" L'humanité en péril " de Fred Vargas
Usant intelligemment de sa notoriété de romancière, l'atypique Fred Vargas nous propose un livre à l'image d'elle même : tout en décalé par rapport à la fallacieuse bien-pensance ambiante. Certes, ce pas de côté ne relève en rien de la littérature, néanmoins, si nous souhaitons que nos petits enfants puissent éprouver les mêmes joies que leurs grands-parents en s'égarant dans le monde passionnant des livres, la lecture sans délai de cet essai devient indispensable.
Avant d'aller plus loin, peut-être est-il utile de préciser que Fred Vargas a suivi des études scientifiques avant d'exercer comme chercheur au CNRS (Il est amusant de ne toujours pas dire "chercheuse", et que Fred à choisi un prénom masculin pour rayonner dans le monde du polar). Ainsi, étant de formation scientifique il est naturel qu'elle se penche un jour sur l'état de notre monde, en y hurlant son incompréhension et sa colère.
En effet, qui ne sait pas encore que nous courons, tels des lemmings, à notre propre perte, et que rien ne bouge, si ce n'est dans l'épaisseur du trait ? Tout le monde souffre, d'une façon ou d'une autre, du réchauffement climatique, pourtant les estimations sur les mois à venir se résument à une plus grande production de gaz carbonique qu'avant l'arrivée du Covid-19. Tout les voyants sont au rouge foncé et l'humanité, à part quelques exceptions, continue de porter des ornières, de danser au bord du volcan. L'homme mérite-il de disparaître ? A-t-il si peu la volonté de contrecarrer l'action humaine sur la planète qu'il pointe volontairement un revolver contre sa tempe. L'humanité est-elle si stupide ?
Fred Vargas pointe du doigt le cancer du monde : le profit. Tout est dédié à ce Dieu suprême, intouchable, immortel. Les responsables politiques, pour qui le mot décroissance est une abomination, sont dans l'incapacité de faire changer les choses, trop de pressions des lobbies ou par souci d'une réélection ; ainsi nous seuls, par le puissant pouvoir de nos achats intelligents et de nos non-achats, pouvons mettre de bonnes poignées de grains de sable dans ce système capitaliste suicidaire.
A cet effet, Fred Vargas nous inonde de chiffres dans tous les domaines. Je n'en citerai qu'un seul : avec le tiers de la production mondiale de céréales, soit la part destinée à l'alimentation des animaux d'élevage, nous pourrions nourrir 3 000 000 000 d'humains. Alors, ou est notre bon sens ? Les chiffres sont là, incontestables, criants de vérité et de désespoir.
Il peut être regrettable de constater que l'auteure use d'un humour loin d'être du meilleur niveau pour faire passer des propos hautement déprimants, mais l'essentiel est ailleurs, dans notre attitude commune qui ne souffre d'aucune clémence. Oui l'homme est coupable et son lourd châtiment n'aura rien de divin.
A lire, à relire, mais surtout à faire circuler d'urgence pour réveiller d'inconscientes consciences.
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