'audience.

      Sous le glacis d'un thriller sanglant aux incohérences abyssales et à une fin insoupçonnable, Guillaume Musso rend un hommage modéré et simpliste à la littérature. Du Musso quoi !?!


17 août 2021



" Après le monde "   de Antoinette Rychner   17/20

      Ce roman apocalyptique reflète une parfaite illustration de la glaçante théorie de l'effondrement.

      Un grain de sable, un rien, ou un presque rien dans la marche contemporaine du monde : un cyclone ; mais un cyclone d'une ampleur inédite ravage la côte ouest des Etats-Unis. Bon, me direz-vous, il n'y a plus qu'à reconstruire. Pas si simple, car dans l'incapacité de rembourser les faramineux dégâts, les compagnies d'assurance font faillites, les unes après les autres. Par voie de conséquence, tout le système bancaire américain, plombé par une multitude de nouvelles bulles financières prend l'eau, puis s'enraye, et enfin se disloque par effet domino : c'est la banqueroute américaine, qui, par ricochets de l'économie capitaliste, devient mondiale. Conséquence : aucune liquidité disponible. Les unes après les autres, toutes nos sociétés ultra-modernes s'écroulent. Plus d'énergie disponible, c'est plus d'internet, plus d'essence, le monde entier plonge alors dans un chaos inimaginable aujourd'hui. Enfin, cela dépend pour qui ? Car une infinité de sonnettes d'alarme ont déjà retenti par le truchement de la parole des collapsologues ; mais qui pour les entendre ? Qui pour les écouter attentivement et réagir ? Qui pour prendre des mesures radicales, naturellement non-populaires ? Qui ? Personne ! Mille fois personne ! L'Homme, dans sa plus grande suffisance ne croit pas ce qu'il voit, alors des hypothétiques hypothèses de fin du monde !?!

      Même si le récit n'est peut-être pas à la hauteur de la tragédie narrée, notamment cette galerie de portraits insuffisamment creusés, où manquent des tombereaux de profondeur et de clarté, même si le déroulé de l'intrigue souffre d'une carence de rigueur, même si les chapitres abusent d'une pléthore de témoignages plus ou moins enchevêtrés, plus ou moins audibles, ce récit a l'énorme avantage d'exister et ainsi de pouvoir porter à la connaissance de plus d'individus la fragilité patente de nos douces et fallacieuses sociétés aux talons d'Achille insoupçonnés.

      Avec un terrible réalisme, Antoinette Rychner décrit les privations, l'épuisement, les maladies oubliées qui refont surface. Notre effroyable accoutumance aux atrocités fait que nous abandonnons peu à peu toutes nos valeurs. Celles que nous avions cru gravées dans le marbre. Cependant, à partir de presque rien, ceux qui survivent aux conditions épouvantables sont condamnés à se réinventer pour que se perpétue la seule chose qui compte vraiment : la vie.

      Venez faire un tour dans le monde d'après, vous n'en reviendrez pas !


15 août 2021

 Petit aperçu du jardin estival.

Partie 2



Tout le graphisme solaire de l'agapanthe.



Plus terre à terre, les mêmes,

mêlées au rouge carmin d'une sauge.



Le soleil de l'onagre,

attendant le soir pour s'épanouir.



Platycodon, un nom un peu con, non ?
Il aurait fallu la baptiser : Violetta !



S'insinuant dans mes filets de protection,
l'inarrêtable liseron !



Roses trémières en chapelet !


Sorti de nulle part :
un opportun lys.



Je n'en démords pas mordicus,
que la nourriture favorite du diplodocus,
était bien l'Hibiscus !



Pendant ce temps là,
l'orage gronde...



...les cornichons
poussent dans un entrelacs d'arabesques...



... une courge, non répertoriée dans la
nomenclature du jardinier, prend ses aises...



... des fourmis ailées noires
prennent leur envol vers d'autres contrées...



... deux potimarrons s'aiment...



... des œillets d'Inde bousculent
d'innocents poireaux d'été...



... chaque légume joue des coudes au potager...



... ou ailleurs...



... le dipladénia multiplie sa floraison... 



... et même des roses lévitent !



Sans légende !

A bientôt les ami(e)s,
dans mon jardin extraordinaire !

12 août 2021



" Yamabuki "   de Aki Shimazaki   16/20


      Lumineux comme une fleur de lotus.      

      Après 56 ans de mariage, Aïko Toda effeuille une à une les pétales dorées du souvenir de sa vie : un premier mari vite oublié, puis Tsuyoshi, rencontré de façon improbable dans le silence d'un compartiment de train, et qui, à sa plus grande surprise, la demandera en mariage une poignée de jours plus tard. Bien des années après, cet ancien cadre dévoué d'une importante compagnie, est aujourd'hui un retraité perclus de douleurs, mais toujours aussi amoureux d'Aïko. Leur vie est désormais faite de plaisirs simples, rythmée par le fil des jours, le fil de la pluie, le fil des saisons.


      Aki Shimazaki possède un univers fort singulier : léger au premier regard, mais à fort pouvoir émotionnel. Son oeuvre se bâtit toujours autour d'un cycle de cinq romans, construits à partir d'une même histoire, mais vécue par des personnages différents, chacun pouvant se lire indépendamment les uns des autres. Tous ses romans sont courts : une bonne centaine de pages, chacun porte un titre qui évoque un végétal ou un petit animal. Ses petits récits évoquent l'amour, la famille et le contexte temporel. La plume est légère et simple mais non simpliste, avec délicatesse elle décortique nos tragédies intimes, nos espoirs éternels et nos désirs profonds. En compagnie d'Aki Shimazaki le lecteur est au plus près de l'intimité des protagonistes et de l'imperfection de leur vie. Il s'en dégage une sensation de douceur, de retenue et d'un temps retrouvé, d'une pause entre deux évènements, à l'image d'une histoire universelle et universaliste. Il s'agit sûrement d'une des raisons qui fait qu'elle adhère un lectorat de plus en plus conséquent ; d'autant que les dernières pages sont les plus émouvantes que j'ai lues depuis longtemps ; difficile d'y retenir une petite larme.

      Yamabuki est un tout petit livre emprunt de sérénité. Il nous fait entrer dans un monde de nécessité et de douleur, mais aussi un monde de fleurs, de mots affectueux et de douceur de vivre, telle une parenthèse bienheureuse dans notre monde trop souvent sans indulgence.


7 août 2021

 


HAÏKU   Partie CLVI

°°°°°°°°°


averses sur averses

c'est l'été ?

gens d'août



nuit d'été

allongé en plein champ

les étoiles sur la peau



souvenirs d'été

le bonheur

en goutte à goutte



les livres

ces milliers de miroirs

pour réfléchir



loin de chez moi

mais si proche

du ciel des autres