" La constance du prédateur " de Maxime Chattam 14/20
Des profondeurs d'une mine abandonnée resurgisse du passé une multitude de cadavres de femmes. Quel infâme bourreau a pu se livrer à ce sordide et immonde travail ? Les enquêteurs l'ont surnommé Charon, soit le passeur des enfers qui fait traverser le Styx à l'âme des défunts afin qu'elles pénètrent dans le royaume de morts. Son mode opératoire reste un mystère, par contre sa signature est particulière : une tête d'oiseau nichée dans la partie intime des victimes.
Après La conjuration primitive, La patience du diable et L'appel du néant, voici la quatrième enquête de Ludivine Vancker. Cette fois-ci la lieutenante de gendarmerie se fait recruter, en regard de sa perspicacité dans les enquêtes précédentes, par le DSC : le Département des Sciences du Comportement, en tant que profileuse. Comme dans tous les romans de cette série, peut-être encore plus avec celui-ci, le glauque, l'horreur et la perversion seront présents presque à chaque page. Public sensible s'abstenir.
Le point fort de cet opus sont les différents portraits psychologiques, que ce soit à propos des différentes victimes ou avec Ludivine elle-même. Maxime Chattam nous plonge dans leur torture mentale avec un sens aigu de la psyché de chacun. Ainsi, comment appréhender l'effroyable ? Puis comment vivre avec ?
En toile de fond, on imagine l'auteur toujours passionné par l'origine du mal, ce mal qui ne laisse aucune place à la moindre humanité. Assurément, comment un être humain peut-il à ce point nier la moindre once d'altruisme, la moindre part de pitié, la moindre parcelle philanthropique ou la moindre bribe de sensibilité ?
Malgré les différents éléments, macabres ou pas, de la première partie, le roman peine à démarrer, à l'instar de l'enquête, il faut patienter un grand nombre de pages avant de voir notre attention se réveiller, néanmoins, une fois la machine en route, plus rien ne l'arrête jusqu'au dénouement.
Mes bémols se nicheront sur les motivations primitives du tueur en série et sur sa cellule familiale extrémiste qui me semble hautement farfelues et fortement peu crédibles. A force de vouloir toujours mettre la barre plus haut, Maxime Chattam flirte allégrement avec les limites d'un certain réalisme. Je veux bien qu'objectivement l'horreur n'aie pas de limites, cependant sans nuances, tout prend la même couleur : le noir des ténèbres ou le rouge du sang.
Certes, l'originalité, l'intrigue, la psychologie et la noirceur sont bien présentes, néanmoins la complexité excessive et abracadabrantesque des origines du mal gâche un chouilla la lecture.
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