6 déc. 2025

 

" La forêt de flammes et d'ombres "  de Akira Mizubayashi   18/20

      Tokyo, décembre 1944. Embauché dans un centre de tri postal, Ren Mizuki y fait la connaissance de deux autres étudiants qui se passionnent, comme lui, pour la culture de l'art européen : Yuki et Bin. Aussitôt, les deux jeunes hommes tomberont amoureux de la belle Yuki...

      Je ne veux surtout pas en dire plus, car le quatrième de couverture divulgue l'essentiel de l'intrigue, gâchant le plaisir de lecture. Ce qui est trop souvent le cas, cela devrait être interdit.

      La force intrinsèque de ce roman vient des sentiments qui ne sont pas dits ouvertement. Tel un hymne à l'amitié et à l'amour qui unit les morts aux vivants, et les vivants aux survivants. Car seul l'amour véritable peut permettre aux mutilés de la vie d'envisager un avenir, bancal peut-être mais existant.

      J'ai été touché aussi par cette éloge de la pudeur, à la modération et de la politesse : composantes si absentes de notre actualité. L'art, qu'il soit musical ou pictural, par effet cathartique, ouvre des portes à ceux qui sont meurtris, isolés, victimes d'une époque traumatique ; il ravive l'empathie entre ceux qui savent encore penser par eux-mêmes.

      Au centre du récit, la musique des quatuors de Beethoven ou celle de Félix Mendelssohn résonne comme un baume ou un révélateur, elle donne de la hauteur en faisant naître des émotions, redessinant incroyablement nos propres destins. Encore faut-il savoir écouter, savoir ressentir et savoir se taire.

      L'auteur japonais, écrivant en français, nous offre une manière de vivre autrement, en savourant la magie de l'art, celui qui touche l'âme, celui qui nous réconcilie avec la vie, celui qui donne un sens à nos petites vies. Sa plume est toute en sensibilité et en élégance, elle accompagne le récit comme une ombre, pleine de douceur, je dirais presque de courtoisie.

      A noter la présence, tel un fil rouge immuable, d'une chienne immortelle nommée Hanna, elle symbolise la gardienne du temps, tel un ange femelle, elle veille à une liaison harmonieuse entre les êtres de bonne volonté.

      Ce roman aux ambitions universelles est une ode contre les insoutenables blessures engendrées par la guerre. Un message d'espoir porté à bout de bras par toutes formes d'art que ne renierait certainement pas Catherine Meurisse. Emotionnellement bouleversant.


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