25 nov. 2024

 Petit aperçu du jardin automnal 2024

Partie 3



                        Neige en novembre, laisse Bouddha de glace !



Potager sous la neige, heureusement les chicorées Pain de sucre sont resistantes.



                     Toute dernière récolte de chayottes, gel oblige !



Certes, un jardin immaculé de blanc, mais pas facile d'y retrouver ses légumes racines.



                Profitons juste de la poésie de Dame nature.



                          Au soleil couchant, le relief apparaît.



Sans le vouloir, laissant toujours la nature faire, je viens d'obtenir un record de poids avec cette betterave rouge, au centre, atteignant pile poil les 1100 grammes !



Sous la serre, à l'abri de la neige, voici les dernières salades de l'année.



Petite curiosité avec cette Grosse Blonde Paresseuse d'hiver, possédant deux coeurs, allez savoir pourquoi ?



Cette année, même en cette fin novembre, les arbres ont vraiment du mal à se débarasser de leurs dernières feuilles.

A bientôt.

18 nov. 2024


" Le ministère du futur " de Kim Stanley Robinson   13/20

      Les Nations Unis établissent une nouvelle agence à Zurich en 2025 ; son objectif : prendre soin des générations à venir et protéger toutes sortes de vie sur Terre, sans oublier leur biotope. Un seul nom pour cette agence dédiée à l'avenir : le Ministère du Futur. Mary Murphy, une irlandaise, est désignée pour en prendre les rênes. Mary est une femme à la fois forte et diplomate. Cependant, comment faire plier ou obéir les maîtres du monde que sont les financiers, les PDG des multinationales, les producteurs d'énergie fossile, les puissants lobbys industriels, etc ? Une question vient vite la taroder : sera-t-il nécessaire d'employer des moyens à la limite de la radicalité ?
      Afin d'éviter l'effondrement de nos sociétés, l'humanité saura-t-elle emprunter le chemin de la sagesse, celle d'une coopération intelligente ?

      Attention, ma critique risque de divulgâcher un peu trop l'intrigue, néanmoins, je ne vois pas comment faire autrement.

      S'il est un roman au sujet brûlant, sans vouloir faire de jeu de mot, à l'heure où les catastrophes climatiques se multiplient, celui-ci en fait partie. Kim Stanley Robinson s'empare du risque de voir disparaître l'humanité pour écrire avec une rigueur scientifique et une imagination débordante les défis écologiques auxquels nous sommes déjà confrontés. Ce roman aux allures faussement dystopiques vire peu à peu dans un méli-mélo de solutions quelque peu contreversées, voire utopiques.

      Dès l'incipit, le ton est donné : de nos jours, l'Inde subit une canicule inédite faisant 20 millions de morts. Un seul survivant : Franck May, il en gardera une haine farouche envers toutes les personnes qui vivent comme-ci tout allait bien. Dès l'instant où il parvient à rentrer en contact avec Mary Murphy, de façon maladroite, celle-ci n'aura de cesse de bousculer le statut-quo mondial. L'auteur développpe alors des principes essentiels, plus techniques, pour nous faire comprendre les réticences et les grippages de la machine-économico-mondiale. Il dénoue les rouages, un peu complexe, fait proliférer les explications, qui, soyons honnête, trouveraient idéalement leurs places dans un essai.

      A la façon d'un roman choral, plusieurs voix se croisent, racontant des tranches de vie bousculées par le réchauffement climatique. Certaines viennent de nul part, pour repartir aussitôt. J'aurais souhaité quelles aient plus d'ampleur et de ramifications ; elles ne sont que de bref passage, trop court pour faire naître de l'empathie.

      L'auteur semble timide pour évoquer l'écoterrorisme, apparamment seule voix envisageable pour faire plier le capitalisme. Peut-on faire changer le monde sans se salir les mains ? Assurément non. Comment faire autrement ? L'idée est bouclée et bâclée en quelques phrases disséminées ici ou là. Ce sujet demandait de vraies chapitres, de forts questionnements, de mettre en balance toute la vie sur terre face à un capitalisme anthropophage et ostracisant.

      L'une des parties les plus intéressantes du roman sont les solutions proposées : la monnaie carbone, la création de vastes zones consacrées au réensauvagement animal, les pompages sous les glaciers pour freiner leurs disparitions, les mises en oeuvre de lacs dans le désert, à force de pompages de l'eau de l'océan, la mise en place de toute une flotte de bâteaux de transport propulsée par l'énergie solaire et par la voile, etc. D'ailleurs la scéne, heureusement assez longue pour une fois, du voyage en aérostat, m'a enchantée, me rapellant mes jeunes années Jules Verne.
      
      L'un des problèmes crucial de crédibilité du roman, vient d'une baisse drastique de la démographie mondiale. En effet, en l'espace de 30 ans, l'humanité passe de 8 milliards d'habitants à 2 milliards, où sont passés les 6 milliards manquants ? Aux oubliettes du temps ? Mis à part quelques millions de morts dus au dérèglement climatique, pas de trace de décès en masse, rien, nada ! Une telle chute de la population sans une once d'explication relève de la faute grave vis à vis de ses lecteurs, voire du mépris. Ainsi, ici ou là, le récit est constellé de beaucoup de blancs (notamment sur le passé douloureux d'Art, dont on ne saura rien), laissant sûrement le soin à son lectorat de les combler avec sa propre imagination. Cela peut plaire à certains, moi, cela me contratrie. J'ai besoin d'un minumum de rationalité, est-ce trop demander ?
      
      Quant à la plume de l'auteur, elle ne fait pas d'exploit,  frisant souvent le service minimum, j'aurais apprécié une écriture plus riche, plus ample. Amateur de littérature, passez votre chemin.

      En résumé, mis à part mes nombreux bémols, ce texte nous balade, après pléthore de divagations, du plus ténébreux pessimisme à l'espoir le plus inespéré.

      Personnellement, j'estime que Kim Stanley Robinson est un écrivain d'un optimisme surprenant. Peut-être faut-il garder, envers et contre tout une porte de sortie. Néanmoins, pourquoi vois-je à ce point le monde en noir ? Serais-je trop réaliste ?

7 nov. 2024


 " Les Rois Maudits "   de Maurice Druon   19/20

Version intégrale.


      Le grand procès du début du XIVéme siécle oppose le roi de France, Philippe le Bel, aux Templiers. Après avoir spolié les juifs, rançonné les compagnies de banquiers Lombard, altéré la monnaie et augmenté les impôts, le roi de France, toujours avide de se procurer de l'argent, s'attaqua aux Templiers. Cette importante organisation, à la foi militaire, religieuse et financière, devait aux croisades, dont elle tenait son existence, gloire et richesse. Le grand-maître de l'Ordre, Jacques de Molay, fut ainsi condamné, en mars 1314, à mourir brûlé vif sur l'île aux juifs, à Paris. Ses dernières paroles furent : Maudits, tous maudits jusqu'à la treizième de vos races !

      Dès lors, le malheur frappe la France : les quatre derniers rois Capétiens décèdent en moins de quinze ans. La dysnatie est ébranlée par des adultères, des assassinats, des procès et des trahisons, évoluant au final sur la fameuse guerre de Cent Ans.

      De Philippe IV, dit le Bel, jusqu'à Jean II, dit le Bon, Maurice Druon nous déroule le long ruban d'histoires incroyables, certes romancées, mais puissamment addictives. De ce bal sournois, d'une quête éperdue vers de la couronne de France, beaucoup s'y brûleront les plumes, quand ils ne perdront pas la tête, car le jeu diabolique d'accession au pouvoir n'autorise aucune faiblesse. Certains et certaines sont prêt(e)s à tout pour parvenir à leur fin, malheur aux candides, aux purs et aux trop honnêtes gens. Dès lors, de nobles et fidèles vassaux seront mortellement écartés pour laisser la place à des félons usant de courbettes et dissimulant poisons, perfideries ou autre armes aiguisées. A partir du moment où le diable tient les rènes, un tourbillon de ténèbres ne pourra que s'abattre sur la France.

      Avec maëstria Maurice Druon use de sa plume ; à la fois envoutante et érudite, elle enthousiasme les passionnés d'Histoire de France et d'Angleterre. Il y a potentiellement toute une génération de professeurs d'histoire qui doivent leur vocation à cette oeuvre.

      De surcroit, l'auteur, grâce à une documentation exceptionnelle, nous dévoile les moeurs, les croyances, les pratiques médicales et la vie au quotidien des français du XIVème, avec un sens du détail digne des plus grands orfèvres. Tout y est, sans oublier l'amour, le vrai le pur, et l'amour trahi, celui qui révélé au grand jour s'achève d'une manière effroyable.

      Même si ce royal pavé fait plus de 1300 pages, l'ensemble se lit comme un roman d'aventures aux multiples intrigues. Pavé, est vraiment le mot à employer car ce livre pèse 1564 grammes ! Pas toujours facile de le maintenir ouvert à portée des yeux, ce sera mon seul bémol !?!

      Inévitablement, l'effet miroir agit aux travers des siècles, en effet, l'Histoire contemporaine est-elle si différente avec ses jeux d'influence et de pouvoirs ? L'homme n'a t-il rien appris des pages sombres de son passé ? Triste sire que nous sommes, éternellement.

      A noter que l'écrivain américain George R. R. Martin, auteur de la série Le Trône de fer, est un grand admirateur des Rois Maudits, dont il reconnaît s'être inspiré pour écrire son propre cycle romanesque.

      Indéniablement, un monument de la littérature française.