27 avr. 2014




   " Avenue des Géants "  de Marc Dugain   17/20.


Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas 2,20 mètres, et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein.
Sa vie bascule le 22 novembre 1963, le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Plus jamais il ne sera le même, désormais il n'aura cesse de lutter contre ses mauvaises pensées.
Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat inégal et désespéré contre le mal qui l'habite.


Exercice littéraire périlleux et effrayant, mais finement intelligent ; en se basant sur l'histoire vraie du tueur en série Edmund Kemper, Marc Dugain nous fait pénétrer dans le cerveau du sinistre individu.

Rebaptisé "Al Kenner" pour le roman, il ose le pari de nous immerger dans le tréfonds de l'âme noircit d'un jeune homme, au risque d'avoir de l'empathie pour ce multi-assassin.

Le contexte familial, peut expliquer bien des choses, avec cette mère castratrice et punitive, n'ayant pas le moindre sentiment d'amour pour son fils, qu'elle relègue au sous-sol, pour le voir le moins possible.

Cette enfance bafouée, avec cette mère humiliante, un père qui finira par fuir le noyau familial, une grand-mère insupportable de reproches, aggravent les mauvaises ondes qui chahutent son esprit.
Il en a conscience, il lutte fortement, mais parfois une vague de haine passe le mur de sa résistance, et l'impensable se produit.

Marc Dugain marque l'essai de ce défi hautement risqué, qui est également un hymne à la route, n'oublions pas que nous sommes dans les années 60, où les mouvements hippies se concrétisent un peu partout aux States, amenant un tsunami de pacifisme dans cette Amérique disloquée par la guerre du Vietnam.
Attention, il ne s'agit surtout pas de glorifier un homme meurtri par une existence méchamment difficile, mais de ressentir, de mieux comprendre, ce qu'un homme perdu dans ses pensées ténébreuses peut faire à un monde qui l'ignore superbement, à quelques exceptions près.

Tout y est en nuance, l'abject n'y est que succinctement décrit, certes, une telle histoire pourrait rebuter un lectorat trop sensible, mais ne vous y trompez-pas, ici pas de description de massacre sordide et sanguinolente, comme dans le célèbre livre de Bret Easton Ellis : " American psycho ", oh que non, l'auteur prend bien soin d'éviter tout abus nauséabond et glauque, loin de tout sensationnalisme.

D'ailleurs avec une efficacité recherchée, l'auteur se joue de ses lecteurs en nous cachant matoisement les capacités homicides d'Al, détournant habilement notre attention pour mieux nous saisir dans le final.
Un conseil : Lisez entre les lignes pour éloigner toute duperie future.

Très souvent , à l'origine de tous tueurs en série, il y a une enfance fortement traumatisée, peu importe comment, mais une enfance, qui n'en est pas une, scandaleusement douloureuse, physiquement et psychiquement.
Comment gérer cette souffrance inique ?

Chacun construit des barrières, mais quand l'ébranlement s'ajoute à une grande instabilité intrinsèque, tout est possible, dangereusement possible, tragiquement possible.

Un roman qui fait un pas vers une tentative de compréhension de l'immonde, aucun doute que les avis des lecteurs seront très partagés.



23 avr. 2014




Renaissance agreste.


Salutations à la torpeur aboulique de l'hiver,
Toute léthargie s'achève dans notre hémisphère.

A l'heure où murmure puis s'affirme un soleil ragaillardi,
Partout dans la nature les bourgeons s'épient sans interdit.

L'immuable compte à rebours végétal est lancé,
C'est à qui vers les cieux, osera le premier s'élancer.

Sous l'appel d'une sève volcanique en transe,
Bouillonnent par millions d'infinies espérances.

Tacite communion universelle,
Où tout converge, tout ruisselle.

Concours annuel éclaboussant avec impudence nos yeux,
Qui inlassablement nous charme et rime avec merveilleux.

En tous lieux, des bleus, des rouges, des jaunes s'imposent,
Inspirant bien des poètes en herbe en quête de prose.

Sois dignement remercié, Ô toi Roi des saisons, qui sans contretemps,
Inonde de touches diaprées ce qu'ici-bas on nomme le printemps.



21 avr. 2014



" Mon traître " de Sorj Chalandon     17/20.


Son propre pays, ses parents, ses enfants, sa femme, ses camarades et ses amis, ils les a tous trahis, ignominieusement trahis.


Ce traître, c'est un haut dignitaire de l'IRA (Armée républicaine irlandaise), Tyrone Meehan, son pays c'est l'Irlande du Nord.


Nous sommes à Belfast dans le milieu des années 70, les forces de l'IRA mènent une guerre de résistance face aux troupes d'occupations anglaises.


Un jeune luthier parisien, curieux du conflit nationaliste de l'Irlande du Nord, débarque à Belfast en 1975 et visite le quartier de Lower Falls Road, où en 1969, pour terroriser la population catholique, des protestants fanatiques avaient incendié toute la zone.

Six ans plus tard, les ruines calcinées trônent toujours. C'est au milieu de ce désert de briques noircies, que notre brave luthier fit la connaissance d'une famille d'activistes républicains.

Sa conduite franchement candide et sa sympathie naturelle, plus sa pratique du violon, le feront vite apprécier de tout le milieu activiste.


Les pubs enfumés, l'âcre guiness, l'hymne irlandais, les révoltes républicaines, les chants gaéliques, les ciels humides et bas, seront sa deuxième patrie, il y reviendra très souvent, notamment lors des coups durs subis par l'IRA.


Puis un soir d'avril 1977, dans les toilettes d'un pub, un homme lui apprend à pisser comme un vrai irlandais, c'est Tyrone Meehan.
L'homme dont il se nourrira et qu'il vénérera pendant plus de 20 ans, avant d'apprendre sa condition de traître au mouvement.

L'auteur (journaliste) nous livre ici une histoire très personnelle, le luthier c'est lui, cette trahison c'est la sienne. C'est donc le point de vue du trahi qui alimente ce roman et lui donne vie.


C'est pourquoi ce récit très ciselé, narre avec une justesse rarement atteinte, l'ambiance mortifère de cette période trouble.

Tout y est, la fraternité et la solidarité entre familles combattantes, le profond sentiment national, l'engagement politique, l'obstination de l'envahisseur anglais, les erreurs individuelles, la lassitude de vies stériles, la détermination des soldats de l'IRA et le climat trop souvent triste et morne, même le soleil semble souffrir des maux du peuple de l'Irlande catholique.

La force de l'écriture rapide, syncopé et la sobriété des émotions, expriment l'urgence, le combat intérieur, la souffrance quotidienne, l'impossibilité de se soumettre, la détresse, le prix du sacrifice et l'espérance pour demain.


Un récit qui prend aux tripes, qui remue, qui interroge.


L'indifférence n'est pas de mise, notamment devant ces grévistes de la faim, morts devant l'inflexible Miss Thatcher, pour une simple question de reconnaissance de leur vrai statut.

Ces David contre Goliath forcent le respect, mais tant de vies gâchées de part et d'autre interrogent une fois de plus sur l'absurdité de la violence, qui apporte plus d'amertume qu'autre chose.

A lire pour savoir, mieux comprendre et se questionner.






7 avr. 2014




" L'été de cristal ", " La pâle figure ", " Un requiem allemand ", l"ensemble formant : " La trilogie berlinoise " de Philip Kerr   18/20



Ces trois romans policiers ont pour toile de fond le III ème Reich, pendant des dates charnières, telles que 1936 et 1938, puis en 1947 dans une Allemagne meurtrie en ruine.

Ne comptez pas sur moi pour vous narrer les intrigues (brillantes), car l'essentiel tient dans les tenailles épouvantables de l'époque où elles se déroulent.

Il vous faut juste savoir que le personnage central : Bernie Gunther, trop écœuré par la prise en main des rouages de l'état par les fascistes, et voulant conserver sa dignité, vient de démissionner d'un poste de commissaire de la police berlinoise.

Il s'installe donc comme détective privé dans un Berlin en ébullition, où les disparitions se multipliant, lui fournissent une clientèle certaine.

Désabusé et courageux, perspicace et insolent, probe et galant, Bernie devient au milieu d'un extrémisme conquérant, un homme esseulé, témoin dépité de son époque où la démocratie se délite.

Saviez-vous qu'à Berlin pour les Jeux Olympiques de 1936, les livres interdits par le régime ont été remis en vitrine dans les librairies, pour faire croire aux regards des visiteurs étrangers à un pays faussement accusé d'intolérance ! 

Dernière enquête en 1947, dans une Vienne en reconstruction mais corrompue de part en part, où l'espionnage entre l'Est et l'Ouest prend toutes ses lettres de noblesse.
Où les américains, n'hésitent pas à s’acoquiner avec des nazis recherchés, afin de mieux combattre leur ennemi commun : les soviétiques !
 
Ces enquêtes, nous font côtoyer des actrices et des prostituées, des psychiatres et des grands patrons, des militaires et des traîtres, tout un  monde interlope.

Mais ici, les principaux protagonistes s'appellent Heydrich, Himmler, Goering ou Nebe, d'où une plongée dans le glauque et le sordide et cela fait toute la différence avec un banal polar.
D'autant que ces histoires sont grandement documentées, d'où une sensation puissante de réalisme.

Plus une narration bigrement ciselée, digne d'un orfèvre, et des scénarios ou scénarii machiavéliques nous font ressentir l'oppression nazie, telle une main de fer nous privant d'oxygène.

On perçoit ici fortement battre le coeur d'un Berlin exsangue, où toute survie passe par une abnégation de ses principes, car l’après guerre est un autre enfer, notamment sous la botte russe.

Pendant ces lectures, des réminiscences cinématographiques en noir et blanc remontent involontairement à ma mémoire, il s'agit de deux films cultes, qui distillent parfaitement cette atmosphère délétère, je veux parler de " M le maudit " de Fritz Lang, et de " Le troisième homme " de Carol Reed, très célèbre pour sa musique signé Anton Karas.

Du grand policier instructif, d'une époque parmi les plus noire du siècle dernier.
Bref mille pages qui se lisent d'un trait, sans effort, pour nous ouvrir les yeux sur les abîmes de l'âme humaine.
Cette trilogie s'est vue récompensée en 2010 par  le " Prix des lecteurs ", précipitez-vous !






" Le bouc émissaire "  de Daphné du Maurier    13/20.          
                 
En 1957 John, un historien anglais en vacances en France, rencontre au Mans par hasard, son sosie parfait, Jean de Gué.
Une discussion s'engage, l'un est célibataire sans famille, il se pose des questions sur son existence qu'il trouve terne et fade.
L'autre, châtelain désinvolte, ne recherche que le plaisir, et considère sa famille comme une contrainte.

Jean de Gué voyant ici occasion de changer de vie, fait boire John, prend ses habits, ses papiers sa voiture et s'enfuit.
John, déprimé par sa propre existence, accepte ce défi que lui offre le hasard, et rentre au château avec le chauffeur venu le chercher Jean de Gué.

Qui n'a jamais rêvé de changer de vie ?
De stopper son train-train quotidien, pour se jeter corps et âme dans l'inconnu, dans la grâce attractive de la nouveauté.

Pour John, cette expérience s'avérera bénéfique, il finira par s'attacher à toute sa famille de substitution, il saura dénouer les tensions créées par Jean l'épicurien, et redonner un élan vital à son entourage familial.

Au final, ce récit ambitieux s'avère cruel, étrange, malsain, ambiguë, mais aussi réformiste, libérateur et énergisant !
Mais une fin trop bien pensante me laisse sur ma faim, j'y extrapolais d'autres alternatives plus osées.
Cette frustration du dernier chapitre explique une note mitigée.

Malgré tout, un questionnement intelligent nous stimule :
Pourquoi tant d’apitoiement sur nos vies ?
Savons-nous voir le bonheur où il est ?
Serons-nous jamais heureux, même avec beaucoup d'argent ?
Relativisons-nous assez ?
L'insatisfaction globale n'est-elle qu'un poison distillé au goutte à goutte dans nos vies, qui asphyxie nos joies et nous empêche de voir l'évident, l'essentiel, l'ineffable bonheur qui nous tend ses bras de solidarité et d'amour.

Là, est sans conteste la véritable force de cette oeuvre.



4 avr. 2014



Histoire de moquette !



Parmi tous les objets manufacturés de la vie courante, il en existe un qui ne m'a jamais inspiré une grande sympathie.


Tant bien que mal, je le supporte, quoiqu'en vérité, c'est plutôt lui qui me supporte, puisqu'il s'agit de la moquette !


Pourquoi cette détestation patente et gratuite ?

Parce qu'il s'agit ni plus ni moins qu'un infecte aspirateur de poussière, de saleté !

Et encore si elle se limitait à cela, mais non, elle fait sa maline, sa fière, sa receleuse, en stockant sous forme de miettes tous les déchets immondes du quotidien !


Elle est aussi réputée pour entretenir en son coeur, un élevage intensif d'acariens en tout genre !

Plus monstrueux les uns que les autres !
Jubilation pour les asthmatiques !

Lorsqu'elle est en matériau synthétique, c'est l'électrocution que l'on risque à cause de l’électricité statique qu'elle génère !


Bref, que des réjouissances !


Mais une question me taraude, quel est donc son inventeur ?

Quel sinistre personnage se cache derrière cette horreur ?
Qui est l'être saugrenu qui lui a donné vie ?
Qui est donc cet original, cet olibrius, cet empaffé ?

Nous ne le saurons jamais.

Apparemment, il aurait essayé et réussi à se faire définitivement oublier !
Et c'est peut-être mieux ainsi.
Qu'il reste où il est, à tout jamais, l'infâme créateur !
Et qu'il n'en bouge surtout pas, le vilain coquin, le saligaud, l’effronté !
Que la honte s'abatte sur lui ad vitam aeternam !

Selon le Larousse, la moquette n'est qu'un tapis vendu au mètre.

Voilà bien une expression qui justifie le caractère minable de son existence.

En 1650 on la nommait " Moucade ", mot d'origine inconnue qui a évolué en " Moquette ", c'est aussi ridicule !


La moquette est salissante, et nécessite constamment un entretien régulier.

Vite fastidieux à la longue !
Car beaucoup trop cochonnante !
Il n'y a que les taches qui l'adorent et la vénèrent !
Puisqu' indécrottables, quand elles sont incrustées au plus profond de ses fibres, bon courage pour les en déloger !

Une aberration vous dis-je !


La prochaine fois je vous parlerais du linoléum.

Non, je déconne !
Les inventions à la con merci bien !

Comme quoi, quand il s'agit d'écrire pour ne rien dire, je suis le roi !



3 avr. 2014





La femme pressée.


Telle une flèche fine et folle, elle file au vent,
Faisant fi de ses apôtres et de leur jugement.

N'obéissant qu'à son sacré jardin d’éden,
Ni injonction ni supplique ne la retiennent.

Telle une anguille, elle se faufile dans le courant.
Ingérable, elle attrape la lune avec ses dents.

On la croit un temps ici ou là,
Faux, elle est ailleurs déjà.

Tourbillonnante dans notre sage présent,
Cette indomptable flamme glacée de l'instant.

Affolant parfois notre futur,
Chanceux qui la capture.

Même son ombre déclare forfait,
Impuissance ultime de l'imparfait.

Heureux qui peut l'avoir, 
Heureux qui peut la voir !

Profanatrice de bien des sillons,
Elle nous charme de son "Fuyons !"

Claustrophobe de la vie,
Seul dehors est sa survie.

"Vivre pour ne pas survivre",
Telle est sa grande oeuvre.

Ou pour nous faire frémir :
"Courir pour ne pas mourir."

"Courant d'air" pourrait-être son nom,
Mais quel serait son prénom ?


Avril 2014.





L'autre soir, en fermant innocemment les volets, une grande sensation d'apaisement, de volupté, de sérénité, s'est mystérieusement emparée de moi !

La nature qui cernait mon champ de vision semblait irréelle, quelque chose s'était métamorphosée !

Dans le jardin, tout semblait figé, immobile, comme pétrifié !
En effet, pas la moindre miette de vent pour faire 
bruire les feuilles des arbres ou osciller les brins d'herbe !

Une sensation de sérénité totale régnait dans l'air.
Un silence capiteux et grisant s'installait.
Même les chants d'oiseaux avaient disparus ou du moins paraissaient très furtifs et très lointain !


Etrange ambiance, irréelle !
Le temps était comme suspendu !
Petit à petit j'eus la nette impression que quelque chose allait arriver, là, maintenant !

Badaboum, une forte pluie s'est mise en branle, permettant à mes plantes d'assouvir une soif, trop longtemps retenue !


Faire une quinzaine de lignes pour dire qu'il a plu !
Quel outrecuidant je fais !





" 1Q84 " d'Haruki Murakami " 13/20. 



Mon premier roman japonais !

L'action qui se déroule en 1984 (en référence à Herbert Georges Wells), glisse douloureusement et hypnotiquement vers 1Q84 !

Tengo, est professeur de mathématique, dont tout le temps libre passe dans l'écriture, il aide ainsi une jeune fille de 17 ans, à écrire un roman qui bouleversera leurs avenirs communs. 
Aomamé est une prof de sport, elle a une activité parallèle, mais celle-ci est beaucoup moi avouable, puisque totalement illicite ! 
Unis par une très émotionnelle rencontre de jeunesse, leurs existences seront mystérieusement nouées, dans les entrailles de 1Q84.

1Q84, où une deuxième lune apparaît dans le ciel.
1Q84, où les démons intérieurs de certains individus, prennent vie.
1Q84, où un groupe écologiste, évolue vers une secte bien singulière.
1Q84, où des chrysalides prennent formes, tissées par de petits êtres.

Une odyssée initiatique qui embrasse fantastique, thriller, fantaisie et amour impossible.
Fable écologique zigzaguant entre onirisme et quête vers l'harmonie.

L'oeuvre est parsemée de référence à la musique classique " La Sinfonietta " de Janacek, entre autres, et d'écrivains, Anton Tchekov entre autres, ce qui n'est pas sans me toucher.

Mais pourquoi diluer ce récit dans 1600 pages ?
Pourquoi multiplier des répétitions qui alourdissent inutilement l'histoire  ?
Pourquoi nous laisser dans l'expectative, une fois la lecture achevée, et qu'il nous manque tant d'explications !

Pour laisser notre inspiration agir, en reliant par l'imagination l'ensemble ?    Peut-être, mais frustrant dans mon cas !

Des coupes franches, ramenant l'ensemble à 1000 pages, aurait été plus judicieux, afin d'atteindre un équilibre idéal.
Supprimant des phases larvaires engluant l'histoire dans une mêlasse inutile.

Certes, ces anomalies pourraient plomber définitivement l'histoire, mais non, il émerge malgré tout une magie, qui nous attire telle des papillons vers la lumière.

Et puis certains passages sont véritablement magnifiques, alors ne jetons surtout pas le bébé avec l'eau du bain !

Je vous invite à rentrer dans cette étampe littéraire japonaise, et de me céder vos impressions.

Un mot clé, revient sans arrêt dans le texte, il s'agit de l'adverbe " Comme ", rien que sur une seule page, je l'ai lu 5 fois, surprenant !

Était-ce une volonté obstinée de l'auteur, ou un tic d'écriture, ou encore, faut-il y voir un lien avec l'ensemble de l'histoire, du genre : 1Q84, c'est COMME 1984, mais en légèrement différent, COMME un signe, une métaphore, un échappatoire ?

C'est le genre de roman que l'on garde longtemps en mémoire, on vit avec, involontairement, comme une empreinte.

Je viens d'apprendre que l'auteur a été très fortement marqué par l'attentat au gaz sarin perpétué dans le métro de Tokyo, par la secte Aum, le 20 mars 19.
D'après mes sources, cela se ferait puissamment ressentir dans toute son oeuvre, comme une empreinte indélébile.

Prochainement, il me faudra découvrir d'autres de ses romans, car cette bizarrerie romanesque très attachante néanmoins, m'intrigue au plus haut point.



2 avr. 2014





Mon miroir absent.


Vile impolitesse du destin,
Qui me laisse sur ma faim.

Où niche mon âme soeur masculine,
Si abstraite, fuyante et mutine.

Où est mon interlocuteur empreinte,
A la chaude réciprocité non feinte ?

Sur le chemin tortueux de la vie je m'éreinte,
A traîner ce lourd fardeau, sordide astreinte.

Ô combien de fois, pensais-je l'avoir trouvé,
L'avenir me prouva que je m'étais fourvoyé.

Ce mur porteur, cette colonne vertébrale,
Fuit haut devant moi le long d'une verticale.

Asphyxiant ma cinquantaine amassée,
D'un brouillard esseulant, si glacé !

Quel mérite faut-il échafauder,
Pour l'atteindre sans minauder.

Quand ce funambule du temps,
Daignera-t-il envoûter mon élan ?

Arlésienne chimérique insensée, 
M'offrant l'osmose de la pensée.

Quête d'une ombre, d'un double effarouché,
Qu'il ait la sagesse de ne plus se cacher. 


Mars 2014




 " L'attentat " de Yasmina Khadra  18/20

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients.
A l’hôpital, le docteur Amine, chirurgien israélien d'origine arabe, opère à la chaîne les survivants de l'attentat.
Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d'urgence pour examiner le corps déchiqueté de la kamikaze.
Le sol se dérobe alors sous ses pieds quand il comprendra impensable : il s'agit de sa propre femme.

Comment admettre l'impossible, comprendre l'inimaginable, découvrir que l'on a partagé, des années durant, la vie et l'intimité d'une personne dont on ignorait l'essentiel ?
Pour savoir, il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple palestinien.

Quête, voyage initiatique vers  l'incompréhensible !
Paradoxalement ce livre déborde d'humanité, qui sans vouloir nous donner de leçons, nous pousse jusqu'à mieux appréhender la rationalité des kamikazes palestiniens.

Méfions-nous des humiliations perpétuelles et définitives qui alimentent les révoltes futures.
Posons-nous les questions affûtées sur nos jugement trop hâtifs.

Soyons humbles devant l'autre, surtout s'il est très différent, trop différent.
Car toute adversité vers autrui, par réciprocité, nous reviendra tel un boomerang de haine !

Ce roman n'est autre qu'une oeuvre de sagesse, de réflexion, d'introspection, redoutable car puissante, inflexible car gorgée de vérité nue.
A l'heure où la nuit de l'intolérance retrousse ses ourlets, sur les premiers attouchements des droits de l'homme, sachons reconsidérer l'ordre des choses et respectons-nous enfin, les uns les autres, amen.

C'est peut-être son quatrième ou cinquième roman que je lis de lui, chacun est une pierre angulaire à la construction d'une belle oeuvre privilégiant l'humain.

Essentiel !





" La chute des géants " et 
" L'hiver du monde " de Ken Follett    16/20.

1 ère partie : A la veille de la guerre de 14-18, les grandes puissances vivent leurs derniers moments d’insouciance. 
Bientôt une violence inédite va déferler sur ce monde imbu de lui-même.

De l'Europe aux Etats-Unis, du fond des mines du pays de Galles aux antichambres du pouvoir soviétique, en passant par les tranchées de la Somme, cinq familles vont se croiser, s'unir puis se déchirer.


 2 ème partie : 1933, Hitler s'apprête à prendre le pouvoir.
L’Allemagne entame les heures les plus sombres de son histoire et va entraîner le monde entier dans la barbarie et la destruction.

Des salons du Yacht-Club de Buffalo à Pearl Harbor bombardé, des sentiers des Pyrénées espagnoles à Londres sous les bombes, de Moscou en pleine évacuation à Berlin en ruines, nous retrouvons les cinq familles
ainsi que leurs descendances, dans cette tragédie humaine.

Entre épopée historique, lutte des classes, romans d'espionnage, intrigues amoureuses et thriller politique, ce roman en impose par son souffle.
Beaucoup de lecteurs rejetteront stupidement ce livre en prétextant les nombres affolant de pages : plus de 2000, présenté en deux tomes, ou  devrais-je  dire  2 tonnes ?

Honnêtement, quand l'histoire vous tient, peu importe le nombre de pages, l'essentiel n'est pas là, il est dans la fluidité, dans la puissance de ce récit sans superfluité.
En effet, il serait ici difficile de dire qu'il y a 100 ou 200 pages de trop, alors que dans tant d'autres...


Pour écrire ce projet quelque peu ambitieux, Ken Follett, créé autour de ses personnages principaux, une toile d'araignée, dans le but essentiel de les positionner sur le chemin pertinent de l'Histoire en marche, d'où parfois quelques raccourcis peu crédibles, mais on comprend leurs nécessités, utiles pour harmoniser le tout.

Chacun de ces hommes et femmes devront choisir leur propre route, au risque de se fourvoyer aux yeux de ceux qu'ils aiment.
Toutes les convictions, tous les sentiments, tous les doutes et les certitudes de l'âme humaine, éclateront au fil des pages.
Malgré leur intarissable appétit de vivre, personne n'en sortira indemne, le destin prenant un malin plaisir à broyer leur existence.
Comme une partiale machine de guerre, exterminateur de toute humanité, mais inventée par elle !


Quantité de sujets sont abordés, du vote des femmes dans l’Angleterre de 14-18, à la création de la SDN par le magnanime président américain Woodrow Wilson, des raisons profondes de la révolte allemande de l'entre deux guerres, à la montée de la guerre froide entre l'Est et l'Ouest, etc . . .
 Grand roman historique et bourrées d'informations qui éclairent cette période charnière puisqu'elle modifiera totalement la lisibilité de la géo-politique du monde, extrapolant les conflits futurs, donc actuels !


Parmi les pépites informatives, j'en retiendrais trois :

Le budget de l’Angleterre d'avant la première guerre mondiale, comprenant l'armée, la justice et les prisons, l'éducation, les pensions, les colonies, etc, s'élevait à 500 000 livres sterling par jour tout compris !
Au demeurant une belle somme bien rondelette couvrant juste 24 heures de fonctionnement.

En août 1916, soit deux ans après le début de la guerre, l'Angleterre dépensait toujours par jour, la somme astronomique de 5 000 000 livres, soit 10 fois plus !
Naturellement l'économie anglaise exsangue depuis longtemps devait emprunter la totalité de la somme essentiellement à l'Amérique. 
Soit en deux ans de guerre 4 000 000 000 de livres !

Toujours courant juin 1916, voyant sur le terrain le conflit s'enliser, le président américain Woodrow Wilson lança l'initiative des pour-parler de paix entre les différents gouvernements en guerre.
(Rappelons qu'à l'époque les Etats-Unis n'était pas encore en guerre.)
Ces négociations se sont révélées dramatiquement stériles, pour d'uniques et d'absurdes raisons pécuniaires. 

En effet, gardons l'exemple de l'Angleterre, son endettement était tel, qu'en cas de défaite face à l'Allemagne, jamais sa dette n'aurait pu être remboursée, causant ainsi la ruine de ses principaux créanciers !
Par contre, en cas de victoire, les vainqueurs obligeraient les Allemands à payer de lourdes " réparations ".

C'est exactement ce qui s'est passé, les allemands durent rembourser des sommes colossales, créant une crise profonde dans l'Allemagne de l'après-guerre, qui servit de terreau pour le futur conflit mondial, qui juste 21 ans plus tard, replongera le monde dans le feu et le sang.

Je pourrais ainsi extrapoler beaucoup plus loin, jusqu’au conflit israélien-palestinien, mais là n'est point mon propos.............quoique !



Ensuite, l'arrivée au pouvoir de Hitler.

Depuis toujours, j'entends cette phrase dramatiquement effroyable: "C'est légalement qu'Hitler a accédé au pouvoir !"
Mais quand je me penche sur ce qui s'est réellement déroulé, je ne peux m'empêcher de me sentir manipulé, trompé. Jugez-en :

C'est dans un climat de tension extrême que les élections législatives de 1933 eurent lieu, puisque le Reichstag venait d'être incendié le 27 février, et Hindenburg, le président allemand, s'était vu débordé par les exigences d'Hitler : interdire les journaux d'opposition, jeté en prison les députés communistes (suite à l'incendie du Reichstag qui leur fut imputé), avoir sa propre police politique, multiplier les manœuvres d'intimidation massives face aux partis démocratiques. 

Certes les résultats de ces élections législatives du dimanche 5 mars 1933, sont remportés par le parti nazi, soit le NSDAP, mais il n'est pas majoritaire puisqu'il n'obtient que 43,9%, loin des 51% qu'il eut fallu pour avoir la majorité absolue.
Le SPD (Parti social démocrate) fit 18,3%, le KPD (Parti communiste) 12,3%, Le Zentrum (Parti catholique) 11,2%, et le DNVP (Parti national) 8%.

Dans les jours qui suivirent, les parlementaires se réunirent non pas au Reichstag (incendié), mais à l'opéra Kroll.
L'ordre du jour devait être la loi sur les pleins pouvoirs, qui permettrait au gouvernement de Hitler d'adopter des mesures législatives sans avoir à les faire approuver par le Reichstag.
Cette loi votée, ferait d'Hitler un dictateur, la répression, l'intimidation, la violence, la torture et le meurtre qui s'étaient imposés en Allemagne depuis plusieurs semaines, prendraient un caractère définitif.

Pour que la loi sur les pleins pouvoirs soit adoptée, il fallait que les deux tiers des députés soient présents, soit 432 députés sur 647, et que les deux tiers de ce quorum l'approuvent.
Les nazis disposaient de 288 sièges, et les nationaux-allemands (leur plus proche allié), de 52 sièges, ce qui donne 340, il leur en manquait donc près de 100 !

Logiquement cette loi ne pouvait pas être adopté, mais c'est justement ici que l'on sort du cadre de la légalité, pour se rapprocher du coup d'état politique !

Sachant qu'en Italie, les catholiques ont conclu une alliance avec Mussolini, soit un concordat censé préserver les droits de l'Eglise, qu'allait faire le Zentrum en Allemagne ?

Et sachant que Göring (le plus proche collaborateur d'Hitler) venait de décrété que les députés communistes emprisonnés (Suite entre autre à l'incendie du Reichstag), et donc absents ne sont plus considérés comme membres du Reichstag, ceci dois-je le rappeler, dans l'illégalité totale.

Finalement, après avoir garanti aux catholiques que l'église catholique resterait indépendante de l'état, et que les établissements catholiques pourront poursuivre leur activité librement, et qu'il ne ferait l'objet d'aucune discrimination dans la fonction publique, le Zentrum a joint ses voix aux nazis.

Toutes les hautes certitudes des députés démocrates, se liquéfièrent et se métamorphosèrent en horreur : plus rien ne pouvait arrêter les nazis, le ver était dans le fruit.

Donc, en excluant les députés communistes, puis grâce aux catholiques, et à de sombres manœuvres de chantages, de menaces, et grâce aux libertés prises avec la loi, bafouant toute légalité, le nazisme obtint les pleins pouvoirs, rien ne pouvait plus stopper ce fléau nazi, qui vite déferlerait sur toute l'Allemagne, puis sur l'Europe et le monde entier.........causant 60 000 000 de morts !

Donc affirmer que c'est le peuple allemand, qui par son vote les a porté au pouvoir, serait faire abstraction de tout un jeu de très forte pression qui ont eu lieu partout et à tout niveau, y compris dans l'enceinte de l'assemblé des députés, puisque des SA, la matraque à la main, cernaient le quorum pendant tous les débats, intimidant les plus couards.

L'attitude inqualifiable des partis catholiques allemand et italien, à des lieues de tous préceptes chrétiens, pose de gros problèmes de conscience à tout catholique.
Et l'absence de prise de position claire de la Papauté, nous inondant de son silence assourdissant, avoue bien des choses !

Que le manque de courage des dirigeants de pays démocratiques face aux forces du mal, soient véritablement responsables, je le conçois.
Mais faire croire qu'une majorité d'allemands en cette année 1938 soit légitimement et sans aucune pression : antisémite, raciste et xénophobe, n'est qu'une ineptie, que je dénonce ici !


Troisième et dernière pépite :

Le 29 août 1949, au Kazakhstan, l'URSS fit exploser sa première bombe atomique, rééquilibrant les forces entre l'Est et l'Ouest.
Mais tout porte à croire que c'est grâce à l'espionnage que les russes réussirent cet exploit, car leur programme scientifique en vue de la fabrication d'une bombe atomique, en était à un état très basique.
D'où la condamnation à mort sur la chaise électrique, des époux Rosenberg, couple sensé être responsable des fuites qui permirent le rééquilibrage des forces mondiales.
On peut même supposer que dans une certaine mesure, c'est volontairement qu'ils se sont sacrifiés afin d'empêcher les Etats-Unis de devenir les seuls maîtres du monde, position hégémonique donc délicate où tout abus devient possible voire inévitable.

Volontairement je stoppe ici mes réflexions, sous peine d'en faire un roman, à votre plus grand désespoir !

Mais si vous êtes curieux de cette période charnière de l'histoire du monde, je vous invite à lire ces 2000 passionnantes pages !