31 déc. 2014


" Le ruisseau des singes " de Jean-Claude Brialy 15/20


Avec l'élégance naturelle qui le caractérise, Jean-Claude Brialy nous offre une autobiographie d'une richesse incroyable par le nombre impressionnant de personnalités rencontrées (Romy Schneider, Marlène Dietrich, Jean Gabin, Alain Delon, Jean Cocteau, Edith Piaf, Marie Bell, Arletty, Claude Chabrol, etc... ) . 

Oh ! Pas seulement rencontrées, mais dont il partagea d'innombrables moments de leur vie, et malheureusement, inhérent à cela, de leur mort aussi. C'est d'ailleurs ce qui frappe à la lecture de cette ode au métier de comédien, c'est la présence constante de la sinistre faucheuse. En effet, le hasard le mêlera souvent aux derniers jours de ces hautes personnalités, comme si le destin s'amusait macabrement à l'unir aux départs de ses collègues de travail. Incluant inévitablement une grande part d'émotion au livre.

Ne souhaitez-pas ici lire des règlements de compte, des révélations croustillantes dénigrant ses collègues de jeu, non , l'homme est la classe, la discrétion et le tact personnalisés, à des lieues d'une certaine Valérie !

Cette autobiographie, bourrée d'anecdotes ébouriffantes, émouvantes et absurdes, nous fait tournoyer dans l'univers aléatoire et incertain, mais dieu merci jubilatoire, de son désir le plus profond : jouer la comédie.

Quand on pense qu'il acheta le château de Monthyon sans le visiter ! Qu'il acheta, suite à une série de rencontres fortuites, le théâtre des Bouffes Parisiens en 1986, alors qu'il n'en avait pas les moyens !  Le hasard, encore lui, qui lui fait acheté au cimetière de Montmartre une concession juste à côté de... la tombe de Marie Duplessis, celle dont la vie tumultueuse donna à Alexandre Dumas fils l'idée d'écrire cette si célèbre " Dame aux camélias ".

Telles sont les excentricités d'un homme qui aimait son prochain, au point de recueillir dans son château des gens célèbres, qui pour un temps, avaient besoin de l’éloignement de la folle vie parisienne, afin de se ressourcer ou se reconstruire dans la sérénité d'un espace vert et calme, loin des médias.

Mais ce qui m'a le plus surpris, c'est sa faculté inouïe à se faire des amis véritables dans ce milieu où règnent trop souvent jalousie, concurrence, égo disproportionné. Sa capacité à engendrer l'amitié, la camaraderie, l'attachement, puis la fraternité, c'est peut-être la force cachée de sa vie, et, de ce livre. 

Un homme d'exception, comme il en existe si peu, dont un humanisme certain transpire à toutes les pages. 

Victime d'un cancer, il disparaît trop tôt le 30 mai 2007 chez lui à Monthyon. Par discrétion ultime il n'en averti personne, même ses proches restèrent dans l'ignorance de cette maladie.  Dès lors, ilaissera un trou béant dans le monde artistique. Je salue ici l'artiste qu'il fut, mais aussi et surtout, l'homme remarquable.



12 déc. 2014

Mon châtaignier.


Il a trôné tout l'été, solennel, dans mon humble jardin,
Son aura distillant douceur et paix à nous autres, baladins.

Mes oreilles se sont enchantées, toujours alertes,
Du bruissement de ses maintes plumes vertes.

Magnanime, il en a imposé ce seigneur des bois,
Sachant offrir son ombre à ses fidèles aux abois.

Quand notre sphère ardente a dardé trop fort,
Il fut comme un dieu, un sauveur, un mentor.

Depuis, sa robe a glissé vers des tons plus chaud, plus enivrés,
Pour conclure en apothéose, après hésitation, dans le cuivré.

Par un matin chagrin, un vent frivole et matois fit choir ses bébés hérissons,
J'ai anticipé en pensée, une gourmandise odorante autour de leur cuisson.

Hélas un novembre vorace lui a arraché sa noble parure,
Telle est la sempiternelle et immuable loi de la nature.

Aujourd'hui, il ne reste qu'une silhouette esseulée mais robuste,
Prête à braver fièrement les rigueurs hivernales d'un froid rustre.

A ses pieds, souvenir d'une gloire partielle,
Un tapis divin, comme une coulée de miel.

Mais demain, à l'heure où raccourciront les ombres, 
Où les abeilles butineront derechef en grand nombre.

Un doux printemps saura réveiller d'un élan grandissant,
Ses petits bourgeons, s'identifiant aux griffes d'un géant.

Et sa magnificence resplendira de nouveau,
Arbre de vie, de mon univers il est le pivot.


28 nov. 2014

" Au revoir là-haut " de Pierre Lemaitre 16/20
Prix Goncourt 2013



Nous sommes le 2 novembre 1918, quelque part dans une tranchée perdue au nord de la France. Désirant faire un dernier coup d'éclat et grâce à un subterfuge odieux, le lieutenant d'Aulnay-Pradelle donne l'ordre à ses hommes d'attaquer les lignes allemandes. Le soldat Albert Maillard comprend vite la manipulation mais chute dans un trou d'obus, puis se voit recouvert par une pluie de terre qui l’asphyxie rapidement. In extremis le soldat Edouard Péricourt lui sauve la vie, quand un éclat d'obus percute la mâchoire inférieure de son ange gardien, créant une horrible blessure. L'armistice tombera 9 jours plus tard. Désormais ces deux hommes reconnaissant l'un envers l'autre seront inséparables, pour le pire comme le meilleur.

Dans la pagaille d'une démobilisation bureaucratique kafkaïenne, Albert fera preuve d'un dévouement sans borne à l'encontre de la gueule cassée qu'est devenu Edouard, qui ne communique plus que grâce à un carnet, en effet, son visage ne possède plus de lèvres plus de langue, plus de joues, juste un trou béant surplombé par les dents de la mâchoire supérieure, une horreur. Mais nos deux lascars sauront remonter la pente, soudant une amitié due à un épouvantable hasard, allant jusqu'à monter une escroquerie non seulement scandaleuse, mais irrévérencieusement blasphématoire, et cependant si jouissive pour les lecteurs que nous sommes !

D'emblée, l'incipit du roman nous accroche, nous interpelle par sa désespérante vérité : " Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps ".

Au retour des tranchées, soit après quatre ans et demi d'une guerre infâme, nos valeureux poilus se voient proposés l'astronomique somme de 52 francs, ou, un manteau, il s'agit en vérité d'une vieille vareuse militaire qui a été reteinte à la hâte, et qui pisse la teinture dès la première pluie. Voilà comment sont remerciés les héros de la guerre la plus mortifère de tous les temps. Pour info, cette première guerre mondiale fit 6 000 morts par jour, et je ne parle pas des blessés et des mutilés.

On pourrait même dire que nos braves soldats, se sont vu infligés une double peine, puisqu'après avoir été envoyés comme chair à canon dans les tranchées (Verdun, c'est 6 obus au mètre carré), une fois l'armistice proclamée, ces soldats ont dû attendre 3 mois de plus pour se voir enfin démobilisés, avec promesse d'aide financière pour les aider à reprendre le chemin de la vie civile. En juin 1919, les pensions et les primes n'étaient pas encore payées. En vérité, ces hommes traumatisés, amaigris, blessés ou mutilés dérangeaient grandement la réorganisation de la vie d'après guerre. Oui, les vétérans font tache, ils ne sont pas souhaités. 

En hommage pour nos morts, on va construire 36 000 monuments dans les années qui vont suivre la première boucherie mondiale, cependant face au retour de nos soldats, l'état français sera inapte à leur procurer du travail, inapte à leur fournir un logement, inapte à leur payer leur solde. Ah ça, pour glorifier les morts, on se bouscule au portillon, mais pour venir en aide, à nos vénérables poilus, il n'y a plus personne ! Quelle gabegie !

Ils furent une génération totalement sacrifiée sur l’autel mondial de la cupidité et de l'arrogance de nos dirigeants et industriels.

Malgré ses 560 pages, ce récit se lit presque d'une traite, dans un plaisir semi-honteux, puisqu'à la fois macabre et jouissif. Puis l'empathie agit, et les pages défilent involontairement presque trop vite !  Du Grand Art Monsieur Lemaitre, avec cette capacité d’entremêler des personnages iconoclastes, qui s'entrecroisent dans une danse folle, hystérique et funèbre, qui n'est pas sans me rappeler la magnifique danse macabre de Camille Saint-Saëns.

La cupidité est l'un des moteurs de l'oeuvre, celle qui éblouie, celle qui broie toute conscience sous des piles de billets. En fait, chacun cherche au détriment d'autrui, un bonheur, une réussite que peu obtiendront, car presque tous finiront par se noyer dans leur fallacieux océan de vanité. Le personnage théâtral d' Edouard, grâce à une escroquerie magistrale sur la vente de monuments aux morts, donneront plus d'importance à la noblesse du geste, qu'au pécule, et choisiront de finir dans un grandiloquent tourbillon artistique, avec désespoir, certes, mais avec élégance et flamboyance. Comme un gigantesque bras d'honneur à la société.

L'autre arnaque, véridique celle-ci, plus vénale, plus irrespectueuse, est mit en place par l'immonde Henri d'Aulnay-Pradelle, marié à Madeleine, la soeur d’Édouard Péricourt. Profitant du désir de l'état de regrouper dans de grands cimetières, tous les cadavres de poilus, enterrés à la va-vite dans d’innombrables endroits, il fera jouer ses connaissances, et décrochera ce mirifique contrat. Vorace de juteux bénéfices afin de retaper une propriété bourgeoise en ruine, il abusera honteusement de la crédulité des services de l'état, en commandant des cercueils d'1 mètre 30, où les corps seront brisés une fois de plus pour rentrer plus aisément dans ces boîtes trop petites. Il ne s'indignera pas non plus des incalculables erreurs de noms inhérent au rythme trop rapide de l'exécution de cette macabre tâche. Cela ira même parfois jusqu'à mettre le corps de soldats allemands dans ces cercueils. Sans oublier un détroussage en règle de ces cadavres par une main d'oeuvre de bas-étage, payée au minimum. Heureusement ces scandales seront dénoncés, et les coupables punis.

Le personnage d’Édouard Péricourt est un original, un provocateur, issu d'une famille très riche, il a toujours eu une âme sensible d'artiste, avec un don certain pour le dessin. Mais ses fantaisies poétiques, ses impostures d'adolescents, ses attirances pour les hommes, iront à l'encontre des visions d'un père, capitaine d'industrie trop rationnel. Le fossé ne fera que se creuser entre ces êtres contraires

Son collègue, Albert Maillard, ne s'aime pas, il se considère comme un trouillard, un simple d'esprit, bref, l'ombre d'un homme. Du début à la fin du roman, il ne cessera de trembler, d'abord il échappera de justesse au peloton d'exécution ; juste parce qu'en ce début novembre 1918 fusillé pour l'exemple sera passé de mode !

Et dans le final, sa supercherie étant éventée, il ne cessera de surveillée ses arrières de peur d'être arrêté et de finir guillotiné !

Pas de temps mort dans ce décorticage d'une période peu traitée : l'immédiat après guerre. Des fragments d'humour parcellent cette noire partition, comme des bouffées d'air pur. Et le moment le plus jouissif, c'est peut-être le moment où Madeleine dit d'une voix très posée, nullement teintée de sentiment, ses quatre vérités à son mari Henri d'Aulnay-Pradelle. Clouant définitivement le bec, à son homme si volage, si cupide, si arrogant. Jubilatoire !

Heureusement, les jurés du Prix Goncourt ne sont pas passés à côté de cette oeuvre, qui, en pleine année de commémoration du centenaire de la première tragédie mondiale, trouve une nouvelle porte d'entrée, un regard original pour évoquer de façon romanesque les suites de l'armistice de 1918.

A n'en pas douter une oeuvre hardie de picarisme, notoirement politique et qui dépoussière allègrement une bien-pensance spécieuse. A propos, quel est l'imbécile qui a dit que c'était mieux avant ?


24 nov. 2014

" Pas pleurer " de Lydie Salvayre 12/20
Prix Goncourt 2014



Dans cette terrible Espagne de l'été 1936, où les forces nationalistes de Franco s'opposent dans le sang à la jeune république, l'auteure, fille d'exilés républicains, nous raconte les années clef de la jeunesse de sa mère Montse. Période de guerre civile, qui se gravera à jamais dans la mémoire de sa maman, grâce à l'histoire d'amour qu'elle vécut à Barcelone durant l'été 1936 avec un jeune homme s'appelant André Malraux. Le tout : le feu de l'amour naissant et le climat de guerre, créeront une joie et une blessure si profondes qu'elles annihileront tout souvenir futur. Lydie Salvayre aura dû patienter jusqu'au 8 février 2011, pour qu'enfin sa mère se décide à lui dire sa vérité.

L'ensemble du roman est entrecoupé par des extraits du livre de Bernanos " Les grands cimetière sous la lune ", témoignage déchirant de ce qu'il a vu sur l'île de Majorque où les troupes franquistes assassinèrent plusieurs milliers de personnes simplement soupçonnées d'être des sympathisants du parti républicain. Tout ceci avec la bénédiction des autorités religieuses catholiques espagnoles. Qui en parle encore aujourd'hui ?

C'est donc, l'été radieux de sa mère et l'année lugubre de Bernanos que l'auteure mettra sur papier après une longue période d'infusion.

Comme une double mémoire, une double expérience, une double vison des choses convergeant vers cette Espagne éperdue de liberté, qui tentera vainement de se maintenir debout, vite assommée sous le joug d'une dictature, qui ne sera que les prémices de la seconde guerre mondiale.

J'aurais tant aimé aimer ce livre, ce Goncourt 2014, ce récit de résistance face à l'innommable, mais hélas, ce texte m'est indigeste. Trop de mélange, trop de hachage de l'histoire, du texte, des phrases, des mots et de la langue, m'empêche de descendre aisément le cours de la lecture.

Certes, c'est assurément par souci d'originalité que Lydie Salvayre s'est permis d'exploser l'histoire et le texte pour les reconstituer, c'est son choix, pas de problème, mais je ne peux raisonnablement pas y adhérer. Dommage, car la puissance de ce qu'elle a à nous dire se suffit à lui-même, pas besoin de fioritures superfétatoires. D'autant que parmi notre jeunesse cette période historique est plus ou moins ignorée, voire totalement.

Alors, pourquoi truffer le roman de phrases ou de mots en espagnol non traduits ? Pourquoi supprimer les points sur certains i ? Pourquoi couper les phrases en plein milieu et sans aucun point final ? Pourquoi nous balancer une dizaine de lignes vierges en plein milieu d'une phrase ? Pourquoi supprimer tous les tirets annonçant un dialogue ? Pourquoi tant de détricotage de la langue française ? Est-ce un exemple pour notre jeunesse qui écrit si mal, au point qu'une grande majorité des profs lancent régulièrement des cris d'alarme !

Certes, à votre décharge, chère Lydie Salvayre, je reconnais que l’absence totale de chapitres ne me porte pas ombrage, mais votre volonté d'écrire du " Fragnol ", comme le parle votre mère, peut à la longue gêner puis lasser le lecteur ? Non ? Cependant dans ma grande candeur je dois avoir grand tort, car c'est avec une oeuvre comportant toutes ces aberrations que le jury du Goncourt vous a apprécié en vous remettant le Prix Suprême Français !


17 nov. 2014

" Plonger "    De Christophe Ono-dit-Biot  13/20


Une femme est retrouvée nue et morte sur la plage d'un pays arabe. Elle s'appelait Paz, était une photographe réputée et incroyablement douée. Elle était solaire, magnétique, irradiant de vie, mais aussi profondément et inexplicablement inquiète et angoissée. Trop à l'étroit dans son couple et dans les frontières de l'Europe, elle n'avait qu'un désir inexpugnable : se jeter dans les bras du monde entier, pour voir au-delà de l'horizon.

D'emblée on connait la fin, puisque le roman s'ouvre sur la mort de celle qui fera chavirer le coeur du narrateur : César. Celui-ci, abattu par la disparition de sa compagne, n'aura de cesse de rechercher la vérité sur la mort de Paz, pour lui, mais aussi pour son fils Hector.

Nos écrivain(e)s cherchent toujours un moyen pour renouveler les romans d'amour, sortir des clichés manichéens. En voici un, en partie insolite et baroque, qui à défaut d'être révolutionnaire, a au moins la vertu d'être dépaysant.

Fil rouge de l'histoire : Paz, cette belle asturienne, brune et bronzée, à la beauté sauvage. Elle gagne sa vie en photographiant des plages, mais sa carrière ne décolle pas vraiment. César journaliste d'art, l'aperçoit un soir chez un épicier arabe, subjugué par cette rencontre hasardeuse, il fera tout pour la revoir, d'où son article dithyrambique sur la dernière expo de Paz. L'artiste déçue par la vision du critique sur son oeuvre (aux antipodes de son ressenti), acceptera une première rencontre. Dès lors, toute la personnalité décalée et asociale de l'espagnole, cristallisera l'amour de César, qui ne rêvera que de la dompter.

Cette obstination (naïve ?) de César, l'amènera dans un premier temps à vivre avec elle, puis à avoir un enfant, mais malgré tout l'amour éperdu qu'il lui porte, une fêlure apparaîtra, un décalage inexorable se produira, la nature reprendra ses droits, des vagues de rages immergeront la belle sauvageonne, car sa vie présente l'étouffe, l'angoisse, l'insupporte. Bientôt elle partira loin, abandonnant compagnon et enfant, comme répondant à l'appel d'une force indicible, son destin est ailleurs... malheureusement. 

César, ayant déjà parcouru le monde en long et en large pour son métier, et conscient de tous les dangers mortels qu'il recèle, tentera l'impossible pour la retenir, mais les obsessions libertaires et irrépressibles de Paz stériliseront toutes les volontés qu'aura César de la retenir.

Autopsie au scalpel de la vie d'un couple moderne, chacune des parties cherchera un bonheur qui a du sens, slalomant et se déchirant entre art et amour, espoir et désillusion, concession et liberté.

Portrait sans concession du monde actuel martyrisé par la violence de nos sociétés et l'impartialité de la nature. 

Une ode à la vie sans frein, aux sacrifices nécessaire pour être soi.

Hymne à la liberté donc, mais aussi fable écologiste, remettant à l'honneur un animal si décrié à tort : le requin.

Cependant, j'aurais aimé que Christophe Ono-dit-Biot nous livre les secrets cachés de Paz, nichés dans son enfance, son adolescence. Car tous les tourments et les fêlures qui apparaissent au cours du récit ont forcement une source, une origine enfouies. Malheureusement le récit se clôt sans avoir amorcé les raisons profondes de ce mal être mystérieux, rendant le récit boiteux, non achevé. Dommage.

Idem pour les raisons qui font qu'elle abandonne la photo pour se consacrer à la peinture. Même son tatouage original, pièce maîtresse de reconnaissance dans le roman, dont l'auteur nous fait sentir toute l'importance aux yeux de Paz, n'aura pas une vraie explication, ni sur son origine, ni sur son sens profond. Re-dommage !

Puis, l'amour inconsidéré de Paz pour les requins me semble franchement excessif, frôlant la ligne de l'invraisemblance. Mais là aussi, aucune explication dans le roman.

Enfin, la narration soutenue et fébrile, du début de roman, devient plus étirée quand l'auteur aborde une longue séquence vénitienne interminable, heureusement, un second souffle né dans la partie finale en forme de requiem requin.

Bref, pour reprendre le titre du roman, il s'agit d'une plongée dans la vie tumultueuse du monde de l'art, d'une plongée dans les eaux chaudes des mers de sud, d'une plongée dans le vent décoiffant de la liberté sans frontière, qui, comme un écho sourd, lointain et persistant, résonnera longtemps aux oreilles du lecteur que je suis.


11 nov. 2014

" Quiconque exerce ce métier stupide mérite ce qui lui arrive ! " de Christophe Donner 15/20


D’emblée, ce titre improbable interpelle, d'ailleurs c'est le plus long de cette rentrée littéraire 2014, il est signé Orson Wells (commentaire émis lors de l'arrêt du festival de Cannes en 1968), et colle parfaitement au propos de ce récit décapant.

Il s'agit d'une plongée atypique dans le monde du cinéma français des années 1960/1970 avec en fil rouge un homme : Jean-Pierre Rassam ; peu connu du grand public, mais dont l’influence et l'argent ont permis l'explosion de grands talents comme Pialat, Berri, tous trois désormais disparus.

Fils d'un diplomate/homme d'affaires libanais, Jean-Pierre, petit, se retrouve dans les années 1950, seul à Neuilly dans un pensionnat pour gosses de riches. Couvert à l’excès de cadeaux et d'argent de poche, son père lui dira : " C'est pour te faire des amis, pas pour jouer ! ".

Jean-Pierre Rassam ratera 2 fois le concours de l'ENA, bien qu'à l'oral il se soit montré plus que brillant sur Charles Péguy, avant d'avouer au jury, dans un élan de folle vérité, qu'il n'en a jamais lu une ligne. Le personnage entier est là, flamboyant, beau parleur, matois, extravagant et outrancier. Rien ne l'arrête, rien ne lui est impossible. Il pilote sa vie sans regarder derrière, tout est à l'avenant, ses amours, ses rencontres, ses désirs et ses abus. Comme une étoile qui brille trop vite et trop fort, sa vie ne peut être qu'éphémère.

En janvier 1967, déjà sa première rencontre avec Claude Berri est dantesque : lors d'une partie de poker folle, Berri à sec met son Oscar (reçu pour un court métrage, nommé : " Le poulet ") en jeu. En face, Rassam met sa compagne et sa soeur sur le tapis vert. Berri perd son trophée, mais gagne une amitié et sa future femme, en la personne d'Anne-Marie Rassam. Tandis que sa soeur, Arlette Langmann, filera le parfait amour avec Maurice Pialat, malgré une différence d'âge importante. Tous liés par le cinéma, la famille et les femmes.

Ce roman débute par un drame : le suicide de l'homme qui a lancé Brigitte Bardot dans " Et Dieu créa la femme ", Raoul Lévy, qui par dépit amoureux se tirera un coup de carabine dans le ventre. Ce film, le jeune Rassam l'a vu, en pénétrant clandestinement dans une salle des Champs-Elysées, ses cris, devant la beauté insolante de Brigitte, le feront exclure de la salle. Dès lors, grâce à l'argent de son père, son envie de produire des films innovants, sortant des sentiers battus, s'affirme comme une évidence. De plus, sa faculté innée de pouvoir convaincre n'importe quel quidam, gonflera son orgueil insatiable.  En véritable chef d'orchestre, il sera à l'origine de grands films (Nous ne vieillirons pas ensemble, La grande bouffe, etc...), comme de projet dément : proposer à Polanski l'adaptation du Voyage au bout de la nuit, emmener Godard à Beyrouth rencontrer Abou Hassan le leader de Septembre noir pour réaliser un film pro-palestinien.

Bref sa vie n'est faite que d’extravagance, parfois boudé par le public, parfois encensé. Avec Maurice Pialat et Claude Berri, malgré de mémorables conflits, ils entreprendront de changer le monde du cinéma, trop conformiste à leur yeux, ou ronronnant sur la " Nouvelle Vague ". Des épisodes fous égrèneront ces années en commun, notamment la virée dans la Mercedes de Truffaut, avec Berri au volant, direction Prague afin de récupérer les jumeaux de Milos Forman, grandement menacés par l'entrée des troupes russes en Tchécoslovaquie.

Jean-Pierre Rassam, ne pouvant vivre que dans le luxe du Plaza Athénée, aura marqué de son empreinte indélébile cette période inventive du cinéma français. Vivant sa vie comme une course effrénée, il sera rattrapé par ses démons, qui lui brûleront les ailes un certain 28 janvier 1985.

Un roman décoiffant, très instructif, bourré d'anecdote, des plus déjantées aux plus dramatiques, qui aurait peut-être mérité le prix Renaudot !


26 oct. 2014



   Trois " sauvages " à Rouen !


Au début de la Renaissance, l'histoire de France mais surtout de l'Europe, prit une dimension inédite avec la découverte de l'Amérique.  Ce contact avec d'autres civilisations marquèrent les esprits, d'abord par le choc d'apprendre qu'à l'ouest un gigantesque continent venait d'être mis à jour, puis par les possibilités de régénérescence offertes à la vieille Europe. Vite, les grandes nations européennes, pressées de tirer profit de ces territoires inconnus mirent sur pied des expéditions coloniales. Les colonisés ignoraient combien leur coûterait à long terme ce contact perfide. 

Débuta alors une ère de commerce, de corruption, d'exploitation outrancière, qui accélérera le déclin et la ruine de ces civilisations du Nouveau Monde.  D'ailleurs Montaigne, conscient du déséquilibre que le contact entre deux mondes à des stades différents de leur évolution allait inévitablement produire, remit en question le désir de vouloir absolument s'immiscer dans la culture d'autrui, soit-disant pour son bien, c'est ainsi qu'il fut l'un des premiers à censurer à l'époque le colonialisme.

Cependant, afin de contrebalancer le jugement hâtif et arrogant voire méprisant, que l'Européen pouvait avoir sur ses peuplades dîtes " primitives", il est intéressant de connaître un fait qui eut lieu en l'an de grâce 1562, à Rouen. 

Il s'agit d'une rencontre presque anachronique entre d'une part : le Roi de France Charles IX (alors âgé de 12 ans) accompagné de Montaigne, et d'autre part de trois indigènes, justement issus du Nouveau Monde. En effet, depuis 1555 le chevalier de Villeganon s'était implanté dans la baie de Rio de Janeiro, afin de coloniser cette région appelée La France antarctique. Et lors des multiples voyages de retour, des hommes originaires de l'une des baies les plus célèbre du monde furent embarqués, direction la France. (voir rubrique livre "Rouge Brésil")

Grâce à des traducteurs s'étant imbibés de la culture de cette colonie sud-américaine, une conversation qui se révélera bigrement intéressante, put avoir lieu. Gonflé d’orgueil, le Roi leur demanda ce qu'ils avaient trouvé le plus admirable dans ce beau pays de France. Pas impressionnés une seconde, ils répondirent : " Nous trouvons fort étrange que tant de grands hommes, portant barbe, forts et armés, qui sont autour de vous (il est fort vraisemblable qu'ils voulaient parler des suisses de sa garde), se soumettent naturellement à obéir à un enfant, et qu'on devrait choisir plutôt quelqu'un d'entre eux pour commander ! "   Cette pertinente réponse stupéfia Charles IX !   

Puis les indigènes interrogèrent à leur tour : Comment se fait-t-il que tant d'hommes forts obéissent à un enfant ?  Par quel étrange mystère se soumettent-ils sans rechigner ? Ne suffirait-il pas tout simplement que le peuple cesse d'obéir, pour que le Roi tombe ? Le Roi, devant cette proposition de désobéissance civique en resta totalement médusé !

Mais l'histoire ne s'arrête pas là, un deuxième commentaire, non moins lucide allait achever notre jeune Roi : "  Nous avons aperçu d'un côté ; pleins d'hommes gorgés de toutes sortes de richesses, alors que de l'autre côté ce ne sont que mendiants décharnés de faim et de pauvreté qui se pressent à leurs portes. Nous trouvons étrange que la moitié nécessiteuse souffre d'une telle injustice, et qu'elle ne prit les autres à la gorge, ou mette le feu à leur maison." Le Roi outré, vexé de tels propos, mit rapidement fin à l'entrevue, il venait en quelque sorte, de se faire " rhabiller pour l'hiver " par des gens qu'il qualifiait de "va-nu-pied", une outrecuidance qui en d'autres circonstances eut été punie de mort.

Assurément, ces peuplades dîtes " indigènes " sont très choquées par les différences abyssales de niveau de vie en France, pays qui se dit civilisé (Non non pas aujourd'hui, mais en 1562, comme quoi rien n'a fondamentalement changé). Chez eux, chaque habitant a sa place dans la société, personne n'est laissé pour compte, tout le monde participe au développement de la communauté. Mais alors, les sauvages sont-ils réellement ceux que l'on croit ?

De quel droit, nous européens, nous sommes nous arroger l'autorisation de s'ingérer, de soumettre, et de modifier les codes et l'ordonnancement de ce Nouveau Monde ? Du droit de  notre supériorité morale ?  Par souci de prosélytisme chrétien  ?Ou plutôt du droit de notre force brute et  de notre insatiable opportunisme mercantile !

Bien sûr, on pourra me rétorquer que ces peuplades indigènes se sont livrées à du cannibalisme, certes, je le conçois, mais s'ils sont sauvages ce n'est pas au sens de la cruauté gratuite, mais au sens de la nature, dans laquelle ils puisent toute leur ressource, leur énergie, leur croyance et leur destinée. Ils font partie intrinsèque de la nature, sans elle, leur civilisation disparaîtrait. S'ils mangent leur ennemi, ce n'est pas pour se nourrir, mais pour obéir à un code d'honneur et ainsi s'enrichir de la force de celui-ci. 

Sommes-nous à ce point vertueux, qu'il soit acceptable de concevoir l'idée d'aller les convertir à nos vies ?  Qu'ils seront nécessairement plus heureux en vivants comme nous ?   Je vous laisse le soin de la réponse.



15 oct. 2014


" La dévoration " Nicolas d'Estienne d'Orves  15/20.


Nicolas Sevin est écrivain, il aime profondément l'opéra, la littérature et... le côté macabre de l'humanité !  Judith, son éditrice souhaiterait qu'il se renouvelle enfin, au lieu de ressasser indéfiniment des histoires sordides où chair et sang, éclaboussent le lecteur au fil des pages. Elle désirerait que pour son futur roman, Nicolas fasse une introspection afin de mettre à jour les origines de ces écrits macabres, qu'il se démasque, en un mot qu'il se mette à nu.

Voici les bases de ce roman atypique, qui séduit fortement, avant d’écœurer franchement sur la fin. Dès l'incipit j’adhère, l'écriture est plaisante, inventive et jubilatoire (notamment avec l'entame du chapitre 2, d'une justesse qui frise l'universelle), l’enthousiasme est là, même si on sent par-ci par-là des relents nauséabonds où l'auteur veut nous entraîner, mais rien que par curiosité on lui fait confiance, et on ne va pas être déçu !

Le roman est fractionné en trois parties, qui, bien que présentées séparément, finissent par fusionner dans le final. 

La première partie s'ouvre avec Nicolas Sevin, un trentenaire qui vogue de succès littéraire en succès : professionnellement tout baigne, par contre sa vie privé s'avère être un champ de ruine qui sent le soufre ; fâché avec sa mère (papesse de la littérature enfantine), chez qui il habite encore malgré tout, comme quoi rien n'est simple dans sa vie ; brouillé également avec son père, qui lui reproche l'insignifiance abyssale de ses écrits. 

Côté sentimental, c'est également la Bérézina : il y a au fond de lui un mal-être, inexpugnable, qui le ronge et lui saccage la vie. Depuis toujours, Nicolas est fasciné par la noirceur, obnubilé par le Mal, d'où ses livres, qui trouvent une résonance vorace auprès d'un large public avide de ses boucheries littéraires. Son éditeur, en le bousculant psychologiquement de ses acquis, lui donnera l'occasion d’exorciser les racines du mal qui l'habite.

La deuxième partie nous renvoie en 1278 à Rouen, où un certain Rogis, meilleur boucher de la ville, attend la mort dans sa cellule. Les circonstances feront de lui le premier d'une famille de bourreau courant tout au long de l'histoire jusqu'au XXème siècle. Donnant ainsi à Nicolas d'Estienne d'Orves une trop belle opportunité de nous servir quelques scènes bien morbides, mais en même temps, nous livrant une mise en abîme de cet atypique métier de bourreau.

Puis, en apothéose ou devrais-je plutôt dire en apocalypse, au vu des morceaux bien sanglants littéraires que l'auteur propose, nous faisons la connaissance, du fameux japonais cannibale qui défraya la chronique en 1981, affaire des plus sordides s'il en est.

L'imbrication de ces trois histoires peut sembler cousue de fils blancs, mais l'essentiel est ailleurs, niché dans le tréfonds de chacun de nous, vestige d'un temps ancestral, où, de nos origines préhistoriques, nous gardons tous un fonds de sauvagerie et de cruauté. Ces instincts, cachés sous une épaisse couche de civilité, ne demande malheureusement que peu de choses pour ressortir au grand jour, car le mal est éternel, depuis la nuit des temps.

Ce roman choquant (et encore c'est un euphémisme), a au moins le mérite de faire réagir, de bousculer, d'interpeller le quidam sur ces sujets macabres, ce qui est après tout l'une des fonctions premières de la littérature.

Au-delà de toutes considérations négatives à causes des thèmes trop sanguinolent abordés, il faut reconnaître que Nicolas d'Estienne d'Orves, accouche d'une oeuvre surprenante, déstabilisante et magistralement orchestrée, dont l'écriture emporte le lecteur dans un tourbillon de sensations diverses et pertinentes, c'est pourquoi, nul doute qu'il marquera longtemps les esprits.

Et puis, je ne peux m'empêcher de finir en déclamant cette accroche publicitaire facile, mais qui colle si bien à ce roman : " Un livre à dévorer à pleines dents ! "   C'était plus fort que moi !




8 oct. 2014


" L'étranger " d'Albert Camus 



Meursault vient de perdre sa mère, qu'il avait placée à l'asile. Lors de la veillée du corps et de l'enterrement, il ne verse pas une larme. Peu de temps après, il fait la rencontre d'une jeune fille qui lui plaît, Marie. Puis il devient l'ami d'un voisin de palier, Raymond, plutôt violent. De fil en aiguille, il accompagne celui-ci dans un cabanon sur la plage avec Marie, partager un repas entre connaissances. Puis le hasard et la bêtise lui font tuer un arabe. Son indifférence naturelle le conduira jusqu'à la peine capitale.

D'emblée, cette oeuvre déconcerte par sa simplicité. Là où on souhaiterait lire des phrases élégantes, raffinées, on n'y lit que du basique, d'un dépouillement confondant. L'écriture du roman pourrait se comparer à la rédaction d'un élève de CE2. Cette singularité est voulue, à l'instar de l'absence de sentiment du personnage central, Meursault, qui nous déballe sa vie, comme une longue litanie monocorde, au risque d'engendrer l'ennui.

Meursault, l'anti-héros de ce roman, n'éprouve rien ou si peu, aucune passion ne l'anime, il ne se révolte contre rien, ne voit pas la violence qui l'entoure, il est là, fait ce qu'il a à faire sans se poser de question, comme un lobotomisé qui aurait la capacité émotionnelle d'un mollusque. Néanmoins, s'il est heureux comme ça ! C'est sa vie après tout !

La première phrase du livre, si célèbre : "Aujourd'hui, maman est morte ", annonce pourtant un drame, un bouleversement intérieur, mais pas pour lui, il le vit comme une simple péripétie de la vie. Quand son amie Marie, lui demande s'il l'aime, il ne sait pas, l'ignore, ils sont ensemble, un point c'est tout. Du coup, développer de l’empathie pour ce personnage, ce qui est logique dans le cas des romans, s'avère une gageure, une hérésie.

Les choses s'animent, quand Meursault, soit-disant ébloui par un soleil incandescent tire sur un homme allongé au sol, le menaçant d'un couteau. Néanmoins, une seule balle aurait suffi, pour autoriser une sorte de légitime défense, alors pourquoi en avoir tiré cinq ?

Dès lors, l'accusation aura le beau rôle d'accuser Meursault d'avoir agi non par réflexe mais avec préméditation. Ses totales absences de regrets, n'arrangeront rien. Enfin, quand des témoins avides de raconter que lors de l'enterrement de sa mère, l'accusé n'a eu aucune émotion, les juges, atterrés par ces dernières révélations, n'auront aucune pitié pour le jeune homme, et la sentence sonnera comme le glas, clôturant l'existence fade du condamné.

Camus dénonce ce jugement arbitraire, mû par l'insensibilité d'une personne à toute sorte d'émotion, coupable aux yeux d'une société pleine de conventions de ne pas respecter les pratiques en cours. Malheur à tout homme qui pense différemment, il faudra les remettre dans le droit chemin. Car s'il n'y a plus de limites, où va le monde mon bon-ami ?   Heureusement que des barrières existent pour éviter le grand désordre des pensées révolutionnaires ou hérétiques !

" L'étranger ", titre judicieux, puisque Meursault est étranger à tout : au décès de sa mère, à l'amour de Marie, aux conduites violentes de son voisin, à son acte criminel, tout l’indiffère. D'ailleurs, s'il accepte de devenir l'ami de son voisin Maurice, même s'il n'en a pas spécialement envie, c'est uniquement pour ne pas à avoir à donner des explications, trop longues et trop fatigantes !

Ce roman divise les lecteurs par son étonnante construction, et surtout par le manque de passion de Meursault, au point que l'on se demande s'il habite son corps, s'il lui arrive de réfléchir sur lui-même, sur son entourage, sur le monde. Du moins s'il n'est pas heureux, est-il content de sa vie ?   Il traverse la société comme l'ombre du vent, ne laissant qu'une fluette nuance sur la pellicule du temps.  Dés lors, son acte meurtrier doit-il se vivre comme une résurgence, un sursaut, prouvant son existence aux yeux du monde ?   Ou juste une action anodine dont les conséquences lui échappe totalement ?   Chacun décryptera le message de Camus suivant son expérience et sa propre conscience.

De manière subliminale, un personnage qui ne dit pas son nom est présent à toutes les pages, je veux parler du soleil. Force est de constater qu'il irradie la lecture d'une once de chaleur incandescente, devenant vite éblouissante et étouffante. Et d'après Meursault, c'est lui le soleil, le responsable de son acte meurtrier, donc de sa lourde condamnation !   Comme quoi, on ne se méfie jamais assez du soleil !



27 sept. 2014


L'ambre de septembre.


Ô joli mois des vendanges loin du sobre,
Sur lequel Bacchus n'eut jeté l'opprobre.

Riche d'une foison de récoltes légumières,
Qui nous réconfortera chaudement, venu l'hiver.

Immuable offrande de la nature faite à l'homme,
Faut-il que nous soyons tellement gentilshommes ?

Ce mois copieux où la vie est clémente,
Douce à respirer, nullement véhémente.

Où le bonheur semble marié au silence,
Parenthèse si féerique, sans équivalence.

Un mois aux couleurs de miel et de cuivre,
Caressant nos yeux de nuances qui enivrent.

Où un dernier feu d'artifice de parfums évanescents,
Se déploie et irradie, aux confins de l'indécent.

Où sous l'accord tacite et légitime de l'équinoxe,
Le jour s'aligne sur la nuit, proposition orthodoxe.

Septembre annonce le crépuscule de l'été,
L'aube de l'automne avec douceur et habilité.

Ici s'étendent, sans rémission possible, les ombres,
Lasses d'avoir été esquivées tout l'été sans pénombres.

Bientôt je baguenauderai le long de sentiers, ceints de forêts en feu,
Assuré que ces nuances resteront pour les peintres, pures voeux.

Sous peu, la nomade hirondelle fuira ce ciel refroidi,
Nous laissant seuls, mélancoliques et abasourdis.

Désormais, la nuit noircit sans pitié mes petits matins,
Et grisaille d'ores et déjà, mes longues soirées de chagrin.

A peine profitons-nous des derniers feux du soleil nous habillant d'ambre,
Que déjà, silencieusement et perfidement, se profile à l'horizon : Octobre.


21 sept. 2014


" L'invention de nos vies " de Karine Tuil    17/20


Sam Tahar, brillant avocat au barreau de New York, semble tout avoir : la célébrité, la fortune, une femme stylée, deux beaux enfants... Mais sa réussite repose sur une imposture : afin de pouvoir débuter sa vie professionnelle, et devant l'handicap certain que son identité lui confère, il s'est fourvoyé en s'inventant des origines juives, inspirées de celle de son ami de jeunesse Samuel, un écrivain raté qui s'enlise dans ses écrits. Tous les deux sont fous amoureux de la belle Nina, mannequin de catalogue, qui par mansuétude, est restée depuis vingt ans du côté du plus faible. Mais, un jour, suite à une émission de télévision où apparaît Sam Tahar, Samuel décide de renouer les liens.

On est très loin de la sempiternelle histoire du triangle amoureux entre deux hommes et une femme, non ici ce qui interroge avant tout, c'est la question fondamentale de l'identité de chacun, et ce que l'on en fait tout de long de la vie. Se construit-on par rapport à ses propres désirs, ou modèle-t-on notre façon d'être en fonction du regard acéré et critique d'autrui ?   En allant plus loin, dans notre monde si exigeant et impardonnable : est-on prêt à vendre son âme au diable, pour avoir une chance d'exister, aux yeux des autres et des siens ?   Si oui, jusqu'à quel point est-on prêt à aller, pour se faire passer pour ce que l'on n'est pas ?    Quel est au final, le vrai prix à payer pour RÉUSSIR ?   Et en est-on vraiment heureux pour autant ?   Car le simple fait de ne pouvoir dire qui on est vraiment à son entourage, peut se vivre comme une faille de plus en plus douloureuse et insupportable.

Sam Tahar, lui, après avoir très brillamment fait ses études d'avocat, se retrouve esseulé sur le banc de touche du chômage, malgré un CV des plus irréprochables, alors où est le problème ?  Son vrai nom : Samir Tahar !   Son origine : Arabe !

Tout son malheur, vient de là : son identité. Mais un jour, enfin il est embauché, grâce à un quiproquo qu'il se garde bien d’éclaircir, trop heureux d'échapper enfin à une ségrégation inique. Il rentre ainsi volontairement, dans la spirale du mensonge. Qui naturellement, tel un fidèle boomerang, lui reviendra très violemment en pleine face, des années plus tard.

Ces mensonges pour se sortir d'un quotidien maussade, fondations de ce livre, ne sont pas sans me rappeler le magnifique roman de Philip Roth : " La Tache ", où un professeur de lettres classiques préfère démissionner, suite à des propos soit-disant racistes, plutôt que de prouver son innocence en avouant sa véritable identité.

Karine Tuil, nous démontre avec une maestria fort habile, la responsabilité du terreau familial dans notre construction d'être humain, puis les événements, les rencontres, les absences, les déceptions, se chargeront de poursuivre le façonnement de notre personnalité. Mais quand l'injustice probante, la partialité du monde, influencera trop nos vies, et qu'une probante suspicion d'inégalité s’inscrira dans notre mental, chacun à sa façon réagira suivant sa conscience : soit survivre en s'adaptant coûte que coûte, où s'en foutre, garder son intégrité et sa morale, et avancer à son rythme, mais avec dignité.

Des trois personnages principaux, personne n'en ressortira indemne, trop de cynisme, d'ambition personnelle et de désirs refoulés, emprisonneront et empoisonneront leur relation dans une mélasse méphitique. Mais pour la plus grande joie du lecteur, car ce roman, par sa grande puissance narratrice, nous aspire avec une grande avidité dans un tourbillon de lecture foudroyante et addictive.

Ce livre vaut également pour sa pertinente démonstration de l'effet papillon, initiée par la catastrophe du 11 septembre.

Juste un léger bémol pour le début du roman, qui s'ouvre sur une interloquante succession de phrases abstruses et stressées !   Je l’identifierais à un ballet de mots qui sans vergogne, dansent, virevoltent, se grimpent dessus, au grand détriment de notre basique compréhension, et je ne parle pas des abus du signe  "/" , qui surprennent et gênent la lecture. Mais cette déroutante entrée en matière, s’effiloche vite au fil des premières pages, pour laisser place à une frénétique, trépidante et vertigineuse histoire de recherche du bonheur !

Un roman enthousiasmant, terriblement d'actualité, qui questionne sur les différences et la moralité, bref, un livre qui concerne tout le monde, à lire sans mégoter !!!



15 sept. 2014



" La planète des singes " de Pierre Boule 16/20.


Nous sommes en 2500, Jinn et Phyllis, un couple de riches oisifs passent des vacances merveilleuses dans l'espace interstellaire. Nichés dans un petit vaisseau sphérique à voile, propulsé uniquement par la force des vents solaires, ils déambulent dans le vide poétique de l'univers. Un jour, un objet voguant au gré des forces gravitationnelles s'approche de leur astronef, il s'agit d'une bouteille ! Intrigués par ce que le hasard leur envoie, ils s'emparent du récipient de verre, et surprise, trouvent un petit manuscrit à l'intérieur !

Celui-ci écrit par un certain Ulysse Mérou, raconte l'histoire du professeur Antelle, d'Arthur Levain son second, et de lui-même journaliste, tous trois fonçant dans leur vaisseau spatial, à la recherche d'une planète habitée, et qu'ils finissent par dénicher, dans  le système de Bételgeuse " La Rouge ", à quelque 500 années-lumière de la terre.

Nos trois aventuriers n'en reviennent pas de la ressemblance de cette planète qu'ils baptisent " Soror ", avec la Terre. Ils aperçoivent d'abord ses océans, ses continents, ses villes, puis ses routes curieusement semblables à celles qu'ils connaissent sur Terre. Après s'y être posés, les trois hommes découvrent que la planète est habitée... par des singes. Ceux-ci s’emparent d'Ulysse Mérou et se livrent sur lui à des expériences telles que les humains en font avec les animaux. Il faudra que le journaliste fasse, devant ces singes, la preuve de son intelligence. Mais attention ces mêmes singes sont-ils tous prêts à admettre qu'une autre espèce leur dispute cette acuité mentale ? Et puis, quelles sont ces ruines disséminées sur la planète, qui n'indiquent en rien un passé simiesque ? D'autant qu'une poupée en porcelaine est retrouvée enfouie depuis des millénaires, sous des tonnes de sable !

De ce roman d'anticipation si mythique, certes connu avant tout grâce à sa carrière cinématographique bégayante, une seule question prévaut ici : Qui l'a vraiment lu ?   Sans exagérer, je crois pouvoir affirmer que très peu de gens se sont penchés sur ce célébrissime livre de Pierre Boule.

D'ailleurs, au vue des préquelles et des séquelles tirées de ce petit roman par de nombreux réalisateurs de cinéma, on pourrait légitimement penser que, soit le roman de base est un vrai pavé littéraire, ou que ces films sont issus d'une importante suite de livres, telle une saga. Que nenni !  La source originelle tient en un roman de moins de 200 pages !  L'exploitation  commerciale, plus ou moins heureuse, a fait le reste.

" Mais alors me questionnerez-vous, les films sont-t-ils une fidèle restitution du roman ? "  Là encore je me vois contraint de bisser mon " Que nenni " !  En effet, tout l'incipit du roman et sa fin diffèrent totalement des versions du grand écran, de plus celui-ci nous proposait une civilisation de singes relativement basique, sans aviation, ni moyen motorisé de transport où le cheval primait, aux antipodes du roman. Et puis, la double chute finale du livre, étourdit agréablement le lecteur, qui en restera médusé, longtemps !

D'ailleurs, dès mon résumé, on peut se rendre compte qu'il ne correspond en rien au début du film de Francklin J.Schaffner sortie en 1968, premier d'une série de 8 ! Et là, sans vouloir vous dévoiler l’histoire du livre, je vais vous révéler deux secrets, qui ne seront pas un spoiler de l’intrigue du roman : La planète qu'abordent les trois terriens, n'est pas du tout la Terre ! (Contrairement aux films). Et le couple de riches oisifs du début du livre, ne sont pas ce que l'on pourrait croire. Mais chut l'auteur nous dupe, nous manipule, nous leurre... il fait son métier somme toute !

Bref, l'industrie du cinéma a tellement bousculé, émasculé, dynamité, trépané les bases de ce roman, dans un but un peu trop mercantile, qu'au final, lire ce petit livre, s'avère comme une vraie découverte où des surprises INÉDITES vous attendent.

Publié en 1963, ce roman dénonce et sanctionne l'arrogance outrancière de tout pouvoir, quel qu'il soit, vis à vis d'espèces différentes dîtes " inférieures ", faisant notamment allusion à la ségrégation aux Etats-Unis, ou à l'Apartheid en Afrique du Sud. La résonance sur l'histoire de l'humanité est sibylline, inévitable. 

Pierre Boule blâme aussi l'obscurantisme scientifique, enfermé dans sa tour d'ivoire, imbu de certitudes, incapable de remettre en causes des connaissances qui finissent par s'avérer caduques. 

Malgré tout, on ressent chevillée au corps de l'auteur, une belle note d'espoir fortement revendiquée par la ferme volonté de faire sauter les barrières entre les genres, inoculée par l'AMOUR, qui seul est capable de tout transcender, s’inscrit utopiquement comme une espérance immuable de toute civilisation.

Et puis, comme un oiseau de mauvaise augure, Pierre Boule annonce la possibilité de la fin de la civilisation humaine. Oui, malgré sa puissante technologie dans tous les domaines, l'homme reste fondamentalement très fragile, face aux terribles menaces de tous ordres qui se dressent devant lui.

Mille raisons de vous plonger dans cette oeuvre, vous serez très certainement surpris, car comme l'iceberg, le cinéma n'en a révélé qu'une infime partie !



2 sept. 2014


" Rouge Brésil " de Jean-Christophe Rufin  19/20



Nous sommes en 1555, dans le tout nouveau port du Havre de Grâce, situé au nord de l'estuaire de la Seine. Sous le commandement du chevalier de Villegagnon, trois caravelles sont prêtes à partir pour une terre jusqu'ici laissée aux mains des portugais, celle du Brésil. Just et Colombe, frère et soeur, sont deux enfants embarqués de force dans cette expédition afin de retrouver un père illusoire, mais surtout pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes de l'Amérique du Sud, naturellement en vue d'échange très lucratif, et d'un fort prosélytisme religieux de la région.

Dans cette épique aventure, tout est démesuré ; le cadre d'abord, avec la grande baie sauvage de Rio, encore livrée aux jungles et aux Indiens cannibales ; les personnages, notamment le chevalier de Villegagnon, chef de l'expédition, nostalgique des croisades et pétri de culture antique ; une crise religieuse majeure, puisque sous les tropiques ce sont les prémices de la guerre entre les catholiques, à l'écoute de Rome, et les protestants, fervents disciples de Calvin, qui vont s'opposer frontalement. Conflit qui débouchera dix ans plus tard sur les inéluctables et sanglantes guerres de religions européennes.

D'emblée, l'incipit donne vite le ton : " Imaginez un instant, monseigneur, ce que peut ressentir un homme qui voit bouillir devant lui l'eau où il va cuire ! "   Sacrée accroche !

Ici le romanesque n'est là que pour lier l'ensemble, puisque le plus surprenant, c'est que cette impensable histoire, est totalement vraie !  D'ailleurs, il serait sain et légitime de se poser la seule question qui vaille : " Pourquoi cet épisode de l'histoire de France est-t-il resté perdu dans les oubliettes du temps ?  Peut-être parce que la Louisiane, le Québec, l'Indochine, Pondichéry résonnent à nos oreilles comme des lieux de présence française, contrairement au Brésil qui n'évoque rien de tel, d'où l'anonymat du nom de Villagagnon, tombé dans l'oubli total, aux antipodes d'un Christophe Colomb, d'un Marco Polo ou d'un Jacques Cartier !

En filigrane, on perçoit que l'auteur privilégie le thème de la première rencontre entre deux civilisations, l'instant magique mais fallacieux de la découverte mutuelle, puisqu'il contient déjà toutes les passions, les frustrations et les malentendus, qui vite sèmeront la zizanie entre ces deux cultures. 

Le talent rare de Jean Christophe  Rufin est de nous dessiller le regard, de mettre en scène deux conceptions opposées de l'homme et de la nature, d'une part la civilisation européenne arrogante et ivre de certitudes, qui se veut libératrice, progressiste et se découvre meurtrière et destructrice, et le monde indien, qui se veut libre, humble et heureux de vivre en harmonie avec la nature, mais qui par ses croyances devient parfois troublant et cruel.

Au travers du destin inouï de Just et de Colombe, l'auteur nous enrichit intelligemment de ces différences, qui rendent caduques tout avenir de cohabitation. Condamnant ces populations indiennes à une disparition malheureuse, mais non moins certaine. Trop de maux les attendent : la maladie (la petite vérole dans ce roman-ci), l'esclavagisme (car les colons avaient besoin d'une importante main d'oeuvre gratuite), le fanatisme religieux, la destruction de leur habitat (les colons français, qui sous prétexte de construire un fort afin de les préserver des portugais, détruisent toutes vies végétales sur leur île, pourtant imposante en dimension !) Cela me rappelle cette phrase célèbre : " Quand deux civilisations se rencontrent, c'est toujours au détriment de la moins développée."

Cette région où les français s'établirent pendant quelques années au Brésil, avant d'être chassés par les portugais, fut baptisée par Villaganon : " La France Antarctique ".

Jean Christophe Rufin a écrit une oeuvre remarquable, d'une maîtrise totale, sublimée par le style, époustouflant de trouvailles, qui ne peut que ravir l’amateur de grande littérature historique. On comprend sans difficulté son couronnement par le Goncourt en 2001, ce n'est que grandement mérité. Respect Monsieur Rufin !

Bref un roman simplement magnifique, totalement dépaysant et fondamentalement exceptionnel ! Quoi, vous ne l'avez pas encore lu, mais vous attendez quoi ?    Que je vous l'offre !?!



20 août 2014


  " A l'encre russe " de Tatiana de Rosnay 8/20


" L'enveloppe " a valu au jeune romancier Nicolas Kolt un succès international et une notoriété qui lui a fait prendre la grosse tête, ayant pour première sanction, le départ de sa compagne. Depuis, il continue de se noyer dans le strass et les paillettes, reposant indéfiniment l'écriture d'un nouvel ouvrage, d'ailleurs, l'inspiration l'a fui. Son éditrice s'interroge sur son jeune poulain, est-t-il en train de se perdre ?  Trois jours dans un hôtel de luxe sur une île près de la Toscane, en compagnie de la belle Malvina, devraient lui permettre de se ressaisir, mais la vie et ses propres démons ne lui feront pas de cadeaux.

J'aurais tant aimé aimer ce livre, mais ce huis-clos interminable (372 pages), ces secrets de famille pas vraiment résolus, ces rabâchages incessants de son incapacité à pouvoir écrire une ligne, en font un brouillamini bien indigeste.

Certes la description du milieu littéraire est sûrement juste, les relations d'un écrivain vedette avec sa famille et ses amis sont finement analysées, la mise en abyme de sa notoriété soudaine et de sa rançon corrosive, l'addiction de Nicolas aux réseaux sociaux sont bien rendues, l'hôtel, la mer, le ciel et la plage sont idylliques, mais je n'accroche pas ! Pourquoi ?

Parce qu'au final, même si on apprend par l'intermédiaire de flash-back l'origine russe du père du romancier, on ne sait rien de lui, de son véritable métier, de ses relations, de ses peurs, et pire : de sa mystérieuse disparition !

Quant à son grand-oncle, Nicolas extrapole une relation incestueuse avec sa grand-tante, sans la moindre preuve !

Parce que ressasser à longueur du roman l'impossibilité de Nicolas Kolt à se remettre au travail littéraire, lasse d'abord, puis nous fait prendre nous lecteurs, pour des demeurés.

Tout est fouillis, brouillon, nageant dans une opacité bien mystérieuse, où trop de scénarii sont possibles, alors pourquoi nous faire prendre un chemin plutôt qu'un autre puisque rien ne le justifie 

Dans ce globuleux amas bien indigeste, où est la vérité ?

Tatiana de Rosnay aurait-elle voulu volontairement brosser le début du parcours d'un jeune romancier à succès, en l'emmêlant dans les fils aléatoires de la vie, le laissant seul se dépatouiller d'une situation dont il ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants, victime parfois volontaire ou pas de situations qui le dépasse, mais qu'il a quand même provoquées ?

Et puis, est-ce bien crédible de faire tomber sur la tête de notre pauvre écrivain, juste en trois jours, toutes les merdes possibles et imaginables ?  D'emblée, cet homme gorgé de vanité, donc peu sympathique, nous fait presque pitié, justement à cause de toutes ses galères, un comble !  D'ailleurs, en fin de roman, par un geste gratuit et chevaleresque, il se rachète une âme, une conscience et par la même : une inspiration fortuite.

Les inconditionnels de Tatiana de Rosnay applaudiront des deux mains, moi, objectivement, je pense qu'avec un ordonnancement différent du roman, et en allant au bout de toutes ses taches d'ombres, l'ouvrage aurait gagné en luminosité, mais ce n'est ici l'avis que d'un humble lecteur !