1 juil. 2025

 " Le livre des deux soeurs "  de Amélie Nothomb   15/20

      Il y a bien longtemps qu'un roman de la plus connue des romancières belges ne m'avait interpellé à ce point là. J'ai été touché, voire profondément ému par cette relation parents/enfants, effet miroir sûrement. Bien sûr Amélie pousse le bouchon un peu loin avec ce manque d'amour véritable des parents pour leur première fille (la seconde aura droit au même régime), cependant c'est une situation si courante qu'elle en devient universelle. Ainsi, pour compenser, l'aînée déversera tout son amour sur sa petite soeur, la réciproque les conduira à un duo fusionnelle, si nécessaire à leur existence.

      Mon autre centre d'intérêt pour ce livre tient à la puissance de la parole dîte à un enfant, des mots qu'un père ou une mère peut prononcer entre deux portes mais qui néanmoins marquent sérieusement une personne à la sensibilité exacerbée. Ainsi, rien n'est futile pour des oreilles émotives.

      Je veux bien qu'un certain manque de crédibilité vienne gréver cette histoire familiale, frôlant l'univers du surréalisme, on devrait ainsi parler d'un conte, cela serait plus judicieux, néanmoins, roman ou conte, les thèmes abordés ne manquent nullement de pertinence.

      Côté écriture, cela ne vole pas bien haut. Un exemple avec un beau pléonasme : " Tristane contemplait interminablement... " Quand on contemple cela dure généralement longtemps, non ? Cependant, si l'on part du principe que l'histoire nous est racontée du point de vue de l'enfant ou de l'ado, on y prête moins attention.

      Sans crier au génie, ce roman plaisant est une ode à la sororité et une mise en perspective de la puissance des mots. Cependant, un beau message suinte à toutes les pages : tout le monde à un besoin criant d'amour, et j'y souscris des deux mains ! Bah... Euh... Je ne suis peut-être pas objectif sur ce coup là. Tant pis, pour une fois, vous me pardonnerez.


29 juin 2025



 " Le jardin de cendres " de Françoise Chandernagor   18/20

      Séléné, fille de Cléopâtre et reine de Maurétanie, se demande, après le décès de ses trois premiers enfants, si la grande Isis l'honorera d'un nouvel enfant qui pourra régner à la suite de son mari : le roi Juba II. Pour mettre toute les chances de son côté elle entame un voyage sur la route des sanctuaires propices à la fécondité : Grèce, Asie Mineure, Syrie, etc. A la même époque, non seulement Rome domine le bassin méditerranéen mais il asservit, il écrase, il tyrannise toute personne n'allant pas dans le sens de la volonté de l'empereur, surtout quand il s'appelle Caligula.

      Avec ce quatrième tome de La reine oubliée, Françoise Chandernagor clôt admirablement sa saga antique autour de la vie de Séléné Cléopâtre. Elle est une historienne passionnée et une talentueuse romancière. Car logiquement l'antiquité est pleine de vides, peu de traces sont là pour nous faire saisir les passions, les destinées, les psychologies multiples de tous ces hommes et femmes, connus ou peu connus, qui ont vécu et fait l'histoire de l'Empire romain. Ainsi, douée d'une plume hors du commun et d'un sens de la narration vertigineux, l'autrice nous dresse et nous tresse un canevas le plus fidèle possible en reconstituant un monde depuis si longtemps disparu. Certes, pour arriver à ses fins,  elle invente, elle laisse courir les chevaux d'une imagination débridée, elle contorsionne l'Histoire, néanmoins, si cela a pour dessein de lui faire de très beaux enfants, qui va s'en plaindre, à part les vieux grincheux ?

      De surcroît, elle nous démontre que les phases d'expansions de toute société, que ce soit d'un point de vue culturel, politique ou économique, se voit condamné, à plus ou moins long terme, inexorablement, à sa propre perte. La montée en puissance est immuablement suivi d'une dislocation et d'un retour au chaos.

      Séléné est épatante et exceptionnelle en femme vaincue par Rome, en proie au deuil, au chagrin, mais qui ne renonce jamais. Elle garde constamment au fond d'elle la volonté farouche de prendre sa revanche sur Rome, et de faire régner un nouveau Ptolémée, et pourquoi pas en Egypte ?

      Malgré tout, comme dans les tomes précédents la multiplicité des protagonistes, leurs innombrables mariages, leurs aussi nombreux divorces contraints ou pas, et leurs progénitures, font, qu'à un moment ou un autre, chaque lecteur finit par perdre pieds, moi le premier. Il suffit juste de se laisser porter par la vague tumultueuse de la narration ou de se référer à l'index final pour les plus pointilleux.

      Entre splendeur et cruauté, Françoise Chandernagor nous passionne avec les mœurs sanguinaires sous trois empereurs romains : Octave, Tibère et Caligula.


 " Panorama "   de Lilia Hassaine   8/20

      J'étais fortement attiré par l'idée de départ : dans un futur proche, Paxton est une ville où la plupart des maisons ou appartements ont des murs transparents. Le dessein de ce modèle étant que chacun ne peut plus rien cacher de son intimité et surtout de tout acte de violence. Voilà enfin un environnement pacifié où tout le monde surveille tout le monde ; la vie idéale sans la moindre violence. Par opposition, plus loin, vit une population moins aisée dans la cité des Grillons, qui elle, a conservé ses murs bien opaques. Un jour, dans son logement de verre, un couple avec leur fils disparaîssent. Fait invraisemblable et pourtant réel. Helen, une ex-commissaire reprend du service mener l'enquête afin d'expliquer l'inexplicable.

      Le concept de départ avait de quoi séduire, mais le traitement qui en a suivi m'a laissé sur ma faim. D'une part à cause d'une narration amorphe, sans grande expressivité, tout à l'air de se dérouler au ralenti, dans un climat stérile, ouatté et étouffant. L'ensemble semble s'engluer dans une poisse tenace. J'aurais aimé de l'envergure, que l'on sorte de ce cadre resserré pour prendre de l'ampleur, que l'on élargisse les horizons. En effet, qu'en est-il du gouverment et de l'ensemble du pays ? Il n'en ai jamais question. Et d'autre part la résolution finale manque de nuances, elle s'enfonce dans une conception binaire du bien et du mal. Vivons-nous vraiment dans un monde où tout est blanc ou noir ? La bourgeoisie d'un côté et la France des travailleurs de l'autre ? On en est encore là ? Le coeur de chacun est-il si mesquin, si étriqué ? 

      Là où Orwell avec 1984 faisait grandir un monde, Lilia Hassaine part d'une bonne idée pour la contraindre à la faire rentrer dans une impasse de pensée impensées. Serait-ce à croire que dans le futur les individus seront toujours aussi bêtes les uns que les autres et que toutes réflexions poussées seraient bannies de leur cerveau. Peut-être dû aux plastiques et aux perturbateurs endocriniens que l'on absorbe tous les jours ?

      A voir tous les avis critiques qui encensent ce roman, j'ai l'impression d'être à contre-courant. Tant pis, je ne puis applaudir avec la foule sans me renier ; cependant cela m'ennuie car l'ébauche d'entrée en matière me faisait espérer d'autres perspectives. Bien sûr il aurait fallu plus de pages, donc plus travail. C'est certainement la différence entre un livre que l'on oublie peu de temps après sa lecture, et un livre qui nous poursuit toute une vie.

     Tout ça pour ça !?!

27 juin 2025

 Petit aperçu du jardin estival

Partie 1


Quand les couleurs des Lavatères se mélangent, le peintre n'a plus qu'à entrer en action.



Bien qu'il ne soit pas en Provence, ce pied de Lavande enfle de milliers de tiges parfumées.



Juste en dessus, les Coréopsis viennent réveiller nos pupilles avec ses couleurs chaudes.


Les centaurées, elles aussi, viennent participer à la fête avec les nuances de bleues.



Les mêmes en contre-plongée.



Maintenant, c'est le tour de l'Onagre dont les fleurs ont besoin de la pénombre pour s'ouvrirent.


N'oublions pas les dalhias, toujours aussi resplendissants.



Et encore du rouge avec ces coquelicots filant vers l'azur.


Côté petits fruits rouges, cette année, l'Amélanchier est enfin généreux.



Idem pour le groseiller.



Surprenant, en cette fin juin, les premières cucurbitacées sont déjà là !

A bientôt.


 " Zulu " de Caryl Férey   15/20

      Enfant de zoulou, Ali Neuman voit son père pendu et son frère aîné brûlé par les milices de l'Inkatha qui se battent contre l'ANC, alors clandestin. Pas facile la vie en Afrique du Sud où différents groupes armés et éthniques se font une guerre sans merci. Pour éviter d'autres abjections, Ali et sa mère fuient le Boutoustan du Kwazulu.

      Des années plus tard, post-apartheid, Ali est promu Chef de la police de Cape Town. Il y promène son physique imposant et sa cohorte de démons intérieurs sur des enquêtes trop souvent glauques et sordides. Un jour est découvert un corps de jeune fille blanche au visage défoncée, puis un deuxième ; les deux victimes, issues de famille aisée, avaient une nette attirance pour différentes drogues. Apparemment, mais les apparences sont souvent trompeuses, une nouvelle came semble en train d'annihiler la jeunesse dorée de Cape Town.

      Dans cette enquête, Ali et ses deux fidèles inspecteurs, devront prendre beaucoup trop de risques pour comprendre la réalité d'un pays perclus par d'innombrables fléaux : éternel racisme, drogues multiples, sida omniprésent, milices en tout genre, innombrables gangs, corruption à tous les étages, etc. Ainsi, grâce à un travail de documentation important, Caryl Férey nous dessine le portrait d'une Afrique du Sud toujours en proie à ses vieux démons de haine raciale, comme une impossibilité de se guérir de l'Apartheid. La drogue et la corruption aggravent les problèmes, où, trop souvent, une violence sans nom à coup de tortures inhumaines est le seul dialogue possible entre deux belligérants irréconciliables.

      L'immersion est totale et glaçante, Caryl Férey sait y faire pour nous mettre sous les yeux un pays aux passions exacerbées. Il nous fait frôler les frontières de la raison dans cette symphonie macabre où seule la mort ricane.

      Mon seul bémol viendra d'un nombre de protagonistes pléthore. Je me suis perdu plusieurs fois dans les rues de Cape Town et dans cette foultitude de personnages aux noms vite oubliés.

      Certes, Zulu est un roman instructif et passionné mais à l'ambiance ténébreuse et douloureusement éprouvante.

      Candidement je me demandais, après une telle lecture aussi bouleversante que traumatisante, qui est encore prêt à aller faire une belle excursion bien dépaysante en Afrique du Sud ?


18 juin 2025


 " Laissez bronzer les cadavres " De Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid   12/20

      Dans un hameau pierreux et abandonné du midi de la France se repose un vieux couple d'artistes fatigués. Ils seront vite rejoints par une femme dépressive et hystérique accompagnée de son enfant et de sa nounou, ajoutons-y un avocat bien véreux et un groupe de gansters en quête d'un refuge, aux mains pleines d'or mais couvertes de sang, le tout, sous un soleil écrasant. Le cadre est donné, que l'enfer commence !

      Depuis le temps que j'entendais parler de Jean-Patrick Manchette et devant le nombre important de fans qui l'encensent, il fallait que je m'y plonge un jour ou l'autre en débutant par son premier livre écrit avec Jean-Pierre Bastid.

     Tout le roman se déroule sur une journée et presque sur le même lieu ; l'histoire débute par l'attaque d'un fourgon blindé et s'achève par le comptage des cadavres. Pas vraiment de place pour la moindre psychologie, ça défouraille à tout va comme dans un jeu vidéo, ou, pareil aux fusillades homériques digne d'un film de Quentin Tarentino. 

      Ecrit en 1971, ce roman signe l'arrivée du néo-polar, celui qui cherche à se démarquer de la grande influence américaine. Sans crier au génie, ce polar "moderne" vaut avant tout pour sa galerie de portraits caricaturaux, son rythme débridé encore accéléré par des chapitres courts, et ses furieuses fusillades. Ce roman marque avant tout une époque et un style original qui claque comme un baffe en pleine tronche.

      Même si l'orchestration des scènes d'action est réussie, il me manque une considération sociale et politique racontant le passé de nos dangereux hurluberlus, d'ailleurs souvent associées à Jean-Patrick Manchette, mais absent de ce titre. Il ne me reste plus qu'à me pencher sur ses autres romans, peut-être y verrai-je s'élever mon intérêt pour cet auteur ?

      

15 juin 2025

 Petit aperçu du jardin printanier

Partie 4


Oeillets de poète, version feux d'artifice.



Les abeilles s'en donnent à coeur joie avec les fleurs du céanothe.



Un bouquet de marguerites sauvages qui s'invite tout seul au jardin.



Aussi inopiné, un beau ramassé de coquelicots posé délicatement sur graviers tièdes.



Au potager, les cosses de petits pois nous offrent leur ventre bien dodues.



Sans les cosses, mais toujours aussi fiers.



Cette année les têtes d'ail portent bien leur nom. L'année dernière c'était plutôt des têtes... de linotte !



Ces fleurs de courgettes sont comme une promesse...



...de belles courgettes toutes jaunes !



On se quitte avec de deux fleurs de lavatère irisées de rose et généreuse d'envergure.

12 juin 2025


 " Impact "   de Olivier Norek  

 ?/20 Je ne peux noter assurément un argumentaire aussi juste qu'accablant ; il s'agit plutôt de réveiller des consciences trop longtemps endormies.


      Devant l'abyssal probléme du réchauffement climatique avec le rejet de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, en y ajoutant la destruction de la vie dans les océans, plus l'exploitation outrancière des forêts tropicales et une pollution affolante de nos terres et de l'air que nous respirons, Olivier Norek nous propose de façon romancée et radicale un moyen d'améliorer durablement notre environnement, par l'intermédiaire de son protagoniste principal : Virgil Solal, témoin direct de milliers de victimes dues à l'extraction du pétrole au Nigéria et père d'une petite fille qui décèdera très vite, victime de la pollution généralisée. 

      Bien sûr, on tombe ici dans un singulier extrêmisme, cependant Olivier Norek est malin, il nous pose l'équation en face : comment faire pour que nos enfants puissent vivre dans un monde sain et qui perdure, quand les politiques de tous pays ne prennent la moindre mesure d'envergure pour qu'il y est un demain viable ? En effet, une grande majorité de nos scientiques, pour ne pas dire la totalité, nous disent que nous fonçons tête baissée dans le mur, néanmoins aucune mesure sérieuse n'est prise pour essayer de diminuer notre action létale sur le climat. Que faire pour empêcher le suicide de l'humanité ? De nos enfants ? De nos petits enfants ? A moins d'actions drastiques et universelles, tout est perdu, inéluctablement.

      Pour nourir son propos, Olivier Norek enrichit son texte de déclarations réelles d'hommes politiques ou de grands industriels, de chiffres de scientiques et d'articles de journaux ; cela a de quoi glacer n'importe quel parent ou grand parent. Par moment ce roman prend l'allure d'un essai, voire d'un réquisitoire contre ces impuissants qui nous dirigent et contre les lobbies qui écrasent tout. Evidemment le fond l'emporte sur la forme, on n'est pas là pour faire de la grande littérature mais pour lancer un dernier cri d'alarme avant la disparition de l'humanité, et c'est réussi. Par contre, je suis surpris que ce livre sortie en octobre 2020 n'ai pas fait plus de bruit que cela dans les médias, il y avait pourtant de quoi alimenter bien des discussions et de créer le débat. Comme s'il fallait étouffer sa sortie pour garder le contrôle.

      Avec ce brûlot, Olivier Norek nous propose une réflexion vitale sur le sort de l'humanité. Qui osera dire qu'il a tort ?


5 juin 2025


 " Le rêve du celte "   de Mario Vargas Llosa   19/20

      Dans une prose digne des plus grands, Mario Vargas Llosa nous raconte la vie d'un homme oublié de l'Histoire : Roger Casement, pourtant son parcours exceptionnel fait d'ombre et de lumière mérite éminemment de retenir notre attention ; il fut un fervent combattant anticolonialiste, un défenseur des droits de l'Homme et des cultures indigènes et un artisan de la future indépendance de l'Irlande.

      Le roman débute en 1916 à Pentoville, près de Londres, Roger Casement vient d'être condamné à mort pour haute trahison. En effet, sa volonté chevillée au corps d'oeuvrer pour l'émancipation de l'Irlande, l'a conduit à pactiser avec l'ennemi allemand, crime impardonnable aux yeux d'un Empire Britannique englué dans les tranchées de la première guerre mondiale. En isolement total, dans sa cellule, le condamné se remémore les étapes cruciales de sa vie.

      En tant que jeune homme idéaliste d'origine irlandaise, il a 20 ans en 1884, quand il se joint, en tant que consul, à une expédition au Congo dont fait également partie le célèbre aventurier des terres africaines : Henry Morton Stanley. Sur place il assiste à l'exploitation du caoutchouc dans les forêts du Congo, alors propriété du roi Léopold II de Belgique. Au fil des ans, il ne peut que constater les effroyables conditions de vie des peuplades autochtones, considérées comme esclaves par les colons qui n'hésitent nullement à les torturer, voir à les assassiner quand les indigènes ne rapportent pas les quantités exigées. Ulcéré par cette barbarie sans nom, Roger Casement écrira un rapport qui fera grand bruit dans l'Empire Britannique.

      En 1910, maintenant diplômate du Foreign Office, Roger Casement se voit confier la mission de se joindre à une commission d'enquête sur des assassinats commis sur des autochtones dans des exploitations d'hévéas à la frontière entre le Brésil et le Pérou, où opére une compagnie anglaise, côtée à la bourse de Londres : la Peruvian Amazon Compagny. Là aussi, Roger Casement fera l'amère constatation que le sauvage n'est pas celui que l'on croit, que l'argent roi peut acheter toutes les consciences et que la violence est sans limite quand le profit prime avant tout. De surcroît, par effet papillon, la corruption s'étend à tous les niveaux de la société dans les régions d'extractions.

      De retour en Angleterre, écoeuré par toutes formes de colonialisme exacerbant l'âme noire des colons, il prend conscience que son pays natal vit lui aussi sous le joug de la botte britannique. Dès lors, il n'aura de cesse de tout mettre en oeuvre pour obtenir l'indépendance de l'Irlande, sans trop réfléchir à la méthode employée.

      Non seulement Mario Vargas Llosa exhume une fascinante et contreversée figure historique, mais il déploie un talent fou pour la replacer exactement dans son époque. Egalement avec maestria il pénètre dans l'âme de Roger Casement, nous dévoilant l'entièreté de ses tourments, de sa personnalité, de ses attirances, sexuelles ou intellectuelles. Au final, il en ressort un homme intègre et passionné, portant au plus haut les valeurs d'un humanisme universel, néanmoins, sa volonté politique irréfléchie le conduira à une disgrâce auprès de ses plus chers ami(e)s. 

      Par delà la vie d'un homme, Mario Vargas Llosa pose devant nous l'atroce réalité de notre condition humaine. Comment le profit idôlatré peut-il transformer un homme en monstre sanguinaire ? L'économie libéral permet-elle tout ? Doit-on accepter que notre confort dépende du sacrifice de millions de vies humaines, même s'ils sont à l'autre bout du monde ?

      Ce roman dérange, ce roman nous tend un miroir. Ne rien dire, ne rien changer à sa vie n'est-il pas un signe flagrant de collaboration au système ?

      Publié en 2010, cette biographie nécessita une énorme documentation. Mario Vargas Llosa, qui obtient le prix Nobel de littérature la même année, dut faire un travail formidable de recherche pour s'immerger à ce point dans la tête de Roger Casement. Je salue son travail qui permet de faire ressurgir des abysses du passé un homme de valeur, quelqu'un de bien, tout en ne gommant pas ces errements liés à l'indépendance de l'Irlande. En chaque homme ou femme, il y a toujours une part de contradiction. Vivre avec des exigences morales est si difficile dans un monde si cynique.


27 mai 2025



" Le volume du temps "   Volume 1 et 2, de  Solvej Balle   6/20

      Au départ, l'idée est excellente : une jeune femme vit indéfiniment la même journée : le 18 novembre. Elle est la seule à en avoir conscience, le reste de son entourage fait comme un reset en pleine nuit, pour revivre un nouveau 18 novembre. Et cela dure plus de mille jours. Et encore, je n'ai lu que deux volumes sur l'ensemble des sept.

      Naturellement, on peut y entrevoir une réflexion philosophique sur le train-train aliénable de nos vies. A quoi bon vivre toujours le même quotidien jour après jour ou année après année. Bien... cependant, une fois cela exprimé on tombe dans une flânerie plombante autour de ce thème. Des variations sont au rendez-vous, telles celles de Jean-Sébastien Bach d'après Goldberg. Néanmoins, les variations de Solvej Balle sont beaucoup plus modestes, cela ronronne, tourne en rond et se répète encore et encore, tel un disque rayé, jusqu'au bout du premier tome. Et le deuxième ? Nouvelle variation, mais dans l'Europe entière cette fois-ci, celle bien sûr du 18 novembre, cependant, là non plus, rien de transcendant, on élargit nos horizons pour en revenir au même point, malheureusement pas final.

      Bref, deux romans ennuyeux et indigestes à l'extrême. Idéal pour trouver le sommeil, ce ne sont pas les rebondissements qui vont vous maintenir éveillé, il n'y en a pas un seul ! 

      Est-il nécessaire de préciser que je ne lirais pas les autres volume ?

      

21 mai 2025

  Petit aperçu du jardin printanier 2025

Partie 3

 


La glycine devient la star du jardin, on ne peut que s'incliner devant sa magnificence.



Gros plan sur quelques unes de ses inflorescences.



Le lilas, ne voulant rester à la traîne, nous offre lui aussi, non pas un mauve violacé, mais une blancheur écarlate.



Plus loin, le jaune éclatant d'une rose attire mon regard, surtout quand l'ombre joue à part égale avec la lumière sur ses pétales.



Et que dire du rouge de ces benoîtes, mettant en valeur un azur immaculé ?


Au lever du jour, deux épis de muflier se réveillent sous les premiers rayons du soleil printanier.


Pendant ce temps-là, au potager, les alignements s'organisent entre pommes de terre, batavias, blettes et haricots.



Bien sûr, à la fin mai, ma fraiseraie est en pleine production ; rien de mieux que des tartelettes aux fraises pour se régaler ?


On se quitte avec ce bouquet de pivoines et d'arums mêlés. A suivre !

15 mai 2025

 


" Le déluge "   de Stephen Markley   19/20


      Indéniablement, voici le livre bible que j'attendais, naviguant autour de nos consciences face au réchauffement climatique. Certes, beaucoup d'écrits concernent ce sujet d'actualité brûlante, mais jamais avec autant de pertinence et de réalisme. Stephen Marckley est un écrivain prophète. Dans cette incroyable fresque, tout y est plausible : les catastrophes comme les réactions humaines. J'ai franchement eu l'impression de lire notre futur immédiat jusqu'à l'année 2040. Pour écrire ces plus de mille pages, très documentées, Stephen Markley a mis plusieurs année, et cela se ressent, tant la précision chirurgicale, le talent narratif et l'intelligence scientifique du récit ne peuvent s'épanouir que dans le temps long. Le résultat est époustouflant.

      Et que dire de l'analyse extra-fine du comportement humain, de ses errances, de ses engagements, de ses contradictions, de ses renoncements et de ses sacrifices ? Nous sommes décortiqués sur l'autel du profit et de nos égoïsmes. Peu aurons le courage d'aller au bout de leurs idées, peu seront prêts à risquer leur peau pour que le monde ait une possibilité d'avenir, sérieusement détériorée, certes, mais un lendemain peut encore exister.

      L'histoire débute en 2013 en Californie, quand un scientique écrit un livre sur le dérèglement climatique et qu'il reçoit des menaces de mort. De surcroît, il se heurte à un puissant déni des politiques, de ses congénères et du monde entier. Néanmoins, des supers ouragans et des méga-feux lui donneront vite raison, mais rien ne bougera politiquement pour autant. 

      Ce roman fleuve brasse le destin de pléthore de personnages, notamment Kate, une militante écologiste, intrépide et charismatique, qui, à force de défie l'échiquier politique devient, au gré de ses actions pacifiques, l'icône d'une génération ; Ashir, un génie de l'analyse prédictive ; Shane, elle aussi une militante écologiste qui n'hésite pas à s'attaquer aux infrastructures gazières et pétrolières, face à un pouvoir qui ne veut rien céder ; Keeper, un junkie capable du pire comme du meilleur ; ou encore le Pasteur, un ancien acteur hollywoodien recyclé en leader politique de la l'extrême droite. Tous seront amenés à faire des choix devant l'effrondement d'un monde révolu.

      Seul petit bémol, le foisonnement des protagonistes qui complique la lecture, cependant, dans le dessein de multiplier les points de vue pour accéder à toutes les sensibilités de la citoyenneté américaine, il faut brasser large, quitte à écrire un roman à la fois choral et monde.

      Ce roman est un verre d'eau glacée en pleine gueule. Il nous attrape par le colback et met de mots et des maux effroyables sur ce processus de destruction irréversible uniquement dû à l'Homme. Que tout ceux qui explosent leur bilan carbone, se penchent sur ces pages  hyperréalistes. L'apocalyspe est à nos portes, l'humanité entière est concernée, que chacun agisse en sa conscience en remettant en question son individualisme et ses mesquins profits. Qui est prêt à condamner tous nos enfants à mourir en suffocant ? Qui est prêt à payer les conséquences d'une guerre civile ? Qui peut accepter de se prendre le mur de la réalité climatique en pleine face sans bouger le petit doigt ? Qui ? On ne pourra pas dire que l'on ne savait pas. 

      

8 mai 2025

 " La cour des mirages "   de Benjamin Dierstein 13/20

      Avec l'élection de François Hollande en mai 2012 et le triomphe de la gauche, ce sont les purges anti-sarkozystes qui ébranlent les différents ministères, en particulier au sien du ministère de l'intérieur. Ainsi, la commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI pour la brigade criminelle de Paris, au fameux 36 quai des orfèvres. Elle est rejointe par un ancien collègue Gabriel Prigent, toujours sérieusement hanté par la disparition de sa fille, six ans plus tôt.

      Dès leur retour au 36, ils sont confrontés à une scène de crime effroyable : un cadre politique a massacré sa femme et son fils avant de se pendre. L'enquête débouchera sur des réseaux criminels et pédophiles, sur la prostitution de luxe et sur l'évasion fiscale.

      D'emblée, ce qui me frappe est l'écriture de Benjamin Dierstein. Il copie celle de James Ellroy : des phrases courtes, un rythme saccadé, un style immersif. D'ailleurs l'auteur ne s'en cache pas, sa vocation d'écrivain lui est venue après avoir lu Ellroy. Très bien. Malheureusement, ce foisonnement incessant et hystérique m'agace un peu ; et que dire de ces anaphores présentes une page sur deux et qui ne servent strictement à rien, si ce n'est à irriter son lectorat et à rallonger un roman déjà assurément volumineux ?

      Néanmoins, le fond s'avère effroyablement passionnant. Benjamin Dierstein réussit le tour de force de mêler des politiques de premier plan aux crimes les plus sordides lorgnant vers une immonde pédophilie très lucrative pour individus désespéremment immoraux, tout cela couronné par le pouvoir suprême, celui de l'Argent Roi, capable de toutes les corruptions et de toutes les permissivités.

      Ce roman est un vaste opéra basé sur la cruauté et sur l'horreur. Certes, l'Homme n'en sortira pas grandi, bien au contraire, cependant Benjamin Dierstein met le doigt sur l'un des travers les plus odieux de l'humanité : la pédophilie dans toute son abjection la plus sordide, d'ailleurs le dessin de couverture avec ce nounours, baignant dans une flaque d'eau ou de sang, est là pour nous mettre en garde d'un texte naviguant sur un bouillon de culture glauque et innommable ; surtout à ne pas mettre entre toutes les mains ; d'autant que dès l'incipit, le ton est donné : l'indicible sera au rendez-vous.

      Mon autre bémol porte sur le foisonnement des personnages, des démêlées de l'enquête et des considérations politiques, j'ai parfois perdu le fil de l'histoire avant de retrouver un point d'appui, puis de me voir déboussolé derechef et d'enfin raccrocher mes wagons dans les dernières pages. J'oubliais les longs passages qui font écho à l'actualité politiques, mais qui ne sont que des copiés collés de nouvelles distillées par la radio. Bref, lecture éprouvante et inoubliable à tous les points de vue. Suis-je prêt à renouveler l'expérience avec Benjamin Dierstein aux manettes ? La question se pose.


28 avr. 2025


" Les démoniaques "   de Matthias Köping   17/20


      Emporté par la lecture passionnée de son dernier roman publié : Cartel 1011, critiqué récemment sur ce blog, j'ai voulu en savoir plus sur cet auteur de roman très noir, d'où ce flash-back sur son tout premier livre.

      On est très vite plongé dans le bain de l'horreur dès l'incipit, la suite est du même acabit : drogue, proxénétisme, pédophilie, inceste, tortures, viols et assassinats, l'ensemble sous le joug d'une violence épouvantable. Certes, ce roman est trash, mais il décrit parfaitement comment un réseau mafieux réussit à s'implanter dans un coin apparemment tranquille de la campagne normande : Viaduc-sur-Bauge. Bien sûr, la corruption gangrène tous les niveaux de la société ; aidée en cela par la perversion nichée dans l'âme noire de certaines personnes influentes. Aucun niveau d'empathie ne peut jouer pour ces êtres abjects.

      Cependant, au milieu de ces ténèbres sans fond, un fil ténu d'humanité jaillit de cette fange. Il est symbolisé par deux personnages victimes dans leur chair des monstruosités de "L'Ours", le mafieux qui règne d'une main de maître sur la région : Kimy et Henri. Elle, est la propre fille de "L'Ours", rêvant de se venger de ses immonbrables et intolérables souffrance, lui, un prof ayant perdu sa fille quelques années plus tôt, et ne vivant que dans son souvenir.

      On peut souligner quelques incohérences dans le déroulé de l'action, mais elles sont vite balayées par la force intrinsèque du vent de folie qui file vers un épilogue ténébreux qui ne m'a pas franchement surpris, rapport aux petits cailloux semés ici ou là.

      Il faut avoir le coeur bien accroché pour s'élancer dans cette lecture glauque et malsaine, cependant, la plume percutante de Matthias Köping nous emporte, comme rarement, dans un tourbillon de furie ayant pour effet de nous faire tourner les pages tel des hystériques, si impatients d'en savoir plus. Il s'agit d'un page-turner type, néanmoins pour public averti. Âmes sensibles, passez votre chemin.


23 avr. 2025

 Petit aperçu du jardin printanier 2025

Partie 2



Multitude de narcisses, se dressant vers l'azur, fiers d'inonder le printemps de leurs couleurs chaudes.



Plus loin, cachées derrière un houx massif, des fleurs de pervenche, timidement, font une apparition toute discrète.



En gerbe très colorée, un pied de blette prend ses aises sans vergogne.


Pendant ce temps là, les pieds de petits pois envoient déjà leurs premières fleurs blanches, exprimant ainsi leur joie de participer au festival printanier du jardin.

Ne voulant pas rester à la traîne, les choux cabus aussi augmentent leur vitesse de croissance.


Et que dire de l'ail des ours, qui d'année en année grignote du terrain inexorablement ?

Le pommier Cox-Orange, lui aussi mêle ses couleurs à toute la fanfare silencieuse printanière.



Et Bouddha, toujours aussi immuable, si ce n'est abîmé par les griffes du temps, trône au milieu de quelques jacinthes des bois.


Dans la serre, ou plutôt dans ma nurserie, mes bébés plantules patientent tranquillement à l'abri des gels tardifs.


Elle aussi, la glycine s'exprime, mais tout en nuance et délicatesse.


Au jardin suspendu, un pied de pourpier balance ses oranges si lumineux.


Ah, j'oubliais cette touche de bleu apportée par les myosotis...


...et le blanc des fleurs d'Amélanchier.


Je vous dis à bientôt avec ces iris aux pétales si emberlificotées.