27 mai 2025



" Le volume du temps "   Volume 1 et 2, de  Solvej Balle   6/20

      Au départ, l'idée est excellente : une jeune femme vit indéfiniment la même journée : le 18 novembre. Elle est la seule à en avoir conscience, le reste de son entourage fait comme un reset en pleine nuit, pour revivre un nouveau 18 novembre. Et cela dure plus de mille jours. Et encore, je n'ai lu que deux volumes sur l'ensemble des sept.

      Naturellement, on peut y entrevoir une réflexion philosophique sur le train-train aliénable de nos vies. A quoi bon vivre toujours le même quotidien jour après jour ou année après année. Bien... cependant, une fois cela exprimé on tombe dans une flânerie plombante autour de ce thème. Des variations sont au rendez-vous, telles celles de Jean-Sébastien Bach d'après Goldberg. Néanmoins, les variations de Solvej Balle sont beaucoup plus modestes, cela ronronne, tourne en rond et se répète encore et encore, tel un disque rayé, jusqu'au bout du premier tome. Et le deuxième ? Nouvelle variation, mais dans l'Europe entière cette fois-ci, celle bien sûr du 18 novembre, cependant, là non plus, rien de transcendant, on élargit nos horizons pour en revenir au même point, malheureusement pas final.

      Bref, deux romans ennuyeux et indigestes à l'extrême. Idéal pour trouver le sommeil, ce ne sont pas les rebondissements qui vont vous maintenir éveillé, il n'y en a pas un seul ! 

      Est-il nécessaire de préciser que je ne lirais pas les autres volume ?

      

21 mai 2025

  Petit aperçu du jardin printanier 2025

Partie 3

 


La glycine devient la star du jardin, on ne peut que s'incliner devant sa magnificence.



Gros plan sur quelques unes de ses inflorescences.



Le lilas, ne voulant rester à la traîne, nous offre lui aussi, non pas un mauve violacé, mais une blancheur écarlate.



Plus loin, le jaune éclatant d'une rose attire mon regard, surtout quand l'ombre joue à part égale avec la lumière sur ses pétales.



Et que dire du rouge de ces benoîtes, mettant en valeur un azur immaculé ?


Au lever du jour, deux épis de muflier se réveillent sous les premiers rayons du soleil printanier.


Pendant ce temps-là, au potager, les alignements s'organisent entre pommes de terre, batavias, blettes et haricots.



Bien sûr, à la fin mai, ma fraiseraie est en pleine production ; rien de mieux que des tartelettes aux fraises pour se régaler ?


On se quitte avec ce bouquet de pivoines et d'arums mêlés. A suivre !

15 mai 2025

 


" Le déluge "   de Stephen Markley   19/20


      Indéniablement, voici le livre bible que j'attendais, naviguant autour de nos consciences face au réchauffement climatique. Certes, beaucoup d'écrits concernent ce sujet d'actualité brûlante, mais jamais avec autant de pertinence et de réalisme. Stephen Marckley est un écrivain prophète. Dans cette incroyable fresque, tout y est plausible : les catastrophes comme les réactions humaines. J'ai franchement eu l'impression de lire notre futur immédiat jusqu'à l'année 2040. Pour écrire ces plus de mille pages, très documentées, Stephen Markley a mis plusieurs année, et cela se ressent, tant la précision chirurgicale, le talent narratif et l'intelligence scientifique du récit ne peuvent s'épanouir que dans le temps long. Le résultat est époustouflant.

      Et que dire de l'analyse extra-fine du comportement humain, de ses errances, de ses engagements, de ses contradictions, de ses renoncements et de ses sacrifices ? Nous sommes décortiqués sur l'autel du profit et de nos égoïsmes. Peu aurons le courage d'aller au bout de leurs idées, peu seront prêts à risquer leur peau pour que le monde ait une possibilité d'avenir, sérieusement détériorée, certes, mais un lendemain peut encore exister.

      L'histoire débute en 2013 en Californie, quand un scientique écrit un livre sur le dérèglement climatique et qu'il reçoit des menaces de mort. De surcroît, il se heurte à un puissant déni des politiques, de ses congénères et du monde entier. Néanmoins, des supers ouragans et des méga-feux lui donneront vite raison, mais rien ne bougera politiquement pour autant. 

      Ce roman fleuve brasse le destin de pléthore de personnages, notamment Kate, une militante écologiste, intrépide et charismatique, qui, à force de défie l'échiquier politique devient, au gré de ses actions pacifiques, l'icône d'une génération ; Ashir, un génie de l'analyse prédictive ; Shane, elle aussi une militante écologiste qui n'hésite pas à s'attaquer aux infrastructures gazières et pétrolières, face à un pouvoir qui ne veut rien céder ; Keeper, un junkie capable du pire comme du meilleur ; ou encore le Pasteur, un ancien acteur hollywoodien recyclé en leader politique de la l'extrême droite. Tous seront amenés à faire des choix devant l'effrondement d'un monde révolu.

      Seul petit bémol, le foisonnement des protagonistes qui complique la lecture, cependant, dans le dessein de multiplier les points de vue pour accéder à toutes les sensibilités de la citoyenneté américaine, il faut brasser large, quitte à écrire un roman à la fois choral et monde.

      Ce roman est un verre d'eau glacée en pleine gueule. Il nous attrape par le colback et met de mots et des maux effroyables sur ce processus de destruction irréversible uniquement dû à l'Homme. Que tout ceux qui explosent leur bilan carbone, se penchent sur ces pages  hyperréalistes. L'apocalyspe est à nos portes, l'humanité entière est concernée, que chacun agisse en sa conscience en remettant en question son individualisme et ses mesquins profits. Qui est prêt à condamner tous nos enfants à mourir en suffocant ? Qui est prêt à payer les conséquences d'une guerre civile ? Qui peut accepter de se prendre le mur de la réalité climatique en pleine face sans bouger le petit doigt ? Qui ? On ne pourra pas dire que l'on ne savait pas. 

      

8 mai 2025

 " La cour des mirages "   de Benjamin Dierstein 13/20

      Avec l'élection de François Hollande en mai 2012 et le triomphe de la gauche, ce sont les purges anti-sarkozystes qui ébranlent les différents ministères, en particulier au sien du ministère de l'intérieur. Ainsi, la commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI pour la brigade criminelle de Paris, au fameux 36 quai des orfèvres. Elle est rejointe par un ancien collègue Gabriel Prigent, toujours sérieusement hanté par la disparition de sa fille, six ans plus tôt.

      Dès leur retour au 36, ils sont confrontés à une scène de crime effroyable : un cadre politique a massacré sa femme et son fils avant de se pendre. L'enquête débouchera sur des réseaux criminels et pédophiles, sur la prostitution de luxe et sur l'évasion fiscale.

      D'emblée, ce qui me frappe est l'écriture de Benjamin Dierstein. Il copie celle de James Ellroy : des phrases courtes, un rythme saccadé, un style immersif. D'ailleurs l'auteur ne s'en cache pas, sa vocation d'écrivain lui est venue après avoir lu Ellroy. Très bien. Malheureusement, ce foisonnement incessant et hystérique m'agace un peu ; et que dire de ces anaphores présentes une page sur deux et qui ne servent strictement à rien, si ce n'est à irriter son lectorat et à rallonger un roman déjà assurément volumineux ?

      Néanmoins, le fond s'avère effroyablement passionnant. Benjamin Dierstein réussit le tour de force de mêler des politiques de premier plan aux crimes les plus sordides lorgnant vers une immonde pédophilie très lucrative pour individus désespéremment immoraux, tout cela couronné par le pouvoir suprême, celui de l'Argent Roi, capable de toutes les corruptions et de toutes les permissivités.

      Ce roman est un vaste opéra basé sur la cruauté et sur l'horreur. Certes, l'Homme n'en sortira pas grandi, bien au contraire, cependant Benjamin Dierstein met le doigt sur l'un des travers les plus odieux de l'humanité : la pédophilie dans toute son abjection la plus sordide, d'ailleurs le dessin de couverture avec ce nounours, baignant dans une flaque d'eau ou de sang, est là pour nous mettre en garde d'un texte naviguant sur un bouillon de culture glauque et innommable ; surtout à ne pas mettre entre toutes les mains ; d'autant que dès l'incipit, le ton est donné : l'indicible sera au rendez-vous.

      Mon autre bémol porte sur le foisonnement des personnages, des démêlées de l'enquête et des considérations politiques, j'ai parfois perdu le fil de l'histoire avant de retrouver un point d'appui, puis de me voir déboussolé derechef et d'enfin raccrocher mes wagons dans les dernières pages. J'oubliais les longs passages qui font écho à l'actualité politiques, mais qui ne sont que des copiés collés de nouvelles distillées par la radio. Bref, lecture éprouvante et inoubliable à tous les points de vue. Suis-je prêt à renouveler l'expérience avec Benjamin Dierstein aux manettes ? La question se pose.


28 avr. 2025


" Les démoniaques "   de Matthias Köping   17/20


      Emporté par la lecture passionnée de son dernier roman publié : Cartel 1011, critiqué récemment sur ce blog, j'ai voulu en savoir plus sur cet auteur de roman très noir, d'où ce flash-back sur son tout premier livre.

      On est très vite plongé dans le bain de l'horreur dès l'incipit, la suite est du même acabit : drogue, proxénétisme, pédophilie, inceste, tortures, viols et assassinats, l'ensemble sous le joug d'une violence épouvantable. Certes, ce roman est trash, mais il décrit parfaitement comment un réseau mafieux réussit à s'implanter dans un coin apparemment tranquille de la campagne normande : Viaduc-sur-Bauge. Bien sûr, la corruption gangrène tous les niveaux de la société ; aidée en cela par la perversion nichée dans l'âme noire de certaines personnes influentes. Aucun niveau d'empathie ne peut jouer pour ces êtres abjects.

      Cependant, au milieu de ces ténèbres sans fond, un fil ténu d'humanité jaillit de cette fange. Il est symbolisé par deux personnages victimes dans leur chair des monstruosités de "L'Ours", le mafieux qui règne d'une main de maître sur la région : Kimy et Henri. Elle, est la propre fille de "L'Ours", rêvant de se venger de ses immonbrables et intolérables souffrance, lui, un prof ayant perdu sa fille quelques années plus tôt, et ne vivant que dans son souvenir.

      On peut souligner quelques incohérences dans le déroulé de l'action, mais elles sont vite balayées par la force intrinsèque du vent de folie qui file vers un épilogue ténébreux qui ne m'a pas franchement surpris, rapport aux petits cailloux semés ici ou là.

      Il faut avoir le coeur bien accroché pour s'élancer dans cette lecture glauque et malsaine, cependant, la plume percutante de Matthias Köping nous emporte, comme rarement, dans un tourbillon de furie ayant pour effet de nous faire tourner les pages tel des hystériques, si impatients d'en savoir plus. Il s'agit d'un page-turner type, néanmoins pour public averti. Âmes sensibles, passez votre chemin.


23 avr. 2025

 Petit aperçu du jardin printanier 2025

Partie 2



Multitude de narcisses, se dressant vers l'azur, fiers d'inonder le printemps de leurs couleurs chaudes.



Plus loin, cachées derrière un houx massif, des fleurs de pervenche, timidement, font une apparition toute discrète.



En gerbe très colorée, un pied de blette prend ses aises sans vergogne.


Pendant ce temps là, les pieds de petits pois envoient déjà leurs premières fleurs blanches, exprimant ainsi leur joie de participer au festival printanier du jardin.

Ne voulant pas rester à la traîne, les choux cabus aussi augmentent leur vitesse de croissance.


Et que dire de l'ail des ours, qui d'année en année grignote du terrain inexorablement ?

Le pommier Cox-Orange, lui aussi mêle ses couleurs à toute la fanfare silencieuse printanière.



Et Bouddha, toujours aussi immuable, si ce n'est abîmé par les griffes du temps, trône au milieu de quelques jacinthes des bois.


Dans la serre, ou plutôt dans ma nurserie, mes bébés plantules patientent tranquillement à l'abri des gels tardifs.


Elle aussi, la glycine s'exprime, mais tout en nuance et délicatesse.


Au jardin suspendu, un pied de pourpier balance ses oranges si lumineux.


Ah, j'oubliais cette touche de bleu apportée par les myosotis...


...et le blanc des fleurs d'Amélanchier.


Je vous dis à bientôt avec ces iris aux pétales si emberlificotées.



15 avr. 2025


" Madelaine avant l'aube "   de Sandrine Collette   18/20


      Tout lecteur se souviendra longtemps de cette petite Madelaine, une enfant affamée et sauvage, surgit de la forêt une nuit, et faisant irruption dans ce minuscule hameau en pleine campagne. L'autrice ne dit rien de l'époque, cependant, nous sommes au coeur d'un moyen-âge douloureux pour le simple paysan, obliger de donner une grande partie de sa récolte aux seigneurs des lieux. Comme si cette autorité ne suffisait pas, il doit subir les affres d'un climat aléatoire, capable de ruiner ses plantations de printemps par plusieurs jours de gelée tardives. Et que dire du fils du seigneur, un indivu ignoble, capable de choper n'importe quelle paysanne pour lui faire subir ses moindres désirs ? Sans oublier les périodes d'épidémie. Pas facile la vie dans le hameau Les montées pour celui qui n'est pas noble.

      Madelaine sera recueilli par la vieille Rose, une femme sachant préparer des onguants capables de soigner beaucoup de maux. Par son courage et sa détermination, elle fera l'admiration des autres habitants, notamment des deux femmes jumelles : Ambre et Aelis, de leurs maris : Eugène et Léon et de leurs enfants. Néanmoins, au fond d'elle, la flamme d'une rage inextinguible demeure, folle de justice, elle sait qu'un jour cette petite flamme presque innocente brûlera ce monde.

      Pour bien prendre conscience de la dureté du monde des malheureux qui cultivent une terre qui ne leur appartient pas, rien de mieux que cette lecture. L'idée sous-tendue en arrière fond est celle qui nous confronte à l'injustice la plus criante. Que faire ? Accepter de plier éternellement l'échine devant une autorité violente et inique, tout en permettant de garder une existence de nécessiteux, ou, relever la tête, rester debout et fier, dire l'arbitraire et l'inéquitable, au risque d'en payer le prix lourd ? Alors, se taire ou protester ? Accepter le joug ou se rebeller ? Vivre petitement ou mourir dignement ? Questionnement universel.

      En dehors de sonder notre instinct de révolte, Sandrine Collette, grâce à une plume enhardie de maîtrise, interroge également nos liens familiaux, sont-ils indépassables ou faut-il s'en affranchir pour mieux faire naître d'autres liens tout aussi forts.

      S'il fallait une critique, un léger bémol, je dirais que l'histoire peine un peu à se mettre en branle. On passe par quelques rallongements d'écriture avant d'embrayer sur un narratif captivant. Néanmoins, je me demande si le calme trompeur du début n'est-il pas uniquement là dans le dessein de nous saisir d'autant plus par la suite ?

      Je me suis toujours demandé comment Sandrine Collette, à l'air si inoffensif, au sourire si engageant, à l'oeil qui frise, pouvait écrire des livres si effroyables ? Déjà son tout premier roman : Des noeuds d'acier, nous plongeait dans l'horreur d'une séquestration, et là, elle continue et persiste dans la voie du roman glaçant et inévitablement inoubliable. De surcroît, par quelques figures d'écriture, je la sens prendre un grand plaisir à nous manipuler ; cachant une vérité pour mieux nous l'offrir en cadeau ensuite.

      Par sa force et son intensité, Sandrine Collette nous dresse un portrait d'un petit bout du monde écartelé entre humanité et sauvagerie, celui des hommes, mais aussi celui d'une nature elle aussi inflexible dans son impériosité avec ses exubérances dévastatrices. A force de douleurs et de rage, le monde des hommes de peu, réussiront-ils à faire plier l'autre monde qui les asservi ? Affreusement noir, ce roman nous offre une étincelle d'espoir. Seulement une étincelle.


2 avr. 2025

 Petit aperçu du jardin printanier 2025

Partie 1



Plein feu sur une anémone mauve, avec elle, le printemps est vraiment là !



Autre signe printanier : l'explosion en fleur des ficaires sur des talus entier.



Le camélia ne veut surtout pas rester à la traîne avec pléthore de fleurs tout azimut.



Curiosité végétale avec cet arbuste très original appelé : Buisson à papier.



Comme tous les ans, mes semis commencent avec les petits pois en pots (pour éviter tous les nuisibles), et vite transplantés au jardin, d'où déjà ils s'élancent vers le ciel bleu.



Nouvellement arrivé au jardin : un Nandina ou bambou sacré. Ses couleurs mitigées lui donne une beauté supplémentaire.



Ces deux tulipes sont si enlassées que l'on dirait un couple d'amoureux.



Quand l'écorce des grosses racines en surface d'un arbre s'écarte, elle laisse entrevoir un entrelacs de couleurs, telle une arabesque abstraite. Impressionant.



On se quitte avec ces royales jonquilles, aux couleurs chaudes perdues dans l'azur.


A bientôt.

30 mars 2025


 " La perfection du tir "   de Mathias Enard   13/20

      Tout au long du roman, nous ne connaîtrons pas le nom du personnage central, juste qu'il est un soldat tireur d'élite ; nous ignorerons également dans quelle armée il se bat ; nous ne saurons pas non plus où se déroule l'action, néanmoins, tout porte à croire que nous sommes à Beyrouth, au Liban, dans les terribles années de guerre civile débutée en 1975. Aux yeux de Mathias Enard, l'important n'est pas là, car il se focalise en priorité sur l'état psychologique de son héros. 

      Ainsi, dès l'incipit, le lecteur se retrouve dans la tête de ce soldat tireur d'élite, dont le seul plaisir, en ce monde où le diable a élu domicile, est de tuer, peu importe que sa cible soit un homme, une femme, un enfant ou un animal ; sans le moindre état d'âme il tue et tue encore. Son meilleur ami, Zak, est un soldat lui aussi peu recommandable : en plus du tueur qu'il est lui aussi, il torture et viole sans vergogne. On tremble encore pour la jeune fille, Myrna, que notre tireur d'élite embauche pour venir s'occuper de sa mère dont l'état frôle la folie.

      Tout le roman se déroule dans un monde abandonné aux fouches du mal. Toutes raisons d'espérer sont jetées au néant. La loi du chaos règne sur ce pays en déreliction, là encore, se roman pourrait porter allègrement le titre d'un livre de Donald Ray Pollock : Le diable, tout le temps.

      L'idée de Mathias Enard est d'élaborer le processus démoniaque qui transforme un jeune homme équilibré en bête féroce sans conscience, dont le seul plaisir, la seule jouissance est d'exécuter l'acte de tuer, comme un acte solennel. Certes, je comprends bien la perversion de la guerre sur les hommes, cependant certains passages sont en dehors de ma compréhension : comment accepter que l'on s'oppose à un viol, tout en ne voyant rien de répréhensible à assassiner la personne violée ?

      Roman noir sans espoir, et encore, c'est un euphémisme.


26 mars 2025


" La vie en sourdine "  de David Lodge   12/20

      Desmond est un professeur de linguistique, récemment à la retraite ; malheureusement, il a de gros problèmes d'audition. Lors d'un vernissage, alors qu'il n'entend et donc ne comprend pas un traître mot de ce qu'on lui dit, il répond par politesse et au petit bonheur la chance à une étudiante venue des States. 

      En partie autobiographique, ce roman, comme tout ceux de David Lodge, flirte entre l'humour et le tragique. Il sait tirer le cocasse de chaque situation avec une adresse, une verve, et même une tendresse, chaque fois renouvelées, notamment avec les tracas innombrables que doivent affronter quotidiennement les porteurs d'appareils auditifs.

    Néanmoins, bien qu'amusantes, les démélées de Desmond avec sa femme, ses enfants et son père, traînent souvent en longueur. On aimerait qu'il se déroule plus de choses intéressantes et pittoresques dans sa vie. Heureusement qu'Alex Loom, l'étudiante américaine au comportement énigmatique, est là pour mettre du piment, et ainsi maintenir une attention bien vacillante par ailleurs. On lui doit, du reste, les meilleurs passage du roman : des conseils hilarants pour réussir un suicide parfait ; inoubliable. Egalement un bon point émotionnel avec la visite, pleine de gravité, du camp d'Auschwitz ; respect.

      Malgré ces bonnes idées, l'histoire peine à aboutir. Il s'agit du tout premier roman que je lis de cet auteur, j'espère faire meilleur pioche la prochaine fois.


22 mars 2025


 " Sweet Harmony "   de Claire North   15/20

      Harmony Meads est une belle jeune femme belle qui habite Londres. Sa carrière professionnelle, en tant qu'agent immobilière pour yuppies, s'annonce radieuse. Le couple qu'elle forme avec Jiannis fait sensation dans les soirées branchées de la City. La vie est merveilleuse pour Harmony, jusqu'à ce qu'un petit grain de sable apparaisse, symbolisé par un simple bouton sur le visage. Dès lors, la belle mécanique du bonheur va s'enrayer.

      Dans cette dystopie quasi comtemporaine, Claire North part du principe que tous nos problèmes de santé, de beauté et d'intelligence peuvent entièrement gérés par la nanotechnologie, à l'intérieur même du corps. Il existe un régime de base pour éviter les maladies les plus graves, néanmoins pour accéder au niveau supérieur, vers des extensions très attirantes, l'échelle des prix s'envole vers des sommets. Quand on a commencé à goûter à des améliorations de son corps, comment résister à tout vouloir corriger et optimaliser ? Dès lors, la spirale infernale est amorcée, les dettes ne peuvent que s'accumuler et la chute inéluctable.

      Néanmoins et honnêtement, que ferions-nous si la technologie nous permettait ses corrections ? Remarquez, la chirurgie esthétique en est déjà une version simplifiée. Aurions-nous la sagesse d'accepter notre patrimoine génétique sans broncher et d'autoriser le temps à laisser ses marques sur et dans notre corps ? 

      Naturellement, la firme qui propose ces évolutions perfectionnées, Fullife, engrange de nombreux abonnements, transformant une avancée technologique en mine d'or financière incommensurable. L'argent, toujours lui, qui pervertit tout et tout le monde.

      Ce court roman d'anticipation soulève le lourd problème du culte de l'apparence allié à la pression sociale et à la marchandisation de la santé. Le monde manquant grandement de sagesse, cette dystopie prend dès lors une dimension réaliste. De quoi faire peur, vraiment peur.


18 mars 2025

 " Cartel 1011 " Tome 1 : Les bâtisseurs " de Mattias Köping   18/20

      La péninsule du Yucatan est située entre le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, le lieu est paradisiaque, néanmoins, depuis des siècles, un déchaînement de violence effroyable s'y déploie. Descendants des premiers conquistadors, le clan Hernandez règne sur toute la région sous le nom d'un conglomérat : la COMEX, regroupant le BTP, les laboratoires pharmaceutiques, le réseau des eaux, l'agro-alimentaire et le tourisme, à coup d'intimidations et de corruptions, voire d'assassinats, quand ils ont affaire à des personnes incorruptibles. Actuellement, la sphère très influente des Hernandez planche sur un projet colossal : le train Maya. Véritable construction écocide visant à la destruction d'une vaste partie de la forêt équatoriale de la péninsule, de ses animaux et de ses autochtones.

      Au même endroit, entre Cancün et Tulum, vient d'apparaître un nouveau cartel : le 1011, pour asseoir son hégémonie sur les trafics internationaux, ces hommes sont prêts à tout, avec l'idée que tout obstacle devra être anéanti.

      Mattias Köping frappe très fort avec ces histoires de grands criminels à l'appétit sans limite et sans frontière. Tout peu s'acheter et tout peu se vendre : drogues, armes, sable, animaux exotiques, corps, âmes et surtout les consciences. Le peu de quidams osant leur tenir tête sont condamnés à disparaître, mais toujours dans d'atroces souffrances. L'auteur nous met en garde de cette sauvagerie inédite qui pourrait bien apparaître en Europe. Pour ce faire il nous donne les clés de compréhension du système mafieux de l'intérieur. Il nous explique le processus de corruption mis en place par des hommes sans interdit. Ainsi, on comprend mieux les rouages d'une telle mécanique infernale de destruction. D'autant plus que cette machine de guerre est alimentée en permanence par la misère, l'exil et la surpopulation.

      Que ce soit la COMEX ou le Cartel 1011, chacun cultive la négation de l'être humain, la glorification de l'argent roi et l'impunité absolue de toutes les dérives imaginables et même inimaginables. Au-delà des limites il n'y a plus de limites.

      A noter qu'une recherche importe en documentation a dû être nécessaire pour aboutir à un tel rendu. Malheureusement, captivé par ce premier opus, il faudra que je m'arme patience avant de pouvoir lire les deux tomes suivants. 

      A la lecture de la puissance du mal qui nous entoure, une question légitime se pose d'emblée : Avide de richesse, concupiscent aux désirs éternellement inassouvis, corruptible jusqu'à la moëlle, sadique à l'extrême, prédateur de toute vie sur la Terre : l'Homme, mérite-t-il de vivre ?

     Ce roman magistral et fascinant est un coup de poing dans la gueule pour narrer l'indicible. Un livre totalement inoubliable. Un acte d'explication fort sur l'état de déréliction de notre monde. D'ailleurs, ce roman est si diabolique, si cynique, qu'il pourrait emprunter sans la moindre honte le titre du premier livre américain de Daniel Ray Pollock, paru en 2011 : Le Diable, tout le temps. Pour lecteur averti.

      

12 mars 2025


" Philby, portrait de l'espion en jeune homme "   de Robert Littell   18/20

      Quelques mois après l'incendie de Reichstag, en 1933, à peine sorti de l'université de Cambridge, un jeune anglais, issu de la haute société anglaise, arrive à Vienne en Autriche où il prend une part active à la lutte contre le fascisme. Les périls s'amplifiant, pour lui sauver la vie, il épouse Litzi Friedman, la jeune Hongroise, juive et communiste qui l'a hébergée. Puis, par souci de sécurité, il la ramène en Angleterre. De retour à Londres, les services de renseignements russes cherche à le recruter...

      Robert Littell explore la jeunesse du célèbre espion Harold Adrian Russell Philby, pour en extraire sa propre vérité. Il essaie de cerner la personnalité d'un homme particulièrement "glissant" ou insaisissable intellectuellement. Qui est réellement ce jeune homme qui débarque à Vienne en quête d'aventures, quelles soient idéologiques ou sexuelles ? De quel côté vont réellement ses sympathies ? Quel fut exactement le rôle de son père, personnage lui aussi énigmatique, qui se convertit à l'Islam, parcourt le désert d'Arabie comme T.E. Lawrence et finit par achever sa vie à Beyrouth ? L'ambiguité plane sur tout le roman avant que l'auteur nous propose ses audacieuses clés de compréhension.

      Pour être honnête, il faut un certain nombre de pages avant de saisir le déroulé du récit où chaque chapitre est raconté par un protagonsite différent : une enquêtrice du NKVD, la femme de Philby, son agent recruteur, ses amis de Cambridge, etc. Chacun nous offre sa propre vision de son Philby, même si cela doit le ou la mener à sa perte. Bien sûr, nous n'aurons jamais le point de vue de Philby, qui peut l'avoir à part lui-même ?

      Ce roman est également un portrait au vitriol de Staline avec ses effroyables purges. On ressent avec une efficacité redoutable la pression qui pèse lourdement sur la tête de chaque russe, qu'il soit simple soldat ou officier supérieur. 

      Passionné d'espionnage à l'esprit retors, ce roman est pour vous. De surcroît, il apporte un éclairage intelligent sur une période trouble de l'Histoire. Passionnant.

3 mars 2025

 Petit aperçu du jardin d'hiver 2024/2025

Partie 1



Mon Bouddha au jardin se souviendra longtemps de la pluie et du gel hivernal, il en porte des traces indélébiles. Comme le vieux jardinier que je suis, le temps est assassin et n'épargne personne. Ce Bouddha-ci, est un autre moi-même.



Le cotonaester, tout resplendissant avec ses baies rouges, bien utile pour la nourriture des oiseaux l'hiver.



Le même, mais en gros plant. Toutes ces baies en grappe ont l'air bien appétissantes... non ?



Mon Camélia rampant, avec sa floraison toute en nuance de roses.



Mon second Camélia, celui-ci arbuste, avec un rose beaucoup plus affirmé, s'impose parmi un camaïeu de vert.



Voici mes dernières pousses de mâche avant leur montée en graines. Avec mes semis étalés dans le temps, j'ai réussi à en manger tout l'hiver.



Fidèles de chaque fin d'hiver, les jonquilles annoncent le retour prochain du printemps.



Dans la serre, mes toutes premières salades, de la variété Gotte Jaune d'Or, s'épanouissent doucement avant leur implantation en pleine terre.



On se quitte avec cette splendide gerbe de crocus. Rien de mieux pour redonner des couleurs à cette fin d'hiver.

A bientôt.