13 oct. 2025

 



" Le voyant "   de Jérôme Garcin   15/20

      Jacques Lusseyran est né en 1924, un malheureux accident le rend aveugle à 8 ans, il devient résistant à 17 ans, puis la Gestapo l'arrête et le déporte à Buchenwald. Libéré par la troisième armée du Général Patton, il écrit son premier livre " Et la lumière fut ". A l'âge de 34 ans, peinant à trouver sa place dans la société française, avide d'autre chose, il file aux Etats-Unis en août 1958 enseigner la littérature. Sa faconde, son attitude, sa lumière intérieure, lui vaudront un succès immédiat. De retour en France, il perd la vie dans un stupide accident de la route en août 1971.

      Jérôme Garcin rend hommage à un homme fascinant mais relativement peu connu : Jacques de Lusseyran, dans un récit biographique sobre, précis et factuel. Aucune extrapolation ne vient ternir ce récit qui ne manque pas d'envergure, tant le personnage remplit l'espace par son charisme. J'ai même eu l'impression que la cécité avait servi de révélateur à cet homme qui dû partir à l'étranger pour que sa valeur soit enfin reconnue.

      Comme derrière chaque homme, même remarquable, se cache une part d'ombre, Jérôme Garcin, loin de toute hagiographie, lève le voile notamment sur la dépression de Lusseyran et sa rencontre, puis son attirance intellectuelle, envers George Saint-Bonnet, une sorte de gourou épris d'anthroposophie, une doctrine spirituelle inventée et développée par Rudolf Steiner en 1920. D'ailleurs la première femme de Lusseyran, Jacqueline Pardon, finira par divorcer pour épouser le mentor ésotérique. L'auteur n'enjambe pas non plus la vie personnelle, pas toujours reluisante à l'égard de ses enfants qui se sentirent littéralement abandonnés.

      Sous les mots savamment jaugés de l'auteur, on devine un être ébloui par les femmes (d'ailleurs il se mariera trois fois), un être lumineux, passionné de culture littéraire, dont le seul vrai plaisir est la transmission, comme s'il voulait éclairer la vie des autres de son feu intérieur, dans un joie inextinguible et follement communicative.

      Sans Jérôme Garcin, le nom de Lusseyran serait resté dans la pénombre poussiéreuse de l'Histoire de France. Sa vie, ses convictions, ses activités, furent un tel flambeau pour l'humanité, qu'elles ne feraient presque douter de sa cécité.

      Cette courte biographie est une réhabilitation d'un homme lucide et clairvoyant, dont la ligne de conduite et la force intrinsèque force le respect.


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