13 févr. 2025


 " Le mage du Kremlin "   de Giuliano Empoli   de 18/20

      Mêlant fiction et réalité, Giuliano Empoli nous emporte dans un voyage à la fois magnétique et terrifiant dans les pas d'un homme : Vadim Baranov, il fut l'éminance grise de Poutine. Adoptant le ton narratif du dialogue, nous assistons médusés à la montée en puissance d'un homme apparemment inoffensif, mais qui une fois au pouvoir, ne fut la marionnette de personne : Vladimir Poutine.

      Giuliano Empoli joue adroitement avec la réalité, ainsi Baranov n'est autre que Vladislas Sourkov. Comme son modèle, Baranov est un homme érudit, féru de littérature, producteur de télévision, créateur de pièces de théâtre sarcastiques et fut l'organisateur de la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Sotchi. L'intrigue luxuriante laisse une place à l'amour et au danger, car vivre dans l'entourage proche de Poutine n'est pas sans risque. S'il a été un témoin majeur de la montée en puissance du nouveau tsar, il aura eu l'intelligence de prendre du recul avant d'être broyé par le système. Ainsi, contrairement à d'autres, morts de façon bizarre, lui vit toujours paisiblement en Russie.

      Ce roman est un portrait au vitriol de Poutine, son unique but : redonner gloire et puissance à la Russie contemporaine, suppprimer dans l'oeuf la moindre contestation, et encourager les diverses factions politiques ou sociales à l'étranger pour mieux les diviser et ainsi créer le chaos. A préciser que ce roman a été écrit avant l'invasion de l'Ukraine, il en résonne encore plus de façon saississante dans l'actualité. Ce livre est une négation de toute démocratie, de tout libre arbitre, un refus manifeste de toutes nos valeurs : liberté, égalité, tolérance. Il a de quoi faire trembler dans les chaumières. Il en découle une vision glaçante de la géo-politique, doublé d'une réflexion sur l'avancée technologique et ses possibilités d'aliénation totale de l'homme par la machine. La machine aura rendu possible le pouvoir dans sa forme la plus absolue. L'ensemble, d'après l'auteur, aboutissant à la création par l'Homme de Dieu. Dieu, ce colossal organisme artificiel, telle une machine superpuissante capable de tout voir et de tout contrôler, l'idéal du totalitarisme.

      Cette lecture laissera des traces indélébiles, elle nous raconte une humanité pensant la machine comme un instrument d'aide, en vérité, comme l'écrit Giuliano Empoli, ce sont les hommes qui ont été l'instrument de l'avènement de la machine.

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