" Serge " de Yasmina Réza 17/20
Chronique familiale aigre-douce, doublée de la question de la mémoire et de ses conséquences.
Dans la famille Popper, les vieux meurent comme ils peuvent, les enfants grandissent aussi comme ils peuvent et les amours, naturellement, se déploient comme ils peuvent. Tout le monde fait ce qu'il peut, avec ses propres moyens, mais est-ce suffisant ? D'autant que chacun a un avis sur chacun, forcément pertinent et différent. Ainsi, tout le monde a sa vérité. Allez vivre avec tout cela !
Yasmine Réza écrit sur la fratrie, sur la dépendance des liens familiaux. Ces liens étant à la fois une folle damnation et un pur bonheur. Être unis pour la vie, ne jamais se sentir vraiment seul(e) pour vivre les pires moments de la vie. Liens irremplaçables, imputrescibles, mais parfois si lourds.
Derrière la grande quantité de dialogues, on devine la dramaturge confirmée aux répliques cinglantes, pleines d'humour et de vérités cachées. Tous ces griefs mal digérés, ces rancunes inassouvies ressurgissent, oui, mais pas n'importe où : lors d'une visite en famille du camp d'extermination d'Auschwitz ! Gros malaise. Il fallait oser. Yasmina ose et elle a raison. Elle remet en question ces visites obligatoires dans les camps de la mort, où les tenues négligées, les selfies, les rires, sont des affronts sans nom face à l'ignominie des camps d'extermination.
Yasmina Réza multiplie les points de vues, elle s'empare du drame de la vieillesse, ce moment de non-retour qui vous saute à la gueule, mais que rien ne pourra incurver. La vieillesse a sa propre trajectoire, assurément désespérante, affligeante pour ne pas dire mortelle !
Douée d'une ironie ravageuse, Yasmina Réza signe un roman follement désenchanté. Nos égocentrismes sont sur la sellette, ridicules et pourtant si humains. Entre tragique et comique vous dis-je !
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