" Dans la peau d'une djihadiste " d'Anna Erelle
Un livre témoignage qui glace d'effroi !
Anna Erelle (nom d'empreint) est une jeune journaliste passionnée par son métier. Elle enquête sur les réseaux sociaux de l'Etat Islamique, visionnant des centaines de vidéos sur le net, et un jour, sans l'avoir vraiment cherchée, un djihadiste français faisant la guerre en Syrie, rentre en contact avec elle, il l'invite à venir discuter par l'intermédiaire de Skype. Ravie de cette source d'information improbable, elle hésite un temps, puis s'invente un profil Facebook : Mélanie, une jeune française de 20 ans, en plein doute sur la France, et qui se cache de sa famille pour pratiquer sa religion, et surtout, ce procure un hijab pour être crédible.
L’escroquerie fonctionne. Le djihadiste s'appelle Abou Bilel al-Firansi, vite les promesses pleuvent : il invite Mélanie à venir le rejoindre en Syrie, ils se marieront, elle sera sa princesse, il lui achètera un palais, la vie sera belle ! Stupeur d'Anna Erelle ! Que répondre ? Habile dans le dialogue, d'autant que Bilel ne se préoccupe que de lui, Anna saura le faire parler... Mais la schizophrénie guette.
Même si la mise en abîme prend quelques pages, ce témoignage permet de rentrer sans filtre, dans la perfidie des techniques de recrutement, avec des ficelles qui peuvent sembler grosses à un public adulte, mais diablement efficaces, devant la détresse d'une partie de la jeunesse française qui se sent bafouée, négligée, voire niée par l'état français. Cette oreille sournoise qui leur est tendue, plus un dialogue sophistique bien rôdé de propagande pure, peut devant leur vulnérabilité, les inciter à quitter notre pays pour un autre, qui semblerait être capable de leur redonner une dignité, un but, une verticalité. Naturellement tout y est fallacieux, on nage en pleine aberration, mais cela existe, se passe aujourd'hui chez nous, et le problème est loin d'être réglé.
Lors de ses entretiens avec Bilel, Anna Erelle apprendra qu'il est loin d'être n'importe quel terroriste, puisqu'il est le bras droit français d'Abou Bakr al-Baghdadi : calife de l'organisation Etat Islamique, recherché internationalement. Et qu'il se vante d'avoir assassiné pas moins de 50 000 mécréants ! Une horreur pure !
Difficile dès lors de rester de marbre devant ces énormités balancées entre deux mots d'amour. La journaliste en devient presque schizophrène avec son jeu ambigu de double personnalité.
Comme un polar on est pris par l'angoisse macabre du récit, la lecture s’accélère au fur et à mesure que la fin se profile, d'autant que rien ne se passera comme prévu, ce qui explique le nom d'empreint très utile pour signé ce livre.
Cette enquête finira par affecter psychologiquement Anna Erelle, sa vie en sera bouleversée, puisque aujourd'hui elle est menacée de mort.
Un témoignage cinglant sur une réalité écœurante de folie meurtrière qui s'affirme jour après jour de plus en plus présente dans notre quotidien. Quand et comment l'ensemble des pays démocratiques se réveilleront-ils pour cautériser cette plaie purulente ?
Volontairement je n'ai pas noté ce livre, qui témoigne d'un drame trop actuel, cela aurait été déplacé.
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