" Les enfants d'Alexandrie " Tome 1 du cycle " La reine oubliée " de Françoise Chandernagor 15/20
Des amours de Marc Antoine, chef de l'empire d'Orient, et de Cléopâtre, reine d'Egypte, sont nés trois enfants, d'abord les jumeaux Alexandre et Séléné, puis le petit dernier, un enfant souvent fragile, Philadelphe. Ces princes et princesse sont élevés dans l'or et la pourpre du Quartier-Royal d'Alexandrie auprès de leur demi-frère aîné, Césarion, le possible futur pharaon né de César et de leur mère Cléopâtre. Tous sont encore si jeunes et si insouciants quand un cataclysme venu de Rome s'abat sur eux.
Usant de plusieurs formes de narration : le romanesque, le documentaire historique et le questionnement de l'autrice, Françoise Chandernagor nous propose de nous immerger dans une époque de l'antiquité de façon ambivalente. Elle prend du recul sur les faits, le temps de s'interroger sur les silences béants de l'Histoire, elle les analyse, tente de les combler, par rapport à nos connaissances actuelles et elle essaye de mettre tout cela sur le papier en jouant franc-jeu avec le lecteur, n'hésitant pas à intervenir en pleine narration pour faire la part entre le mythe et la réalité. Cela donne un récit forcément intéressant, haché de controverses, et bourré d'érudition adventice qui peuvent devenir lourdingues. Un vrai challenge pour l'auteure.
En dehors d'une construction baroque, la force de ce récit réside principalement dans les dernières lumières de la dynastie des Ptolémées, jetant au monde ses ultimes feux, avant de sombrer après plus de trois millénaires d'existence. Sans oublier les jeux de pouvoirs, les manigances et les innombrables traitrises qui ponctuent le roman. Mais surtout, Françoise Chandernagor nous décrit toute la magnificence de la ville d'Alexandrie, le joyau de l'Egypte aux colonnes d'albâtres, aux avenues pavées de marbre, aux palais plus splendides les uns que les autres, sans oublier l'une des merveilles du monde : le célèbre phare.
Même si le déroulé de la narration a de quoi désarçonner un lectorat de facture classique, on peut choisir d'ignorer le côté décousu de l'ensemble pour ne retenir que la trame effroyable de cet épisode de l'Histoire de l'humanité. Néanmoins, il reste en mémoire Cléopâtre et Marc Antoine, deux monstres sacrés, deux perdants magnifiques, deux êtres au destin exceptionnel.
De surcroît, ce n'est que le premier tome d'une tétralogie. A suivre...
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