Une histoire moderne d’Éros et Thanatos.
Pour mieux nous faire aimer la vie, quoi de mieux que de fréquenter la mort ?
Ce récit contient tant de noirceur et tant de lumière, tant de souffrance et tant de bonheur, tant de crainte et d'espérance, que j'en tremble encore !
Ce récit contient tant de noirceur et tant de lumière, tant de souffrance et tant de bonheur, tant de crainte et d'espérance, que j'en tremble encore !
Hors de question de vous faire un résumé, il faut accepter d'en savoir très peu pour cheminer dans ce livre. Surtout ne lisez pas la quatrième de couverture qui dit tout. Maudite soit-elle !
Néanmoins, l’histoire se déroule dans Naples et ses environs. Le récit a beau s'articuler autour de deux années 1980 et 2002, jamais le lecteur ne perd le fil, au contraire une osmose opère entre ces deux périodes qui se répondent, comme une danse entre la vie et la mort.
Avec tout le talent qu'on lui connaît, Laurent Gaudé revisite le mythe d'Orphée. Ténébreux à souhait, ce roman possède un saisissant effet miroir nous ramenant à toutes ces personnes décédées que nous avons connues et aimés. Le souvenir qu'elles ont laissé dans nos mémoires collectives continue de nous faire avancer, comme-ci elles nous donnaient toujours la main. Et qui sait, le fait de penser régulièrement à elles, les maintient peut-être aussi dans un état second qui perdure. Perdure encore et toujours, jusqu'au jour où plus personne ne songera à elles. Oubliées dans la nuit des temps, elles seront, ce jour-là, définitivement disparues pour toujours.
Devant la douleur d'un décès impromptu et injuste, chacun de nous réagit de manière différenciée, la souffrance intime prend des formes, des manières parfois surprenantes. Tel est le cas ici où un personnage trouvera refuge dans la folie, et où un autre, dans un souci de corriger l'inacceptable, osera affronter le royaume des ténèbres.
La plume de Laurent Gaudé est douée d'une rare sensibilité, ses mots touchent, ses phrases savent émouvoir, quand elles ne nous laissent pas bouleversées par tant de justesse.
Et que dire de ses protagonistes, tous asphyxiés par mille forces qui les oppressent mais qui vaillamment résistent. Comme le dit si bien Souchon modifiant une citation de Malraux, qui lui-même a dû s'inspirer de Simone Weil : La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie !
Avec la conscience de tous ces deuils qui nous entourent, Laurent Gaudé nous invite à un voyage à travers le chagrin, certes, mais aussi au travers de la puissance de l'amour. Entre noirceur et éblouissement, cette fable poignante vous laissera profondément ému à la frontière entre la vie et la mort. Un roman universel et inoubliable !
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