" Face au vent " de Jim Lynch 13/20
Installés au bord du Pacifique, au cœur de la baie de Seattle, la famille Johannssen ne vit que par et pour la voile. Ainsi, Grumps, le grand-père, dessine des plans de voiliers, Bobo Jr, le père les construit et Marcelle, la mère, étudie leur trajectoire. Peu importe le temps, chaque dimanche la mer les réunit pour une séance d'embruns. Par conséquent, les enfants, Bernard, Josh et Ruby, tous biberonnés aux vents salés, se sont vite piqués au jeu, d'autant que la cadette n'a pas son pareil pour deviner d'où le vent, même léger, va souffler. Cependant, le jour où Ruby, alors qu'elle était en tête, zappe volontairement sa qualification aux jeux olympiques, la famille vole en éclats.
Chacun sa route, chacun son chemin, comme le chantait Tonton David. En effet, pas facile de filer à l'unisson quand chacun aspire à vivre sa vie, à obéir à ses propres désirs. Ainsi, Bernard, épris de liberté, rebelle à la société et recherché par la police, s'embarque sur un voilier avide d'autres horizons plus ouvert à ses pensées libertaires ; Ruby, ne conçoit sa vie que dans l'humanitaire et file en Afrique ; quant à Josh, il n'est heureux qu'en côtoyant les voiliers et leurs propriétaires farfelus, ceux qui jouent les plaisanciers du dimanche idéalisant un projet de tour du monde sur un rafiot qui se brisera à la première grosse vague. Très vite, Josh deviendra un as de la réparation naval, et en réconciliateur invétéré il deviendra aussi celui des cœurs. Sous la narration de Josh, petit à petit, la véritable personnalité de chacun va se révéler. Les failles, les tensions, principalement instillées par le caractère autoritaire et bourru du père, vont diffuser des ondes négatives amenant une lame de fond de rejet qui les éparpillera tous. Une occasion de retrouvailles se fera jour, peut-être pour mieux se quitter à nouveau.
Pour s'opposer à un système capitaliste cannibale, pour tenter l'expérience d'une utopie inspiratrice du grand soir, Bernard et Ruby vont accorder leurs pensées à leur façon de vivre, mais doit-on au nom d'une idéologie libertaire déconsidérer ce qui ont peu d'ambition ? En effet, Josh se contente de rester sur place et d'affronter les soucis familiaux d'un père dominateur et d'une mère perdue dans ses équations, car son plaisir est là, au cœur de l'entretien de voiliers, magicien de la bricole et des relations humaines, il agit pour le bien de tous, même bénévolement, qui osera le condamner ?
La plume de Jim Lynch est belle et ample, la narration adroite, il possède un vrai lyrisme maritime, malheureusement, en grand connaisseur des voiliers, il noie le lecteur sous un accastillage de termes techniques propres au monde de la voile. De même, il me manque des navigations autres que ces courses de skippers, des navigations où il n'est pas question de performances, de vitesse et de records, des navigations où le plaisir simple de respirer la mer, de la regarder, de l'admirer stérilise toute idée de compétition. Sans oublier le rebondissement final concernant Ruby qui se voit arriver au port depuis un bon paquet d'encablures. Dommage. Vraiment dommage.
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