5 juin 2015


" Viscères " de Mo Hayder   15/20



Je lis peu ou prou de polar. Par choix, car l'originalité devient rare devant la pléthore de titres proposés. Mais là, avec cette critique plutôt dithyrambique de Lire, je refais un essai. D'autant que cette photo de couverture m'intrigue et m'angoisse : Un ver de terre enroulé autour d'un hameçon ! Et tout ça en gros plan ! Ecoeurant, donc indispensable ! Et je ne parle pas du titre, qui à lui seul est tout un programme de réjouissances macabres !

Il y a quinze ans, deux amoureux ont été retrouvés sauvagement assassinés, puis éviscérés dans un bois jouxtant la maison de campagne les Tourelles de la famille Anchor-Ferrers. Le principal suspect, qui a avoué les crimes, est depuis sous les verrous. Mais aujourd'hui, de retour dans leur propriété, alors qu'Olivier le père qui vient d'être opéré du coeur, profite de ce refuge pour récupérer tranquillement, que Matilda, la mère, s'affaire dans son jardin en friche, et que leur fille Lucia s'isole avec sa chère chienne baptisée Ourse, une découverte macabre va les faire tous odieusement replonger dans une terreur qu'ils ont déjà vécu quinze ans plus tôt. La même journée, surgissant de nul part, deux flics bizarres viendront enquêter sur la disparition de leur propre femme de ménage, puis... les ténèbres noirciront leur futur immédiat.

En parallèle, le commissaire adjoint Jack Cafferty, toujours hanté par la disparition de son jeune frère, est en pleine période de vulnérabilité. Cependant, par un biais des plus improbable, il va se retrouver avec un petit chien perdu, qui lui réservera bien des surprises.

A la vue du titre, de la photo de première page, et de nos deux amoureux éviscérés, on peut s'attendre à une histoire des plus glauques, et on aura assurément tort. Oui, hormis ces incartades sanglantes, qui ne sont là que pour attirer le chaland, et disons-le pour tromper le lecteur d'emblée, l'essentiel du roman n'est pas un thriller dégoulinant d'hémoglobine, oh que non ! Mais un polar plutôt finement ciselé, qui tient la route grâce à la corde du suspens, dont Mo Hayder est une reine. En grande peintre de l'angoisse elle sait distiller avec parcimonie les faux-semblants, les ruses, les oppressions, les mensonges et l’inconcevable animalité humaine. 

Pas de perte de temps, dès la première scène, l’inquiétude criante est là ! Moteur puissant qui précipite le lecteur dans une lecture effréné, tant l'envie d'en savoir plus, tenaille celui-ci.

Mo Hayder sait faire ; la structure de son roman est excellente, les rebondissements sont brillants, les personnages incarnés, surtout celui du flic, poursuivit psychologiquement par ce frère disparu, sans doute assassiné par un pédophile, mais est-ce la vérité ?

Une mention particulière pour le chapitre final, qui grâce à une ultime révélation inattendue, stupéfie le lecteur en le laissant douter de ses certitudes. Une performance.

J'ai juste à regretter quelques invraisemblances non rédhibitoires, mais surtout qu'il faille tourner 441 pages, pour enfin connaître la vérité ! Une édulcoration certaine aurait permis, en synthétisant le propos, d'intensifié encore plus le récit.

Bref, le roman idéal pour ceux qui aiment se laisser manipuler, mais aussi pour ceux qui prenne plaisir à regarder derrière le rideau de la vérité officielle, afin d'en extrapoler une autre vérité, plus proche de la réalité. Moi-même, je l'ai soupçonnée à un moment, mais je ne suis pas là pour me vanter, cependant, tous les éléments nécessaires à l'élucidation du mystère sont écrits noirs sur blanc dans le roman, mais encore faut-il savoir les repérer et les mettre bout-à-bout ! 

Ah ! C'est glaçant et diabolique vous-dis-je !

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