7 avr. 2014




" L'été de cristal ", " La pâle figure ", " Un requiem allemand ", l"ensemble formant : " La trilogie berlinoise " de Philip Kerr   18/20



Ces trois romans policiers ont pour toile de fond le III ème Reich, pendant des dates charnières, telles que 1936 et 1938, puis en 1947 dans une Allemagne meurtrie en ruine.

Ne comptez pas sur moi pour vous narrer les intrigues (brillantes), car l'essentiel tient dans les tenailles épouvantables de l'époque où elles se déroulent.

Il vous faut juste savoir que le personnage central : Bernie Gunther, trop écœuré par la prise en main des rouages de l'état par les fascistes, et voulant conserver sa dignité, vient de démissionner d'un poste de commissaire de la police berlinoise.

Il s'installe donc comme détective privé dans un Berlin en ébullition, où les disparitions se multipliant, lui fournissent une clientèle certaine.

Désabusé et courageux, perspicace et insolent, probe et galant, Bernie devient au milieu d'un extrémisme conquérant, un homme esseulé, témoin dépité de son époque où la démocratie se délite.

Saviez-vous qu'à Berlin pour les Jeux Olympiques de 1936, les livres interdits par le régime ont été remis en vitrine dans les librairies, pour faire croire aux regards des visiteurs étrangers à un pays faussement accusé d'intolérance ! 

Dernière enquête en 1947, dans une Vienne en reconstruction mais corrompue de part en part, où l'espionnage entre l'Est et l'Ouest prend toutes ses lettres de noblesse.
Où les américains, n'hésitent pas à s’acoquiner avec des nazis recherchés, afin de mieux combattre leur ennemi commun : les soviétiques !
 
Ces enquêtes, nous font côtoyer des actrices et des prostituées, des psychiatres et des grands patrons, des militaires et des traîtres, tout un  monde interlope.

Mais ici, les principaux protagonistes s'appellent Heydrich, Himmler, Goering ou Nebe, d'où une plongée dans le glauque et le sordide et cela fait toute la différence avec un banal polar.
D'autant que ces histoires sont grandement documentées, d'où une sensation puissante de réalisme.

Plus une narration bigrement ciselée, digne d'un orfèvre, et des scénarios ou scénarii machiavéliques nous font ressentir l'oppression nazie, telle une main de fer nous privant d'oxygène.

On perçoit ici fortement battre le coeur d'un Berlin exsangue, où toute survie passe par une abnégation de ses principes, car l’après guerre est un autre enfer, notamment sous la botte russe.

Pendant ces lectures, des réminiscences cinématographiques en noir et blanc remontent involontairement à ma mémoire, il s'agit de deux films cultes, qui distillent parfaitement cette atmosphère délétère, je veux parler de " M le maudit " de Fritz Lang, et de " Le troisième homme " de Carol Reed, très célèbre pour sa musique signé Anton Karas.

Du grand policier instructif, d'une époque parmi les plus noire du siècle dernier.
Bref mille pages qui se lisent d'un trait, sans effort, pour nous ouvrir les yeux sur les abîmes de l'âme humaine.
Cette trilogie s'est vue récompensée en 2010 par  le " Prix des lecteurs ", précipitez-vous !



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