" Les Méditerranéennes " de Emmanuel Ruben 11/20
Décembre 2017, lors de la fête des lumières de Lyon, Samuel retrouve sa famille maternelle, juive et exilée, tous fêtent Hanoukkah. A cette occasion, le chandelier familial s'allume bougie après bougie, chacune étant le prétexte pour les membres de la famille d'éclairer un morceau du passé en se remémorant leur propre histoire. Samuel, le petit-fils de Mamie Baya, s'imbibe de tous ces récits. Ainsi, 57 ans après l'exil des siens, il décide de découvrir de ses propres yeux les lieux, ou ce qu'il en reste, où vécut, entre bonheur et tragédie, toute sa famille maternelle.
Emmanuel Ruben prend le prétexte du destin improbable d'un objet pour raconter les soubresauts du monde depuis des siècles ; à savoir, une ménorah, plusieurs fois perdue dans la poussière du temps et autant de fois retrouvée par la grâce d'un hasard bienveillant. De cette manière, le lecteur se voit ballotté de la Constantine du XIXème à Guelma en passant par Paris, Philippeville ou Jérusalem. Emmanuel Ruben a un certain talent pour construire des personnages hauts en couleur, à la gouaille indépassable, aidé en cela par une plume agile et malicieuse qui glisse admirablement sur les contours et les débordements de la narration. Ses précisions historiques ne manquent pas de pertinence et de revendications. Agréable plaisir de circuler dans la ville atypique de Constantine en sa compagnie, il sait mettre les accents où il le faut et le doigt où il ne faut pas, sous peine de réécrire l'Histoire.
Néanmoins, malgré l'intelligence de la première partie, ça fini par partir dans tous les sens, à coups de flash-back systématiques, de liens familiaux sans fin et de passages obscurs. Epuisé et essoufflé par toutes ces allées et venues, je finis par décrocher avec une nette impression de gâchis. En effet, en voulant entremêler dans un tourbillon incessant le passé avec le présent, l'histoire se prend les pieds dans le tapis du temps et se casse irrémédiablement la gueule. Pourquoi vouloir à tout prix ce capharnaüm narratif ? Pour faire moderne ? Stop aux arabesques temporelles, un récit plus maitrisé m'aurait enthousiasmé, au lieu de cela j'ai perdu le nord plus d'une fois sans jamais le retrouvé, dommage.
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