9 juin 2014


Feux de Juin.


En cette exceptionnelle fin de matinée de juin, un soleil incendiaire règne en monarque absolu sur mon espace vert. La puissance insolente de sa clarté fait bénir le moindre petit coin ombragé.

Partout la sève bouillonne en festivité volcanique, quantité de parfums s'épanchent sans vergogne dans l'air surchauffé : débordant ici d'une glycine philanthrope ou là d'un sureau bienfaisant, dans cette nature en effervescence, tout vibre, tout frétille, tout déborde, tout s'enfièvre, tout s'enflamme, face aux électrisant feux solaires.

Cette fougueuse agitation bruisse à mes oreilles comme une suave caresse auditive.

Trop rarement, l'ombre d'un tout petit nuage galopin et chahuteur, vient valser sur cet océan de verdure.

Cette prodigieuse dépense de rayons, telle une coulée intarissable d'or fluide, inocule un sentiment d'extase à tout le monde des vivants.

Écoutons ce faux-silence de la nature heureuse, agrégat harmonieux de mille musiques : piaillements d'oisillons affamés dans les nids, bourdonnements joyeux d'abeilles en plein travail, discrète palpitation du vent, roucoulements hystériques sous les feuillages, chants émerillonnés de myriades de fleurs, doux murmure de l'herbe qui pousse, fragile mélopée du sol ; incarnant le chant de la terre avec un chœur de vers au coeur du vert !

Le flamboyant disque solaire, empourpre et allume les tulipes, qui se métamorphosent en variété de flammes, incendiant le décor, autour d'elles virevoltent les abeilles, véritables étincelles vivantes de ces fleurs de feu.

N'importe où, d'innombrables papillons blancs sont comme des billets doux que les fleurs s'échangeraient.

D'ores et déjà le ciel se convertit en nappe bleue, la terre en nappe verte, la table est mise, c'est l'heure du déjeuner !

Des hirondelles gourmandes tournoient dans l'éther tiédit, puis avec agilité, décrivent d’inouïes arabesques à la poursuite d'abondants et insouciants insectes volants ; gigantesque ballet aérien ravissant l'oeil le plus critique.

Le chardonneret trouve de la stellaire, le pinson de l'orge, le rouge-gorge des vers, l'abeille de la consoude, la mouche des infusoires, le passereau des mouches,  les coccinelles des pucerons, les pucerons la sève des plantes, les plantes les sels minéraux et oligo-éléments du sol, etc...

Il faut l’avouer, dans l'élan général on se mange bien un peu les uns les autres, ce qui est la loi de la nature après tout, mais ainsi, pas une petite bête ne jeûne !

Ici, tout aspire le bonheur simple de vivre, d'exister. L'orchestration et l'équilibre de l'ensemble dévoile une allégresse et une félicité universelles.

Gonflés d'une espérance nouvelle, le monde végétal et animal triomphent des morsures de l'hiver.

La silhouette de ma femme, assise au frais sous son châtaignier dans sa robe d'ombre trouée de lumière, médite de tant de beauté bucolique.

Soudain le souffle d’Éole fait tournicoter un essaim de poussière diaprée, comme pour balayer les miettes du repas.

Ô divin astre, merveille de la nature, soit remercié pour ce spectacle agreste.



1 commentaire:

  1. c'est poétique, frais et reposant, un agréable moment de lecture délassante, à l'opposé des rumeurs de la ville;

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