" L'ombre du vent " de Carlos Ruiz Zafon 17/20
En plein coeur de la cité, imaginez une discrète et atypique bâtisse en pierre, cachant en son sein une ancestrale bibliothèque répondant au nom de " Cimetière des livres oubliés ", le tout dispatché sur plusieurs étages dans un labyrinthe inexpugnable.
Un libraire y amène son fils de 10 ans ; Daniel, afin d'y adopter l'un d'eux. Le livre choisi l'aspirera dans un maelstrom d'aventures folles et endiablées, parcourant ainsi de long et en large cette magnifique ville qu'est Barcelone.
D'emblée ce titre insolite : " L'ombre du vent ", avec sa petite touche surréaliste ( Salvadore Dali n'est pas loin ! ) nous interroge vivement, extrapolant sans le dire une histoire quelque peu abracadabrantesque d'étrangeté, de magie, de poésie et de nostalgie, tout un univers typique de son auteur. D'ailleurs tous ces livres sont facilement identifiables grâce aux mêmes ingrédients utilisés, mais toujours réinventés pour mieux saisir son lectorat.
L'incipit m'a littéralement absorbé, par son originalité, son écriture et une dose rafraîchissante semblable à un parfum d'autrefois.
Ce roman peut se résumer au parcours initiatique d'un jeune barcelonais qui, à cause d'un simple livre, verra sa vie basculer dans les méandres nauséabondes du passé.
Sa quête l’amènera à rencontrer des personnages truculents, passionnés, mais aussi cyniques, revanchards et misanthropes.
Ses désirs purs d'adolescents seront bouleversés par les grands thèmes de la vie : Son rapport au père, les grandes déceptions, l'amitié sincère et totale, la mansuétude, les remises en questions, la condition humaine, mais surtout ses premières relations avec la gente féminine, pour terminer par l'amour passionné et absolu, vaste programme !
Son parcours sera intimement lié à celui de l'auteur du livre qu'il a choisi dans la vieille bibliothèque : " Julien Carax" , au point qu'ils finiront par se confondre dans une danse de feu émouvante et macabre.
Sous-jacent le vernis barcelonais, un monde interlope se dessine au fil des pages, consolidant les fondations du récit.
Les énigmes qui fourmillent le long de la lecture, semblent imbriquées les unes dans les autres telles des poupées russes, au point que je redoutai une immense déception avec une fin alambiquée, mais non, tout fini par s'expliquer dans le final.
Mais indéniablement, le personnage central de cette oeuvre, c'est Barcelone, que l'auteur magnifie par des descriptions qui me donne envie de me jeter dans le premier avion en partance pour la Catalogne. On ne peut se lasser au crépuscule, des jeux de lumières dont le soleil inonde la cité, telles des coulées de cuivres liquides, rebondissant sur les façades des maisons typiques de la vieille ville.
Certains personnages sont tellement attachants qu'ils me manquent cruellement une fois la lecture achevée, on aimerait les rencontrer en vrai, discuter avec eux, les serrer dans nos bras, l'empathie joue à fond, n'est ce pas le signe d'un roman réussi ?
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