18 mars 2025

 " Cartel 1011 " Tome 1 : Les bâtisseurs " de Mattias Köping   18/20

      La péninsule du Yucatan est située entre le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, le lieu est paradisiaque, néanmoins, depuis des siècles, un déchaînement de violence effroyable s'y déploie. Descendants des premiers conquistadors, le clan Hernandez règne sur toute la région sous le nom d'un conglomérat : la COMEX, regroupant le BTP, les laboratoires pharmaceutiques, le réseau des eaux, l'agro-alimentaire et le tourisme, à coup d'intimidations et de corruptions, voire d'assassinats, quand ils ont affaire à des personnes incorruptibles. Actuellement, la sphère très influente des Hernandez planche sur un projet colossal : le train Maya. Véritable construction écocide visant à la destruction d'une vaste partie de la forêt équatoriale de la péninsule, de ses animaux et de ses autochtones.

      Au même endroit, entre Cancün et Tulum, vient d'apparaître un nouveau cartel : le 1011, pour asseoir son hégémonie sur les trafics internationaux, ces hommes sont prêts à tout, avec l'idée que tout obstacle devra être anéanti.

      Mattias Köping frappe très fort avec ces histoires de grands criminels à l'appétit sans limite et sans frontière. Tout peu s'acheter et tout peu se vendre : drogues, armes, sable, animaux exotiques, corps, âmes et surtout les consciences. Le peu de quidams osant leur tenir tête sont condamnés à disparaître, mais toujours dans d'atroces souffrances. L'auteur nous met en garde de cette sauvagerie inédite qui pourrait bien apparaître en Europe. Pour ce faire il nous donne les clés de compréhension du système mafieux de l'intérieur. Il nous explique le processus de corruption mis en place par des hommes sans interdit. Ainsi, on comprend mieux les rouages d'une telle mécanique infernale de destruction. D'autant plus que cette machine de guerre est alimentée en permanence par la misère, l'exil et la surpopulation.

      Que ce soit la COMEX ou le Cartel 1011, chacun cultive la négation de l'être humain, la glorification de l'argent roi et l'impunité absolue de toutes les dérives imaginables et même inimaginables. Au-delà des limites il n'y a plus de limites.

      A noter qu'une recherche importe en documentation a dû être nécessaire pour aboutir à un tel rendu. Malheureusement, captivé par ce premier opus, il faudra que je m'arme patience avant de pouvoir lire les deux tomes suivants. 

      A la lecture de la puissance du mal qui nous entoure, une question légitime se pose d'emblée : Avide de richesse, concupiscent aux désirs éternellement inassouvis, corruptible jusqu'à la moëlle, sadique à l'extrême, prédateur de toute vie sur la Terre : l'Homme, mérite-t-il de vivre ?

     Ce roman magistral et fascinant est un coup de poing dans la gueule pour narrer l'indicible. Un livre totalement inoubliable. Un acte d'explication fort sur l'état de déréliction de notre monde. D'ailleurs, ce roman est si diabolique, si cynique, qu'il pourrait emprunter sans la moindre honte le titre du premier livre américain de Daniel Ray Pollock, paru en 2011 : Le Diable, tout le temps. Pour lecteur averti.

      

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