Sérotonine, à 46 ans Florent-Claude a bien besoin de cette substance miracle qui aide les hommes à vivre... ou du moins à ne pas mourir. En effet, il aura fallu que notre Florent-Claude (prénom impossible) croise à une station-service une belle jeune espagnole (jamais revue) pour qu'il se rende compte du néant affectif de son existence, sans oublier celui aussi abyssal de sa vie professionnelle. Cette lucidité débute avec sa compagne actuelle : Yuzu, une japonaise avec qui il partage une relation devenue platonique dans un appartement parisien de grand standing. Il décide alors de tout plaquer et de quitter son poste au ministère de l'agriculture. Florent-Claude songe à fuir en Argentine... avant d'échouer dans un hôtel de la place d'Italie, bien moins exotique... quoique ! Isolé dans sa chambre, il fait le bilan de sa première moitié d'existence en commençant par ses amours : Claire, une actrice qui ne percera jamais ; Kate, l'avocate danoise qui le quittera pour l'humanitaire ; et Camille, l'ex-vétérinaire stagiaire ; cependant le monde social est un animal vorace qui détruit tout amour en construction. Puis, il se remémore son ancien camarade d'étude en Agro : Aymeric d'Harcourt-Olonde, qui a choisi de reprendre les terres agricoles familiales à Canville-la-Rocque. Mais les difficultés économiques arrivant et sa famille s'étant disloquée, ayant tout perdu, il se lance dans une jacquerie contre l'état et l'Europe.
Michel Houellebecq étale son blues d'homme moderne en panne érectile, à la chair triste et au moral en lambeaux. Il nous offre le pitoyable déclin de la classe moyenne imbue d'elle-même, avant de se répandre en une longue dissection de ses idées noires. Pas bien emballant comme résumé et royalement déprimant à lire. Bien sûr, Houellebecq fait du Houellebecq, sauf que là, l'empathie ne prend pas, ce Florent-Claude me laisse totalement indifférent. Personnage déplaisant, égocentrique, misogyne, qui aspire à tout, sauf à la sympathie. Il n'y a que son plaisir qui compte, celui de fumer dans les chambres d'hôtel en regardant la télé, belle perspective ! Celui de travailler le moins possible en gagnant un maximum, belle ambition ! Celui de tromper allègrement la gente féminine, beau programme ! Celui de critiquer ouvertement les écologistes, belle responsabilité planétaire ! Non rien pour le sauver, rien ; il est désespérément inintéressant et mérite grandement l'avenir sinistre qu'il se prépare.
Si aucun rayon de soleil, ni aucune lumière rasante ne vient éclairer le récit, l'écriture est de cette même veine, désabusée, sans le moindre élan littéraire, plat, vide, insipide. La sale impression que l'imagination manque à l'auteur, qu'il ronge toujours le même os, éperdument, désespérément. Apparemment les critiques ne s'en sont pas encore aperçu, il serait peut-être temps de leur dire.
Heureusement que Michel Houellebecq glisse la parenthèse du monde paysan en déclin, même si le désespoir est toujours là, on touche à un vrai sujet sociétal, à une sensibilité qui prend sens, à un singulier questionnement entre paysannerie et politique. L'auteur aurait pu relier cela à des perspectives environnementales plus saines, mais non, à quoi bon donner de l'espoir quand l'accablement, la désolation et l'affliction sont les seules conjectures que Houllebecq comprenne. Se vautrer dans la fange des bas-fond de la vie, voilà son ambition, son viatique, je le lui laisse !
Même si ce roman est à prendre au second degré, tout dégoulinant d'humour noir ou d'acidité gratuite, j'en ai ras-le-bol de ces personnages qui fument et boivent sans vergogne, qui roulent en SUV, qui sont ouvertement misogynes, homophobes, qui ont un phallus à la place du cerveau, qui critiquent constamment un pouvoir en place alors qu'ils agissent pire que lui. Bref, par connerie pure ou par goût de la provocation, tous ces protagonistes m'indiffèrent et m'emmerdent au plus haut point car ils salissent tout sans jamais être un chouilla constructifs. Qu'ils débarrassent le monde de leurs carcasses méphistophéliques et de leurs prosélytiques déprimes stériles, le monde n'a pas besoin d'eux.
Bon bah, je ne sais pas vous, mais moi, pour me remettre de cette lecture ennuyeuse, inerte et morne je prendrai bien un petit antidépresseur, d'où le titre du roman, certainement !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire