27 mars 2023


 " Liv Maria "   de Julia Kerninon   16/20

      Née d'un père norvégien au profil de géant et grand raconteur d'histoires, et d'une mère bretonne, chétive et taiseuse, Liv Maria Christiansen vit sur l'île natale de sa mère dans une douce quiétude. Entourée de l'amour de ses parents et de ses oncles, elle a tout pour entrer harmonieusement dans la vie. Cependant, une aggression sexuelle va tout bouleverser. Elle devra quitter le cocon familial pour étudier à Berlin chez sa tante où une grande histoire d'amour l'attend, mais qui s'arrêtera contre sa volonté. Cet amour brisé aura une résonnance délétère tout au long de sa vie.

      Difficile d'en dire plus sans divulguer ce qui fait l'essence même du roman, sa force, son attractivité, son intérêt. Trop de critiques ici ou là sont trop bavardes, c'est simple, tout y est dit. A quoi bon lire dès lors ?

      Disons seulement que Julia Kerninon nous propose un subtil portrait de femme assoiffée de liberté de l'adolescence jusqu'à la quarantaine. Victime d'un destin acerbe, Liv Maria fait face ou prend la fuite, n'aspire-t-elle pas à prendre la poudre d'escampette quand les cartes s'assombrissent ?

      Dans une vie, on est souvent amené, par la pression du milieu dans lequel on vit, à endosser plusieurs identités, dès lors, comment faire pour les concilier toutes ? Comment ne pas s'y abimer au risque de perdre son âme, de se renier ?

     Autre point important bien mis en valeur dans le roman : autant il est facile d'avouer une erreur ou une faute de son propre gré le plus tôt possible, autant le temps passant, cela devient de plus en plus difficile, voire impossible, de confesser un fourvoiement.

      A noter qu'un hasard des plus improbables est à l'origine du secret de Liv Maria, néanmoins, sans cette coïncidence, le récit perd son intérêt, on est donc amené à vite l'oublier. A noter également cette ode à la joie de la lecture qui traverse l'oeuvre de part en part, d'aucuns s'y reconnaîtront.

      Liv Maria est l'itinéraire accidenté d'une femme qui se voit libre, mais qu'un secret condamne à l'instabilité. Ou comment rester une femme libre lorsque l'on a beaucoup vécu et lorsque l'on devient épouse et mère ?


21 mars 2023

 Petit aperçu du jardin printanier 2023

Partie 1



Des camélias sans la Dame !



Au sous-sol et dans la nuit,

les endives s'éclatent !



Pas de printemps sans jonquilles.



La reine des salades d'hiver : la Mâche, même au printemps



Très jeune prunier en fleurs,

avec une visiteuse en prime.




C'est parti pour les échalotes, des alliacées qui jamais ne grelottent !



Perdue dans la verdure : une généreuse jacinthe



Même sur des gravillons, les violettes prennent leur aise.



Planté à l'automne, l'ail s'encanaille sous la paille !



Fleurs de pêcher sous ciel inquiétant.



Vue d'ensemble ou presque !

A bientôt.

17 mars 2023




 HAÏKU   Partie CLXXIII


°°°°°°°°°


tous ces bourgeons gonflés

le spectacle va commencer

prenons place !



en ces temps sombres

les premières jonquilles

un océan de promesses



perdu dans le ciel bleu

cent petites fleurs blanches

le prunier sort de l'hiver



soleil de printemps

de ses longs bras tièdes

réchauffe nos âmes



premières jonquilles

le petit Romain a ri

les promesses de l'aube



3 mars 2023


" La conjuration primitive "   de Maxime Chattam   15/20 

      Une épidémie de meurtres d'une rare sauvagerie ravage la France. Tous ont un point commun : leur signature : un astérisque accolé à la lettre e. Ainsi, là où ils se commettent, les scènes de crime semblent se répondre, entrer en écho, tel un langage sordide ou un jeu obscène. A combien de tueurs a-t-on affaire ? Se connaissent-ils ?

      S'il est un romancier obsédé par le mal, il s'appelle Maxime Chattam. De roman en roman, le mal l'obnubile, l'accapare, l'envoûte, au point que l'on peut se poser des questions sur sa santé mentale. Heureusement, sa femme est là pour le faire revenir de ses idées noires, elle est son équilibre, indispensable.

      Avec ce récit, l'auteur nous emmène au cœur des pires déviances de la nature humaine. Tous, ces parias, ces détraqués prennent conscience que pour perdurer face aux lois protectrices de la société, ils doivent se rassembler dans le dessein de se protéger mutuellement et ainsi devenir une vraie force. Une force basée sur la loi du plus sauvage, du plus impitoyable, du plus barbare. Nulle barrière mentale pour les stopper, nulle conscience pour leur faire comprendre leur ensauvagement, ils sont sans limite. Le vice est roi, les bas-instincts sont ses valets.

      La construction du récit se fait étage par étage, la montée en puissance ne tarde pas à happer le lecteur, pour ne plus le lâcher jusqu'à un final un rien improbable, que l'on peut pardonner tant l'intensité de l'intrigue nous tient en haleine. Il faut noter la roublardise machiavélique de l'auteur qui n'hésite pas à supprimer, en plein roman, des personnages principaux pour redynamiser le propos. Aurait-il été inspiré par Le trône de fer ?

      En grand malin de l'effet miroir, Maxime Chattam nous parle de nous. De nos sombres instincts hérités de la nuit des temps, à l'époque où le danger était partout : venu d'un animal sauvage ou d'une tribu rivale. Après de longs moments de tranquillité, quand les temps redeviennent incertains, quand l'époque évolue vers des dangers nouveaux, notre vieux cerveau reptilien ne demande qu'à reprendre ses réflexes, ses pouvoirs, des pouvoirs aussi sombres que redoutables. Oui, le mal est en chacun de nous, peu de choses sont nécessaires pour le réveiller.

      Avec La conjuration primitive Maxime Chattam signe la fin de toute bienveillance avec l'apparition d'une sorte d'épidémie criminelle, qui, tel un virus, étale sa toile d'araignée sur le monde. Le mal à l'état brut. L'apocalypse arrive ! Sauvez-vous pauvres fous !