3 déc. 2024

 " Le sermon de la chute de Rome "   de Jérôme Ferrari   12/20

      Ce roman a reçu le Prix Goncourt en 2012, logiquement on attend une perfection, d'ailleurs la plume est sompteuse d'exigeance : les phrases sont gorgées de richesses littéraires, elles s'allongent, se déplient, papillonnent, puis se déplient derechef devant notre regard, telle une rivière en crue d'une générosité folle ; rien n'y manque. On est vraiment en présence d'un style que certains trouveront lourd, néanmoins on ne va pas faire la fine bouche quand un livre est vraiment bien écrit.

      Par contre, la construction narrative est explosée façon puzzle, donc complexe ; elle alterne plusieurs voix, de multiples époques courant sur quatre générations, tout cela en moins de 200 pages. Faut suivre !

      Après une longue entrée en matière, voici que deux amis d'enfance reprennent la gérance d'un bar situé dans un village Corse. Les affaires fleurissent, l'argent rentre, l'entente est cordiale, la vie est belle, puis, quelques divergeances apparaissent, la beauté de ce petit monde se ternit, plus rien ne va, le chute est inéluctable. D'où le titre du roman. Tout cela pour cela. Dur à avaler. 

      Je ne doute pas que Jérôme Ferrari soit sincère dans sa démarche, voulant batir un petit monde façon démuirge, pour venir le briser ensuite. Démontrant ainsi que tout à une fin : nos vies, nos sociétés, d'où l'évocation de la chute de Rome en 476. De la plus petite construction à la plus grande, rien ne perdure dans le temps. Oui, très bien, et après : l'eau ça mouille, la glace c'est froid, etc ?!?

      Il y a obligatoirement moult subtilités auxquelles je n'ai rien compris, je n'ai véritablemant pas pris la hauteur philosophique qu'un tel texte demandait. Malgré tout, je suis allé au bout de la lecture, et on va pas pas jeter le bébé avec l'eau du bain, certains passages m'ont sincèrement séduit, par l'émotion qu'elles dégagent et par une narration prenante ; cependant ces beaux morceaux sont ballottés dans un océan de banalités lues mille fois ailleurs ; l'équilibre de l'ensemble tangue dangereusement, ça prend l'eau d'un peu partout même si le navire reste à flot. Néanmoins, je suis nécessairement dans l'erreur puisque le Prix Goncourt a couronné ce roman.


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