" Les sept piliers de la sagesse " de T.E. Lawrence 15/20
Pour la postérité, le colonel T.E. Lawrence nous offre ses mémoires de guerre couvrant les années 1916-1918. Il s'agit principalement de la révolte arabe contre les turcs ottomans.
Pendant la première guerre mondiale, le rôle de T.E. Lawrence fut d'unir les tribus arabes et bédouines afin d'aider l'armée britannique à lutter contre l'Empire Ottoman, allié de l'Allemagne, qui occupait une grande partie de l'Arabie Séoudite actuelle, la syrie, la Palestine et le bassin mésopotamien.
Quasiment, jour après jour, T.E. Lawrence nous raconte sa guerre à chameau contre les places fortes turcs, mais également ses multiples escarmouches et actions de sabotage contre les voies ferrées. Naturellement, archéologue de formation, il est amené à partager la culture arabe, sa langue, sa vie quotidienne, ses vêtements. Rapidement il épouse la cause arabe, cela devient pour lui une quête absolue, une révélation, allant, par honnêteté pure, jusqu'à raconter les projets secrets des britanniques après la guerre auprès de Fayçal, le futur roi d'Irak et fils d'Hussein ben ali, le chérif de la Mecque et roi du Hedjaz.
Il est surprenant de noter qu'à travers ses memoires, T.E. Lawrence ne se met jamais en vedette, même s'il est objectivement un grand stratège, il minore son rôle et narre tout : ses maladresses, ses erreurs et ses joies, rien n'est esquivé, rien n'est enjolivé au profit d'une gloire narcissique. Nous sommes en face d'un homme humble, avec une conscience et d'énormes doutes, doublés d'une humanité folle : jamais la mort d'un homme ne pourra le rejouir, même s'il s'agit d'un ennemi.
Par acquis de conscience, j'ai voulu revoir le célèbre film de David Lean : Lawrence d'Arabie. Comment avait-il fait pour résumé un tel monument littéraire ? C'est très simple : en faisant de gigantesques raccourcis, concervant sur pellicules uniquement les moments charnières. Ainsi, le film garde l'esprit de la personnalité de T.E. Lawrence, quelques paysages et le propos global, néanmoins on passe à côté de tant d'aller retour mental ou physique, de tant de souffrance mental et physique, de tant d'aspects du désert, qu'une vraie lecture de ces mémoires s'impose.
J'oubliais d'évoquer l'avalanche de personnages qui viennent parsemer un texte très riche, impossible de tous les retenir. Par contre, pas de femme, pas une, juste deux évocations lointaines de Gertrude Bell, une archéologue de formation comme lui, qui travailla longuement à la mise en place d'un nouveau pays nommmé Irak, et dont Fayçal fut le premier roi en 1921.
Lecture colossale, à la dimension des déserts traversés. Le point final s'identifie à un mirage, tant il est loin. Cette bible comporte 950 pages d'une écriture dense, hermétique et aride. Le tout partagé en plus de 100 chapitres séparés par de petites oasis bienfaitrices. Ainsi, par parallélisme, tout lecteur se verra confronté au froid glacial et à la chaleur extrême, au manque d'eau et de nourriture, par contre, il en bouffera du sable, par pelletée entière !
Afin de facilité la lecture de chacun, une ou plusieurs cartes détaillées n'auraient pas été superflues, car j'ai dû, un nombre incalculable de fois me reporter à google maps, afin de mieux saisir les tenants et les aboutissants de chaque position militaire. J'en ai profité pour admirer la splendeur des déserts et de leurs multiples variations.
Dans cette fresque littéraire, se mêle et s'entre-mêle un récit d'aventures dépaysant, des réflexions philosophiques et une cynique analyse politique. Le mythe de T.E. Lawrence tient à une personnalité hors norme, à une sensibilité extrême et à une humanité rare. Peut-être une sorte de saint perdu dans un monde de violence qui le terrifie, allez savoir !?!
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